Le capitaine de l’équipe de France a achevé sa formidable carrière samedi soir à Tokyo, par le plus beau des titres. En quelques semaines, il aura franchi la barre des 300 sélections (307), celle des 1000 buts (1021) et atteint le chiffre tout rond de 10 titres majeurs (3 olympiques, 4 Mondiaux et 3 européens) exactement comme Nikola Karabatic qui devrait poursuivre sa carrière en bleu. Pour Luc Abalo, il s’agissait aussi de la dernière compétition pour celui qui a remporté 9 médailles d’or (3 olympiques, 3 Mondiaux et 3 européens). Michaël Guigou évoque la façon dont l’équipe de France a retrouvé le chemin du succès.
Quelle est la sensation de remporter à nouveau un titre depuis le dernier du Mondial 2017 ?
C’est avec une nouvelle équipe. Nous avions perdu quelques pièces maîtresses des Experts : les frères Gille à partir de 2012, Didier Dinart en 2013. On avait continué à gagner car ils en restaient quelques-uns puis, à partir de 2017, quand on perd Daniel Narcisse et Thierry Omeyer, il ne restait que les trois jeunes (Luc Abalo, Michaël Guigou et Nikola Karabatic) qui étaient venus prêter main forte aux champions du monde 2001. Nous sommes alors partis sur une nouvelle époque, une nouvelle ère, accompagnés de certains anciens comme Cyril Sorhaindo qui a connu aussi toutes ces batailles-là.
Quels sont les ressorts qui ont permis de remporter à nouveau un titre majeur, le plus beau ?
Les choses ne se font pas toutes seules. Même si nos jeunes joueurs étaient annoncés talentueux, et ils le sont, savoir gagner, perdurer, être là au bon moment, c’est autre chose. Avec ce qu’ils vivent dans les clubs et en équipe de France, cela s’est construit progressivement. Cela a peut-être mis un peu de temps, mais au final rien n’arrive comme ça. Il s’est aussi passé beaucoup de choses au niveau du staff. Ce n’était pas simple. On a bataillé, on s’est tout remis en questions. On a travaillé dur et aujourd’hui nous sommes récompensés. On s’est servis de nos désillusions, de nos défaites, de notre élimination en phase de poule à l’Euro 2020, on s’est servis de tout cela. On s’est aussi servis de l’expérience de chacun dans son club. Cela ne va peut-être pas leur plaire, mais les clubs de Barcelone et de Paris, qui sont représentés par beaucoup de joueurs français, ont vraiment connu des difficultés et des désillusions dans les Final Four qui ont aussi pesé. Les joueurs se sont servis de cela en plus de notre expérience collective de ces derniers temps, tout cela nous a amenés à être frais dans nos têtes et à mieux gérer nos émotions. C’est aussi pour cela que nous avons eu la fraicheur et la solidarité en finale face au Danemark.
Tu vas quitter cette équipe, comment la vois-tu évoluer à l’avenir ?
L’équipe de France, sans parler de l’avenir, au niveau masculin et féminin, est prête pour durer. Les efforts au niveau fédéral sont faits et la culture de la gagne est aussi ancrée. Ce n’est pas pour rien si un Expert est venu encadrer l’équipe de France masculine, que l’on se transmet le flambeau, année après année. Depuis tout jeune, j’ai suivi les Barjots, les Costauds… Avant les Experts. Vous voyez très bien les jeunes arrivés qui brillent en club, qui fileront un coup demain pour que cela dure. Quand tu gagnes, la confiance est là, cette équipe sait désormais comment gagner et tout l’avenir est devant elle.
Propos recueillis par Hubert Guériau