Une semaine avant d’attaquer la phase finale du championnat de France et presque un mois depuis la clôture de la saison régulière, Nîmes et Metz ont anticipé la reprise dans le cadre du dernier acte de leur coupe de France. Une affiche de gala entre deux têtes d’affiche de la LFH.
Avec en prime la présence d’Allison Pineau, qui est venue garnir les rangs gardois depuis le mois dernier et son expérience avortée à Ljubljana en Slovénie. On ne pouvait rêver mieux après la finale de l’an dernier entre Fleury-les-Aubrais et Issy Paris. Soit à ce jour les quatre meilleures formations de la Ligue féminine au rendez-vous des deux dernières finales de la compétition. C’est dire l’importance qu’attachent également les clubs professionnels à cette coupe nationale, en apothéose d’une première journée parfaitement rôdée dans l’antre de Coubertin.
Restait à trouver un vainqueur entre un champion de France sérieusement balloté cette saison sur la scène hexagonale et des Nîmoises magnifiées entre autres par la présence de Mouna Chebbah, auréolée de multiples reconnaissances sportives dans le milieu tunisien et arabe. En attendant la consécration avec le HBC Nîmes. Un titre inédit derrière lequel on court depuis des décennies dans le Gard, malgré les finales de 1999, 2003, 2011 (France) et 2013 (Ligue).
Mais déjà privé d’une coupe (de la Ligue, remportée par Fleury-les-Aubrais en février à Clermont) et contraint pour la première fois aux quarts de finale des play-offs, l’ogre lorrain se présentait sous pression et le couteau entre les dents. D’autant que Nina Kanto et compagnie avaient déjà perdu les deux manches de LFH contre la bande à Camille Ayglon.
Ainsi, dès le début de match, le ton est donné. Et si Mouna Chebbah puis Blandine Dancette débloquent d’abord le compteur Rouge et Noir, c’est Ana Gros qui va sonner le réveil messin.
Relayée rapidement par Sonja Basic, Paule Baudouin et Yvette Broch. Ailly Luciano permet du coup à ses couleurs de prendre l’avantage presqu’au quart d’heure de jeu (5-6, 14e). Les filles de Jérémy Roussel vont maintenir alors leur pression jusqu’à la pause (8-10, 24e ; 10-12, 28e), bien aidées en cela par les imprécisions adverses, malgré toujours les éclairs de génie de la meneuse tunisienne et l’entrée dynamique d’Allison Pineau.
Dès le retour des vestiaires pourtant, Nîmes repart à l’assaut et Colic fait bonne garde. Dancette puis Ayglon ratent d’abord l’égalisation face à Glauser ou le poteau. Mais c’est Nina Jericek qui va remettre les compteurs à zéro (14-14, 36e). Le duel bat son plein pendant plusieurs minutes, avant que Metz ne reprenne l’ascendant au gré des frappes longues distances de Gros puis Basic (15-17, 45e).
Les défenses ont pris le pas sur les mouvements offensifs et les gardiennes lisent d’autant plus facilement chaque tir en bout de possession. Le suspense est à son comble (17-17, 48e) au grand plaisir des 2500 spectateurs recensés, les deux équipes se rendent coups pour coups (18-18, 50e puis 19-19, 52e et encore 20-20, 53e).
C’est le moment choisi par le stratège lorrain pour poser un temps mort. L’effet est immédiat et la gauchère Slovène Ana Gros permet à ses partenaires de reprendre leurs distances (20-22, 55e). Mais Flippes échoue sur Marija Colic pour la balle du +3.
Au lieu de cela, Chebbah trouve la lucarne et ramène Nîmes à une longueur (21-22, 57e). L’atmosphère est irrespirable. Chebbah encore égalise sur un jet de sept mètres. Ayglon répond aussitôt à Gros (23-23, 59e). Liscevic remet Metz devant, qui croit avoir gagné… jusqu’à ce que les arbitres accordent un ultime jet de sept mètres après le coup de sifflet final. Mouna Chebbah, au four et au moulin, transforme. Il faut donc une séance de pénalty pour désigner le vainqueur.
Et comme un symbole, c’est Ana gros qui aura le dernier mot. Au bout d’un scénario magnifique. Mais tellement cruel pour le HBC Nîmes.
