Jusqu’à présent adjoint d’Olivier de Lafuente avec les U18F, Franck Prouff a été nommé au cours de l’été entraîneur de l’équipe de France U19M. Il dispose d’une saison, notamment marquée par les Jeux méditerranéens, pour préparer son collectif à disputer l’EHF EURO 2024, après un été vierge de compétition internationale.
Es-tu contrarié de quitter le collectif U18 féminin tout juste sacré champion d’Europe ?
Je n’ai pas eu d’hésitation à quitter le staff et cette équipe. La décision avait été prise en amont des rendez-vous de l’été. Je ne ressens ni frustration, ni nostalgie, cela fait partie des aléas du sport et des changements de cycle. Partir après une couronne européenne est une belle façon de tourner la page avec le PPF féminin, à l’issue de 6-7 années à travailler dans cette filière.
Basculer de la filière féminine à la filière masculine est pour le moins atypique ?
Après l’obtention du professorat de sport il y a deux ans, j’ai été nommé CTS sur le pôle espoir masculin de Normandie. Avec Éric Baradat et Jacky Bertholet, nous avions ensemble évoqué la richesse en termes de complémentarité à travailler sur les deux filières du Parcours de Performance Fédéral (PPF). Simplement, au niveau du calendrier, c’était parfois compliqué de mener de front les deux activités dans les deux filières. Voilà, j’ai été surpris d’être mis en responsabilité sur les U19M mais c’est un beau défi à relever.
Que retiens-tu de cet été avec les titres sur le FOJE et à l’EHF EURO 2023 ?
Avec le staff, nous sommes là pour accompagner les joueuses et optimiser leurs performances. Mais ce sont les joueuses qui sont les actrices. Ce groupe des U18F rassemble des joueuses aux qualités exceptionnelles et qui sont très déterminées. Victoire après victoire, au fur et à mesure de l’été, une dynamique s’est mise en place et, après la victoire au FOJE, elles sont allées tout schuss jusqu’au succès de l’Euro. Nous avons accompagné des jeunes filles qui ont généré cet été de façon magistrale.
Dans quelques semaines, tu vas accueillir une large partie des joueurs qui travaillaient jusque-là avec Guillaume Joli en U17M. Quelle collaboration avez-vous mis en place avec Guillaume pour optimiser la transition ?
Travailler avec Guillaume est très simple. Il est agréable à côtoyer et il partage tout. Avant l’été, j’ai pu me rendre en Allemagne pendant 10 jours, à l’occasion des Rhur Games puis du franco-allemand. J’ai pu ainsi côtoyer le staff et tout le groupe des U17M. Cela m’a permis déjà d’avoir une première évaluation des joueurs et des humains. Franchement, c’était vraiment intéressant d’avoir une vision globale de ce niveau 2006-2007. Pendant le FOJE avec les U18F, se déroulait le tournoi masculin. J’ai pu aller voir les matchs avec les top nations présentes afin d’apprécier le niveau de performance et physique de cette génération.
Et tu vas débuter avec le tournoi international de référence, le Tiby organisé du 2 au 4 novembre à Eaubonne…
Oui en effet il faudra bien gérer cet événement particulier et médiatisé. C’est un bon baptême pour ce groupe et pour ce staff. Nous allons essayer de bien travailler sur notre prise de fonction avec le groupe et bien expliquer nos attendus. L’objectif sera de trouver nos marques et fonctionner de façon optimale.
Comment sera bâti ta première liste ?
J’ai fait le tour de tous les pôles et des entraîneurs de clubs et nous serons bientôt réunis avec Patrick Passemard et Patrice Annonay pour faire le bilan. La sélection sortira fin septembre pour le Tiby. Nous allons profiter de cette opportunité pour effectuer une revue d’effectif et voir la globalité du groupe. Guillaume Joli a déjà réalisé un super boulot en convoquant 50 à 60 joueurs sur les 2006-2007, en U16-U17, pour une bonne évaluation de la génération. Dans le groupe qu’il nous transmet et qui a disputé la finale de l’European Championship, figurent les meilleurs éléments.
Ce tournoi lance une saison qui s’achèvera à l’EHF EURO 2024 en août prochain au Monténégro…
Nous sommes exemptés des qualifications et nous avons en effet toute la saison pour préparer cette échéance.
Avec le quotidien en pôle et les rassemblements ponctuels avec l’équipe de France, le travail de l’entraîneur est bien différent…
Dans les pôles, nous visons une harmonisation des contenus et la maitrise des savoir-faire, au travers du management de la filière masculine. C’est l’objectif de Jacky Bertholet qui s’efforce, sans être dogmatique, à harmoniser les contenus et à sensibiliser les entraîneurs de pôle à travailler sur des axes forts qui sont des marqueurs au niveau international. Quand on regroupe les joueurs, ils ont déjà travaillé sur les fondamentaux. Les pôles visent à développer les savoir-faire individuels afin de pouvoir les intégrer dans le jeu collectif, en l’occurrence en équipe de France. Au travers des différents colloques avec les responsables de pôles et des temps d’échanges avec Guillaume Joli, Yohann Delattre et Guillaume Gille, l’objectif est de se baser sur fondamentaux et les points forts de la formation française déjà dispensés dans les pôles. Il existe un continuum depuis les pôles jusqu’aux sélections nationales.
Tu évoques Guillaume Joli, Yohann Delattre et Guillaume Gille qui ont tous les trois brillé avec l’équipe de France…
(Il coupe). Lors d’une réunion à la MDH avec tous les trois, j’avais essayé de trouver une médaille du meilleur effet mais à part une médaille UNSS… (sourire). Bien sûr ce sont des parcours différents. Le mien est singulier car je n’ai pas joué au haut niveau. J’ai évolué à un petit niveau national comme arrière gauche et comme gardien puis j’ai rapidement basculé sur l’entraînement. Pendant 20 ans, j’étais sur le banc de touche tous les week-ends, des -11 jusqu’à la N1, en parallèle de mes missions pour le PPF et les sélections nationales. À Rennes, j’ai été fortement accompagné par la ligue de Bretagne qui m’a confié l’entrainement de l’équipe de la Ligue. Je pense en particulier à Pierre Taillé qui m’a beaucoup apporté.
Quels sont les adversaires que tu envisages pour préparer ton équipe ?
Cette génération a déjà beaucoup affronté l’Allemagne. Outre le Tiby avec la Croatie, Hongrie et Tunisie, nous affronterons la Serbie en janvier prochain, à l’issue d’un stage à la Maison du handball. La préparation de l’Euro n’est pas simple à mettre en place car peu de sites seront disponibles en raison des jeux olympiques.
Comment situer le niveau de cette équipe de France U19M ?
On peut la situer entre la 5e et la 8e place dans la hiérarchie internationale. L’objectif sera au minimum de maintenir ce niveau sachant que l’enjeu fort de l’EHF EURO 2024 sera aussi de rester dans le Top 12 pour obtenir la qualification pour le Mondial 2025. Si on se projette plus loin, l’objectif est de remonter dans la hiérarchie en travaillant sur des points spécifiques qui permettront d’aller chercher des équipes aujourd’hui plus solides que nous.
La préparation terminale puis l’EHF EURO 2024 (1er au 19 août) se tiendront pendant les Jeux olympiques de Paris 2024. Comment gérer toute l’attention autour des Jeux alors que vous serez concentrés sur une compétition ?
Cela peut favoriser des moments de cohésion et d’échanges entre le groupe et le staff, de se livrer à des analyses plus étoffées plutôt que de suivre les matchs en simple spectateurs. Si le timing le permet, je pense que c’est conciliable.