Capitaine des vice-champions du monde à Stockholm, le pivot parisien a cette fois soulevé le trophée et savouré les instants partagés avec une équipe dans laquelle il se reconnait totalement.

« Que ressens t-on lorsque l’on présente à ses coéquipiers un trophée de champion d’Europe ?

En premier lieu, on ressent cette fierté d’appartenir à un tel groupe. Ce titre vient certes couronner un parcours sportif, mais surtout et d’abord une formidable aventure humaine. Après, c’est forcément un peu particulier parce que je suis le capitaine de cette équipe et que je suis extrêmement fier de la représenter. Fier parce que je me reconnais dans ses valeurs, dans l’état d’esprit qu’elle dégage.

Comment, justement, as-tu vécu cette compétition ?

C’était assez particulier. C’était le dernier Euro de Niko et beaucoup de questions ont tourné autour de ça. J’avais envie de profiter avec lui à fond du moment, de chaque match, le moindre petit instant. Après, j’ai senti une montée en puissance, petit à petit. Les choses prenaient forme match après match, quelque chose se dégageait, comme une force incroyable qui nous animait.

Et qui s’est vraiment matérialisée au cours de ce week-end irréel…

C’était fou, oui, absolument incroyable. Ça tourne en notre faveur à deux reprises. On sait à quel point ça peut aller vite, mais ce qui nous arrive en demi-finale est presque irréel. Je ne sais pas si l’on peut le dire ainsi, mais on était tous proche de disparaître mais on a ressuscité. C’est aussi pour ça que toutes les émotions sont décuplées et que l’intensité des sentiments est aussi forte. 

Remporter avec autant d’assurance les prolongations lors du week-end final, c’est la marque des équipes expérimentées..

Oui. L’expérience. La force collective. On aborde chacune de ces prolongations en étant fatigués, mais on ne doute jamais, on reste concentré et chacun fait ce qu’il faut pour garder le cap et provoquer la différence. Je trouve que ce que l’on a réussi à deux reprises est vraiment très fort. On n’a laissé aucune chance, ni à la Suède ni au Danemark dans ces deux fois cinq minutes et je suis aussi très fier de ça.

Beaucoup de questions tournaient autour de votre motivation dans cet Euro à quelques mois des Jeux olympiques. La réponse est cinglante…

Dans cette équipe, il y a des joueurs qui n’avaient jamais remporté la moindre médaille, d’autres qui n’avaient pas connu cette joie d’être champions d’Europe. Nous avions tous une soif de gagner de fou et c’était essentiel dans la motivation de ce groupe. Nous étions extrêmement concentrés, dès le début, je l’ai ressenti dans les attitudes. Les yeux étaient rivés sur l’objectif final, l’envie de gagner était vraiment grande.

Aborder la préparation des Jeux olympiques avec ce statut de champion d’Europe, c’est un avantage ou une charge supplémentaire ?

Nous sommes les favoris de ces Jeux olympiques parce que nous sommes les tenants du titre, qu’ils se déroulent en France, et nous sommes évidemment attendus au tournant. Ce titre n’ajoute donc aucune pression supplémentaire, elle est déjà bien présente et on en a tous bien conscience. Il nous est souvent arrivé de passer à côté d’un Euro et de rebondir ensuite aux Jeux. Le challenge est cette fois différent. Serons-nous capables de réitérer cette performance cet été ? Je pense que nous avons les joueurs, l’équipe, pour bien vivre ce moment. Les Suédois et les Danois, et bien sûr d’autres adversaires aussi, n’auront pas de problème de motivation. Quand tu perds un tournoi, tu as envie de revenir vite et d’essayer de gommer ce qui n’a pas fonctionné. Mais notre motivation sera immense. Je sais que l’on ne va pas se tromper avec le joueurs d’expérience qui composent l’équipe, le staff qui saura nous préparer. Et puis, ce n’est pas l’ADN de notre équipe de tomber dans la facilité.

Avez-vous, déjà, identifié des pistes d’amélioration dans votre jeu pour être encore plus efficace et éviter de vous faire aussi peur ?

Il faut, oui, que l’on soit plus cliniques. On aurait dû tuer certains matches, pas seulement ceux de la demi-finale et de la finale. On s’est fait peur, on a laissé certaines équipes revenir, il faut que l’on travaille là-dessus. Mais c’est aussi du très haut niveau, il ne faut pas l’oublier. 

Tu parlais de ton frère, Nikola, qui avait l’air aussi heureux que lors de ses premiers sacres…

C’est génial de vivre ce moment-là à ses côtés. Il est tellement inspirant pour moi, pour l’équipe toute entière. Tous les joueurs ont un immense respect pour lui. Pour sa carrière. Pour l’envie qu’il met dans chaque instant. Sur le parquet, dans la vie du groupe, en préparation, pendant les jours offs… Il avait tous les jours le sourire. Ça nous a poussés à être meilleurs. On le sentait heureux de partager tout ça avec nous. Un but, une défense, une passe, tout lui procurait un plaisir immense.

Etes-vous bluffé par son niveau de jeu ?

Bluffé ? Non. Je n’ai jamais douté qu’il soit capable d’évoluer à un tel niveau. Niko est un champion comme on en voit rarement. Au quotidien, dans la façon dont il se prépare, dans sa concentration, il impose le respect. Je ne suis pas bluffé, mais je suis admiratif oui. Je ne sais plus exactement combien de compétitions il a disputées, mais il a toujours cette même motivation et c’est extraordinaire.

Que vous êtes-vous dit lorsque vous vous êtes enlacés ?

Que c’était incroyable : « on l’a encore fait » . Je l’ai senti un peu estomaqué. On avait décidé de profiter ensemble de ce dernier Euro, mais sans forcément penser au titre, juste aux moments. C’était fou, on était juste heureux, comme un sentiment de plénitude. Ce titre, c’est une cerise sur le gâteau que nous avons partagé tous ensemble. Ce moment où nous nous sommes enlacés était tellement bon… »