Dimanche soir à Cologne, Michaël Guigou a soulevé sa 2e Ligue des champions après la victoire face au HBC Nantes. Quinze ans après le premier succès de Montpellier, le capitaine du MHB évoque son attachement à son club. Après avoir tout récemment dépassé la barre des 1000 buts sous le maillot héraultais, l’ailier gauche au palmarès XXL a aussi obtenu son DES.


Comment expliques-tu la capacité de résilience de votre équipe ?
Après notre défaite à Aix-en-Provence en LidlStar Ligue, tout le monde a dit : « Montpellier va craquer ». Mais Montpellier travaille et travaillera toujours pour se donnera la possibilité d’être un grand du Handball français et d’Europe. Sans forcément de grands moyens financiers, avec la difficulté de conserver ses meilleurs jeunes, ce club essaiera toujours de se remettre en question. Aujourd’hui on peut dire et raconter tout ce qu’on veut, le Montpellier HB a remporté la plus grande des récompenses. Il est désormais le seul club français à avoir gagné deux Ligues des Champions. Il faut être fier de cela.

Tu étais déjà de l’épopée victorieuse en 2003…
Je suis l’un des rescapés de la première campagne avec Patrice Canayer et avec notre kiné, Alain Carmand. Je n’imaginais pas revivre un tel moment. En fait, j’y pensais de moins en moins à cette Ligue des champions, je songeais plus au titre de champion de France. Par rapport à avant, on savoure un peu plus maintenant parce que Montpellier n’est plus favori.

Imaginais-tu qu’il te faudrait patienter 15 ans pour remporter la plus prestigieuse des compétitions de clubs ?
En 2003, j’espérais que d’autres victoires allaient suivre. Après ce succès, beaucoup de nos meilleurs joueurs étaient partis, Didier Dinart, Cédric Burdet et Bruno Martini ; cela ne nous avait pas empêché d’atteindre les demi-finales deux ans plus tard.

Ce titre de 2018 a-t-il plus de saveur que celui de 2003 ?
Tout a un peu plus de saveur depuis quelques années car nous sommes moins favoris. Les dernières victoires avec Montpellier sont très certainement les plus belles que j’ai connues. Plus on vieillit, plus on se rapproche de la fin et plus on savoure.

Tu es plutôt pudique mais tout de même tu incarnes le MHB…
Je suis fier de moi, notamment parce que cela représente beaucoup d’efforts. On m’a souvent demandé « mais pourquoi restes-tu à Montpellier ? Le MHB est un grand d’Europe. Lorsque j’étais gamin, je vibrais pour l’OM Vitrolles et je rêvais de porter les couleurs de de club qui a malheureusement coulé en même temps que le foot. Je suis très fier de porter les couleurs françaises au travers de Montpellier et de l’équipe de France.

Comment expliques-tu la difficulté d’accéder à ce fameux Final 4 ?
Notre club dispose d’un peu moins de moyens que les autres. Une équipe comme Veszprem n’a toujours pas remporté la Ligue des Champions. On voit bien que c’est difficile. Il y a beaucoup de très bonnes équipes mais la pression est énorme. La philosophie de l’EHF a évolué et il a fallu s’accommoder d’un calendrier long et compliqué. Il a fallu tenir tous ces caps-là pour y arriver.

Parallèlement ces derniers mois, tu as mené la formation du DES (Diplôme d’État Supérieur de niveau 2). Où es-tu dans ce processus ?
Cela représentait beaucoup de travail mais ça y’est, je suis entraîneur ! Juste avant le match du 17 mai dernier contre Nantes en LidlStar Ligue, je suis monté à Paris les lundi et mardi pour passer mon examen. Puis au lendemain du match, le vendredi après-midi, j’ai passé la partie pratique du Handball. Le samedi, j’ai reçu un coup de fil m’indiquant que mon diplôme était validé. Ces deux dernières semaines ont vraiment été très particulières pour moi.

Depuis mardi passé et cette défaite surprise à Saint-Raphaël, as-tu trouvé le sommeil ?
Non. Mardi, mercredi, jeudi… Cela a vraiment été très difficile, très compliqué. J’avais un fort sentiment de raté et d’injustice. J’étais en colère contre moi-même et un peu contre tout le monde. Nous avons beaucoup douté mais nous avons cravaché pour finalement aller au bout de nous-mêmes.

En tant que capitaine, comment as-tu perçu la sortie médiatique de Vincent Gérard à l’issue de ce fameux match à Saint-Raphaël ?
Les journalistes ont profité du contexte, à un moment où Vincent était chaud. Ce soir-là, il a exprimé en effet que nous avons été mis en position de craquer après notre match à Aix-en-Provence. C’est un autre débat que nous n’avons pas forcément apprécié. J’aurais aimé qu’on gagne le titre de champion de France sur le terrain et qu’on parle ensuite. Dans le Handball, on est encore un peu timides pour s’exprimer. Si les propos de Vincent ont été mal pris, beaucoup de gens pensent ce qu’il a dit. Le chapitre de l’arbitrage est ouvert et il faut continuer à travailler tous ensemble.