-«Les Jeux paralympiques d’hiver démarrent vendredi à Sotchi. Le curling s’y pratique notamment en fauteuil roulant. Pouvez-vous imaginer, un jour, le hand-fauteuil aux JO d’été ?
Pourquoi pas… On a créé le hand-fauteuil il y a quelques années, alors que la Fédération Handisport ne souhaitait pas promouvoir un sport concurrentiel au basket. Mais au niveau des Fédérations, de l’IHF comme de l’EHF, et à la FFHB évidemment, on soutient le hand-fauteuil, on cherche à en développer la pratique.
Les Jeux paralympiques sont-ils un bon moyen de mettre les différentes pratiques en évidence ?
Bien évidemment. Les Jeux paralympiques permettent d’abord de mettre en valeur les personnes en situation de handicap, mais également les différentes pratiques, certaines de plus en plus développées. Quand on voit, à la télévision, la dextérité des athlètes, leurs compétences immenses, ça peut éveiller les consciences.
Combien existe-t-il de pratiques à destination des personnes handicapées ?
Il y en a deux types en fait : le hand-fauteuil et le handball adapté, pour personnes à mobilité réduite par exemple. L’idée, c’est de favoriser l’intégration en autorisant aussi les personnes valides à se mettre dans les fauteuils. Si, dans une structure, il y a deux personnes à mobilité réduite, elles ne vont pas seulement jouer l’une contre l’autre, ça n’a pas de sens.
Les personnes valides acceptent-elles facilement de se glisser dans un fauteuil ?
Oui, et je peux vous assurer que les personnes à handicap ne sont alors pas celles que l’on croit… Moi, dans un fauteuil, j’ai les bras qui brûlent.
« DANS HAND’ENSEMBLE, IL Y A LE MOT ENSEMBLE QUE JE TROUVE FORMIDABLE »
On imagine que le matériel est bien spécifique, sans doute même coûteux…
Oui, on ne peut pas jouer avec des fauteuils ordinaires. Ceux que l’on utilise coûtent excessivement cher et certaines structures nous apportent une logistique appréciable. Le Conseil Régional d’île-de-France et la Fondation FDJ nous ont d’ailleurs permis de nous doter d’un parc de 24 fauteuils que nous avons mis à disposition des Ligues Franciliennes pour le développement de l’activité.
Des clubs sont-ils labellisés ? Des championnats organisés ?
On ne souhaite pas faire de championnat, ce n’est pas la politique que nous avons choisie, et on n’a pas autorité pour le faire. Il existe des finalités, sur deux jours, à partir du travail des Ligues qui forment des équipes ou s’appuient sur les clubs existants. Ça se passe au Kremlin-Bicêtre le week-end du 19-20 avril. Ça permet d’abord à des gens de se rencontrer. Mais on a tout de même une convention avec la Fédération du Sport Adapté.
D’autres disciplines sportives offrent-elles les mêmes possibilités à destination des personnes en situation de handicap ?
Le basket, oui, le foot également. Le ski, la natation, oui il y en a plein en fait.
Parlez-nous du concept Hand Ensemble. Comment est-il né ?
Dans Hand Ensemble, il y a le mot ensemble que je trouve d’une formidable profondeur. Pouvoir partager une pratique avec des personnes valides ou ordinaires est enrichissant pour tout le monde. Ça permet à des gens comme vous et moi de s’ouvrir vers d’autres horizons. Dans l’idée, comme je vous l’ai déjà dit, il n’est pas question de créer des clubs spécifiques hand-fauteuil ou hand-adapté, mais bien d’assurer la promotion des valeurs chères à la FFHB en direction des personnes en situation de handicap et des personnes valides. Le concept a existait auparavant, mais dans des établissements spécialisés.
« IL Y A AUJOURD’HUI DES PERSONNES QUI S’ENTRAINENT ET JOUENT TOUTES LES SEMAINES »
Vous êtes le vice-président de la Ligue du Centre mais comment en êtes-vous venu à vous investir auprès des personnes en situation de handicap, physique ou mental ?
J’ai longtemps été le directeur d’un établissement médico-éducatif. Je suis à la retraite aujourd’hui. À l’époque, j’étais à la fois président de la Ligue et membre de la commission de développement. Francis Arnaud m’a alors sollicité en partant du principe que mes activités professionnelles pouvaient m’aider à lancer le projet. Très rapidement, nous avons organisé des stages, des formations et développé les différentes pratiques.
Pensez-vous qu’il soit possible de passer d’une pratique de mieux en mieux organisée à une pratique réellement structurée ?
Mais elle est structurée dans de nombreux endroits. Il y a, aujourd’hui, des personnes qui s’entraînent et jouent toutes les semaines.
Depuis 2003, il existe aussi des stages de formation afin d’accompagner les différentes pratiques. Formation de cadres techniques ? De dirigeants ?
Il s’agit de formations spécifiques. Formation à la pratique, à la découverte du milieu du handicap. Et formation à la mise en situation. On demande, par exemple, à un établissement de venir sur un stage afin d’être confronté au milieu du handicap. Ce n’est jamais facile ni évident d’expliquer à des adolescents en difficultés certaines choses. Une méthode peut se révéler nécessaire.
« FAIRE DÉCOUVRIR À DES VALIDES LE MONDE DU HANDICAP ET UN MOYEN DE DONNER DE L’ÉLAN »
Faire cohabiter des personnes en situation de handicap avec des personnes valides peut-il être un moyen de mettre les différentes pratiques en lumière ? Des parrainages existent-ils ?
Des filles comme Blandine Dancette de Nîmes ou Amélie Goudjo à Issy-Paris offrent de leur temps. Mais bien sûr, le fait de faire découvrir à des personnes valides le monde du handicap est un moyen de donner de l’élan. On se rend alors très vite compte que ce monde-là ne doit pas faire peur, on le comprend sans doute mieux. Ces rencontres permettent d’humaniser, de transmettre certaines valeurs auxquelles nous tenons. Respecter l’autre et les différences est fondamental dans notre démarche. C’est important, notamment chez les plus jeunes. Le regard étonné dans la rue à la vue d’une personne handicapée peut alors changer.
Le Mondial 2017 en France peut-il vous aider à développer vos projets ?
Hand Ensemble figure déjà dans les actions périphériques. On veut mettre en place, au plan international, les rencontres que nous organisons déjà au plan national. C’est acté dans nos têtes, ça le sera bientôt au niveau du comité directeur. Reste à définir les formes.
Parmi toutes les initiatives qui ont vu le jour ces dernières années, laquelle vous a procuré le plus fort sentiment de fierté ?
Le simple regard d’un adolescent, d’un adulte même, lorsqu’on fait un stage avec des personnes à handicap suffit à mon bonheur. Ça peut apparaître comme un détail, mais je peux vous assurer que ce n’en est pas un. Ils n’ont pas toujours conscience de la manière dont ces athlètes ont développé des potentialités parfois inouïes. Quand on me dit : je ne pensais pas qu’ils pouvaient faire tout ça, ça déclenche, oui, un fort sentiment de fierté.
Quelles sont les prochaines échéances majeures ?
On va renforcer notre action avec l’ensemble de nos Ligues parce que les demandes sont de plus en plus fortes. On va aussi organiser des stages régionaux car les deux stages au niveau national ne suffisent plus à répondre à toutes les demandes. Devant un tel résultat, on se dit que les formations que l’on a proposées depuis huit ou dix ans n’ont pas été sans conséquence…»