Sous l’impulsion d’Edina Borsos, ancienne manager des Bleues, l’équipe féminine américaine de handball entame une phase de reconstruction qui a débuté à la Maison du handball. Un stage intervenu dans le prolongement d’une convention tripartite signée au début du mois de mai entre USA Team handball, la FFHandball et l’IHF.

Avant qu’Olivier Krumbholz n’anime une séance d’entraînement au côté d’Édina Borsos, la capitaine Julia Taylor et sa coéquipière Ariane Clerc ont exprimé leur gratitude envers la FFHandball lors d’un point presse qui a rassemblé quelques journalistes curieux. Car, depuis le 30 mai la Team USA arpente le temple du handball tricolore. Entre séances vidéo, préparation physique et entraînement, les joueuses d’Édina Borsos optimisent leur séjour initié par une convention tripartite signée le 2 mai dernier entre la fédération américaine l’IHF et la FFHandball. « Travailler en collaboration sera la clef du moteur », assène la technicienne hongroise qui a longtemps œuvré auprès des Bleues. Aujourd’hui, au sein de la fédération américaine, elle s’implique pour créer une équipe nationale compétitive et travailler sur le développement de la discipline sur ce pays-continent. « C’est une mission très difficile. Notre projet est de créer des équipes et de l’activité aux États-Unis, explique Édina à la tête de ce projet ambitieux et excitant. L’énergie et le soutien que nous avons reçus, c’est incroyable. Nous avons compris que nous pouvions travailler main dans la main sur ce projet et cela sera la clé, le moteur dans notre travail. Il faut que l’on s’ouvre vers l’international et il faut également que l’on trouve des personnes qui souhaitent travailler ensemble autour de ce projet. Je me suis dit si Olivier y croit, si on a son soutien, celui de son staff et celui de Philippe Bana, alors nous avons une chance de percer. » L’ancienne manager des Bleues dirige ce stage de deux semaines avec un large groupe de 23 athlètes. « C’est une occasion extraordinaire pour nous de montrer ce qu’est le haut niveau du handball. » Une sélection américaine qui continuera d’évoluer, car « nous allons continuer à faire des annonces pour recruter des joueuses », poursuit Edina Borsos qui compte déjà sur des profils athlétiques très intéressants : une basketteuse très athlétique (près de 2m) pourrait bientôt s’exprimer sur la base arrière droite.

 

Édina Borsos, ex-manager des Bleues, est aujourd’hui à la tête de l’équipe américaine. (Photo FFHandball / Iconsport).

Julia Taylor : « croiser Allison Pineau, c’est inspirant »
« Être à la Maison du handball, cela fait rêver. Voir aussi les trophées et les médailles de équipes de France, croiser Allsion Pineau, c’est inspirant ! » sourit Julia Taylor dans un français parfait. Après plusieurs années à jouer au basket, l’actuelle sociétaire de Draveil (N2) a découvert le handball à l’université de Caroline-du-Nord puis a traversé l’Atlantique pour progresser au Danemark avant de jouer quatre années en N1, du côté d’Aulnay-sous-Bois. « Je suis très reconnaissance de l’opportunité et du soutien reçu ces dix derniers jours. C’est un peu compliqué de mettre en place des stratégies en si peu de temps mais avec la rigueur, je suis déjà très fière de l’évolution de l’équipe et de notre cohésion. » La capitaine de Team USA a des étoiles plein les yeux lorsqu’elle évoque les défis qui attendent son équipe. « En novembre prochain, nous viserons la qualification aux Jeux panaméricains, une épreuve très importante, puis la qualification au Mondial 2023 et aux Jeux olympiques de Paris. » Pour atteindre ces objectifs, le chantier est immense car quelques-unes des joueuses, certes athlètes, basketteuses, footballeuses ou encore hockeyeuses, découvrent tout juste la balle pégueuse quand les autres manquent de repères. « Seulement 3 universités américaines proposent du handball. En raison des distances, les joueuses disputent seulement une à deux compétitions tous les 6 mois. Le reste du temps, c’est beaucoup d’entraînement, détaille Julia Taylor. Une dizaine de clubs existe, soit environ 200 licenciées dont la plupart sont des européennes, expatriées, étudiantes ou filles au pair. » Edina Borsos espère que des moyens seront mis en place à partir de 2023 et notamment la perspective d’un centre d’entraînement à proximité de Los Angeles, comme base arrière des J.O. de 2028. En 1996 à Atlanta, lors des précédents J.O. organisés en Amérique du Nord, les handballeuses avaient rapidement atteint un niveau compétitif. Un objectif partagé par la jeune franco-américaine (20 ans), Ariane Clerc qui prépare avec trois de ses coéquipières, le Mondial U21F en Slovénie (21 juin au 02 juillet). « Ce stage est une bonne expérience. Nous sommes quatre juniors et je commence à bien connaître les autres joueuses. C’est bon de se préparer et nous avons eu l’opportunité de nous entraîner avec Sébastien Gardillou. »

Conseils et gestes à l’appui, Olivier Krumbholz s’est totalement impliquée pour animer la séance d’entraînement programmée pour les Américaines. (Photo FFHandball / Iconsport).

Olivier Krumbholz : « besoin de l’enthousiasme du staff et des joueuses. »
« C’est un très beau projet. Il est aussi très complexe car beaucoup ont essayé de créer un élan pour arriver à percer dans le sport américain. Développer l’implantation du handball aux USA et développer l’équipe, nécessite forcément une interaction entre ces deux facteurs,
pose Olivier Krumbholz. Ces jeunes filles sont des sportives qui peuvent assez vite progresser sur le secteur défensif. C’est dans ce domaine-là que la progression est possible. La défense, c’est l’âme d’une équipe qui peut ensuite récupérer des ballons et travailler sur la vitesse. » Le Lorrain estime que l’apport des basketteuses dans le collectif est aussi un atout pour le travail défensif. « Certaines ont l’avantage de la culture du basket et son travail défensif, extrêmement précis et rigoureux. Avec deux années de travail, elles peuvent y arriver. On a les limites que l’on se donne, il faut avoir de l’ambition et travailler. Mais pour cela, on a besoin de l’enthousiasme du staff et des joueuses. » Si l’entraîneur champion de tout (Europe, monde et olympique) estime qu’il faudra plus de temps pour développer le niveau de l’attaque, il croit bien sûr en les vertus du handball, « un sport agréable à jouer, à regarder. Il ne faut pas douter qu’on ait les atouts pour s’implanter aux États-Unis. Les Américaines sont fortes en basket et en volley, alors pourquoi pas. Développer le handball sur le continent nord-américain car cette mondialisation est un enjeu pour nous. » Et le coach de se souvenir que l’équipe féminine américaine était venue en France préparer les J.O. de 1996. « Je n’ai plus les résultats précis en tête mais les USA étaient alors du même niveau que la France. Il y avait eu un match nul. » Edina Borsos et son staff disposent de 6 années pour présenter une équipe concurrentielle aux J.O. de L.A. 2028. pendant lesquelles la collaboration entre les Bleues et Team Usa devrait trouver des prolongements.

Hubert Guériau

Julia Taylor, Olivier Krumbholz, Édina Borsos et Ariane Clerc lors du point presse organisé à la Maison du handball, le mercredi 8 juin 2022. (Photo FFHandball / Iconsport).