Si l’équipe de France a rendez-vous, mercredi à 21h30 avec la Croatie à Saragosse pour une place en demi-finale, le duel s’est souvent résumé à une affiche fratricide entre Nikola Karabatic et le génie croate Ivano Balic. Pas pour le prodige des Experts, qui ne retrouvera pas son homologue des Balkans, désormais retiré des joutes internationales. Si le demi-centre des Français se régale d’avance du bras de fer, il ne se berce d’aucune superstition, déterminé à vivre l’instant.

Il en a pris l’habitude. Comme une ritournelle qui revient presque inlassablement chaque hiver. Ou lors des étés olympiens. Selon les saisons. Mais à chaque fois que la route de la France croise celle de la Croatie, Nikola Karabatic fait, plus encore que de coutume, l’objet de toutes les attentions. « C’est vrai, sourit l’intéressé. C’est toujours un peu la même chose. » Le numéro 13 des Bleus n’évoque évidemment pas le scénario des duels avec le prochain adversaire des Bleus, mais les sollicitations qui les précèdent et leur succèdent. Parce que l’arrière des Experts est né de père croate et que les deux nations sont, depuis plusieurs décennies, les meilleurs ennemis du Monde.

Personne, pas même lui, n’a oublié 2009. Et cette finale fantasmée pendant toute la quinzaine. Ou la presse, et tout le handball avec elle, n’attendait que cette divine altercation entre les deux meilleures équipes du monde moderne. Un France / Croatie à Zagreb. « Niko » Karabatic et Ivano Balic, le génie des Balkans, nez à nez, immortalisés sous les yeux de 16 000 supporters en ébullition pour un moment d’intensité rare. « Cela a fait une belle photo, se souvient, en riant, Karabatic. Mais surtout parce qu’on a gagné !« . Ce titre, cet instant, restera comme le souvenir le plus délicieux de tous les bras de fer orchestrés entre les deux pays. « Nous les avons souvent joués en demi-finale. A Zagreb, c’était? Démentiel. Et les battre là-bas, dans un contexte aussi hostile, c’est quelque chose d’inoubliable. »

« Tout va dépendre de notre entame »
La Croatie et la France se disputent les premiers rôles depuis le siècle dernier. En 1995, déjà, les Barjots étaient devenus champions du monde pour la première fois de l’Histoire du handball français face aux Croates. Depuis 2008 et la demi-finale des JO, les Experts ont toujours écarté leur meilleur ennemi de la route du sacre. A l’exception de 2012, où la bande à Balic avait dominé des Français en souffrance lors du tour principal de l?Euro en Serbie. 2008, Pékin, demi-finale. 2009, Zagreb, finale. 2010, Vienne, finale. 2012, Londres, demi-finale. De quoi s’élancer complexés face aux Bleus. Ou, au contraire, avides de revanche? « Cela peut être à double tranchant, prévient Karabatic. Ca va dépendre de notre entame de match en quart de finale de ce Mondial. Si on commence, comme à Londres, à les faire douter d’entrée, le complexe peut ressurgir. Si on leur laisse une chance d’y croire, ça peut devenir difficile. D’autant qu’ils sont en confiance depuis le début du Mondial. »

Même si Balic n’est plus là, les Croates ont des ressources. « Sur les dernières compétitions, Balic jouait déjà moins et ils ont trouvé d’autres très bons joueurs sur la ligne d’arrières. Son absence ne me semble pas avoir perturbé leur équilibre« . Et si le mano a mano entre les deux enfants chéris du handball mondial n’aura pas lieu mercredi à Saragosse, Nikola Karabatic, en pleine possession de ses moyens depuis le début du tournoi, n’a cure de la routine que lui imposent ces duels au sommet. Lui, n’aura, comme toujours, qu’une ambition : pas celle d’entretenir l’éventuel complexe croate mais bien de guider les siens vers les demi-finales.