RÉACTIONS
Allison Pineau (arrière gauche HBC Nîmes) : « C’était super d’avoir senti toute cette ferveur derrière nous. Cela nous a aidé forcément à s’accrocher jusqu’au bout. Car nous avons quand même eu du mal à rentrer dans ce match. Après deux défaites cette saison, dont une première à la maison depuis 2008 je crois, Metz avait à cœur de se racheter. Je pense qu’elles méritent plus sur la physionomie du match. Gros nous a fait mal sur la fin. Nous avons perdu trop de ballons. Il faut repartir au combat, nous avons deux matches importants qui arrivent pour finir la saison sur une bonne note. Nous avions une opportunité aujourd’hui. Ce n’est pas la fin du monde non plus. Je ne sais pas au final si je préfère perdre aux penalties qu’à la fin du temps réglementaire. Je mesure à quel point ce titre qui se fait attendre leur tient à cœur en tout cas. »
Paule Baudouin (ailière gauche Metz) : « C’était extrêmement dur, il y a eu beaucoup de pression tout au long du match. Je ne sais pas si elles nous ont menées. Je n’ai pas fait attention au score, cela était assez dur comme ça. On s’attendait à ce style de match face à une très bonne équipe de Nîmes. On va peut-être les retrouver le plus loin possible durant les play-offs. En tout cas, à titre personnel, cela me fait beaucoup de bien psychologiquement. Et pour le club aussi je pense. Nous avons senti le stress monter au fil de la semaine. Je croyais que la faute sur Mouna était après le coup de sifflet final. Il y avait penalty. Heureusement nos gardiennes ont fait le boulot. C’est un grand soulagement. J’espère que l’on va mettre les mêmes ingrédients pour défendre notre titre en championnat. »
Laura Glauser (gardienne Metz) : « Franchement on s’attendait à cette opposition. Les Nîmoises ont tout ce qu’il faut pour rivaliser. Je pensais que l’on repartait pour une prolongation avant la séance de jets de 7m. Nous avons su se remobiliser aussitôt après cru en la victoire une première fois. J’ai essayé de rassurer mes partenaires au maximum. Je ne pense pas que l’on peut dire que le match a été laborieux. Ce fût un bon match de handball féminin, qui va nous donner du baume au cœur pour la suite et fin de la saison. »*
Camille Ayglon (arrière droite Nîmes): « Je ne sais pas si l’on peut parler du pire des scénarios. Nous n’en menions quand même pas large à la 55e minute et moins 2 contre nous. Mais nous n’avons pas lâché. Cela laisse des regrets car nous avions montré une meilleure qualité de jeu sur nos matches précédents. Maintenant, en défense, on a mis une mi-temps à se caler. Metz a l’habitude de gagner. Nous avons acquis plus de maturité j’espère par rapport à il y a deux ans et notre défaite en finale de la coupe de la Ligue. Cela doit nous aider à positiver, passer à autre chose et se qualifier pour le dernier carré du championnat. Nous sommes prêtes à repartir au combat, malgré l’énorme déception de ce soir. On ne peut pas tout gâcher en quinze jours. »
Nîmes – Metz 26-28 après jets de 7m (24-24, 11-13)
NIMES
Gardiennes : Colic (tout le match, 17/43 arrêts), Carretero (0/2 au jet de 7m)
Joueuses de champ : Ayglon (1/5 dont 0/1), Dancette (4/7 dont 0/1), Asperges (0/1), Chebbah (13/19 dont 8/8), Clavel (1/2), Jericek (2/3 dont 1/1) puis Marchal (1/1), Ceccaldi (1/2), Goiorani (1/2) et Pineau (2/6).
METZ
Gardiennes : Glauser (tout le match, 11/35 arrêts), Pierson (1/2 aux jets de 7m)
Joueuses de champ : Kanto (1/2), Gros (10/14 dont 2/3), Zaadi (0/5 dont 0/1), Baudouin (4/6 dont 1/2), Broch (1/2), Basic (5/11 dont 1/2), Luciano (3/5) puis Flippes (3/3 dont 1/1), Vukcevic, Gonzalez-Ortega (0/2), Liscevic (3/3 dont 1/1) et Mendy (0/1).