Quelle est la genèse de ce séminaire ?
Le Président Joël Delplanque souhaite vivement que la FFHandball renoue des liens forts avec l’Éducation Nationale. Il en a fait l’un des objectifs prioritaires de cette mandature. A l’heure où nous nourrissons des inquiétudes à l’égard de la nouvelle gouvernance du sport français, il est important de réfléchir avec nos partenaires éducatifs à la manière dont chacun des acteurs, avec ses spécificités, peut contribuer à la formation citoyenne des jeunes qui nous sont confiés. Mieux nous saurons travailler ensemble et mieux les missions que chacun exerce auprès de ces jeunes, dans le temps et les fonctions qui lui sont impartis, seront efficaces. C’est pourquoi, depuis plusieurs mois, nous nous sommes attelés avec mes collaborateurs en charge du développement, et nos partenaires scolaires à organiser ce séminaire qui a réuni 180 personnes pendant deux jours à la Maison du Handball.
Renouer ?
Oui en effet, parce que le Handball est de moins en moins présent dans la programmation des activités physiques à l’école. Des activités telles que le badminton ou le basket permettent de réaliser une séance avec 36 élèves tous impliqués. Dans l’esprit de la plupart des enseignants, le Handball se joue à 6 contre 6 sur un terrain traditionnel et par conséquent 24 élèves ne jouent pas, ce qui faux aujourd’hui.
La FFHandball doit apprendre à mieux communiquer auprès de ses partenaires de l’éducation nationale sur les formes de pratique qu’elle développe à destination, entre autres, du public scolaire. Les enseignants sont demandeurs. Bernard André, Inspecteur Général en EPS, nous a invités lors de ce séminaire à leur transmettre nos documents pédagogiques sur le BabyHand, le Hand 1ers pas, et le Hand à 4.
Formatrice au STAPS de l’Université Paris 13, tu es une actrice de terrain. Comment la mise en place du hand à 4 est-elle devenue une évidence ?
J’ai aménagé, avec les collègues du collège Victor Hugo d’Aulnay-Sous-Bois, une pratique pour faire jouer le maximum d’élèves, sur un terrain traditionnel. Ou comment concevoir un Handball accessible adapté à un effectif conséquent. Au départ, c’est une préoccupation universitaire et scolaire. Puis j’ai développé cette pratique avec le soutien du CTS et de la chargée de développement de la Ligue Île-de-France (ex LIFO). Cette expérience du Hand à 4, entre autres, est remontée à la fédération qui a décidé de labelliser la pratique. J’aime assez la formule de Thierry Gaillard (Conseiller Technique National chargé de développement) lorsqu’il dit que le Hand à 4 est le « couteau suisse » de la fédération. Cette pratique peut s’adresser à tous les publics.
Malgré son utilité évidente, le Hand à 4 n’a pas encore pris son essor…
Il y avait urgence à développer le Beach Handball en France, afin d’être compétitifs rapidement. Le Hand à 4 sera notre dossier prioritaire en 2019. Il faut maintenant imaginer des règles adaptées. À ce jour, il n’existe pas de règlement standardisé. Lors du tournoi de Hand à 4, à vocation citoyenne de l’opération « Génération Handballissime », organisé le week-end des 3 et 4 novembre, nous nous sommes autorisés à adapter les règles au cours du tournoi. Cette pratique a aussi cette vocation, s’adapter au public qui la pratique.
Plus spécifiquement, quelles sont les règles que tu as adaptées pour le Hand à 4 ?
Je m’appuie sur trois règles qui rendent le jeu dynamique et attractif : l’engagement à partir du gardien de but, la neutralisation de l’adversaire n’est pas autorisée, et la valorisation du tir indirect (avec rebond, lob, roucoulette, chabala).
Quelle est la phase suivante après ce séminaire ? Un second est-il programmé ?
Nous allons nous appuyer sur le levier de la labellisation « Génération 2024 » afin de mettre en relation nos territoires et les académies autour d’actions concrètes. Notre volonté est de participer à l’héritage des J.O. en contribuant avec nos partenaires scolaires, à former une génération de citoyens sportifs. Si ces jeunes deviennent des citoyens éclairés par la pratique du handball, nul doute qu’ils deviendront les acteurs de notre sport demain. Un tel séminaire nécessite un investissement important et l’organiser une fois par olympiade serait un rythme appréciable.
Des rendez-vous ont-ils été fixés ?
Nous avons impulsé lors de ce séminaire un temps de travail avec les référents de l’EPS obligatoire (1er et 2nd degré), les référents des fédérations sportives scolaires et les référents territoriaux. A court terme, outre les traditionnels événements locaux, le calendrier des évènements promotionnels des JOP – semaine olympique et paralympique en février, journée olympique en juin- doit être un moment propice à des actions communes. A moyen terme, nous souhaitons co-construire des temps de formation continue dans chaque territoire/académie.
L’EHF EURO 2018 sera-t-il un support à la promotion du Hand à 4 ?
Côté fédéral, le challenge « Génération Handballissime » en partenariat avec l’EHF Euro 2018 avait vocation à promouvoir le hand à 4 et réfléchir à la citoyenneté. D’autre part, le traditionnel tournoi des journalistes se jouera également en Hand à 4 fluo pendant l’Euro, entre autres choses.
A l’école, beaucoup d’AS d’établissements scolaires et universitaires proposeront des tournois promotionnels de hand à 4 pendant l’Euro.
Rien d’étonnant : parvenir à faire jouer beaucoup de monde en même temps sur un terrain traditionnel !
En quoi la Maison du Handball a-t-elle donné plus d’ampleur à ce séminaire ?
Passer de l’auditorium aux terrains, en moins de deux minutes, c’est remarquable. Ainsi, les collègues ont pu participer à la présentation des quatre pratiques, en incluant le handfauteuil.
Ce séminaire, organisé sur deux jours, a permis d’optimiser et de renforcer les liens avec nos partenaires. Et au-delà de l’accueil vécu très favorablement à la Maison du Handball, nous avons eu des retours positifs sur la qualité des interventions proposées et la disponibilité de chacun.