Le bouquet final de cette première journée des finales de la coupe de France a tenu en partie ses promesses. En tout cas dans les rangs nantais. L’affiche était il vrai idéale entre les deux meilleures équipes du championnat, vainqueur respectif des trois précédentes éditions, le PSG en 2021 et 22, le HBC Nantes en 2023. Le tout dans une ambiance survoltée et colorée. Mais ce HBC Nantes-là était vraiment trop fort pour un PSG convalescent.

Tout au long de la journée, la température est montée crescendo à l’Accor Hôtel Arena, au gré des différentes finales qui ont jalonné l’événement tant attendu du handball français. Mais avec l’arrivée des 2 000 supporters violets et moitié moins de parisiens mais tout aussi bruyants et agités, l’ambiance était au Nirvana pour le coup d’envoi de cette finale nationale masculine sur les coups de 21h05. Le rendez-vous était donné de longue date et le moment était venu d’une nouvelle explication entre les deux premiers du championnat de France. Même quelques jours avant d’autres échéances européenne tout aussi cruciales, pas question de galvauder le moment, et les deux formations se présentaient avec le plus grand nombre d’arguments. Ainsi, au PSG, à défaut de Mathieu Grebille et David Balaguer, convalescents, Andreas Palicka, Ferran Solé et Kamil Syprzak étaient bien présents sur la feuille de match. Comme Valero Rivera, Baptiste Damatrin et Kauldi Odriozola dans les rangs nantais. Le duel pouvait commencer sur le terrain, à l’instar de ce qu’il se passait depuis plusieurs minutes déjà dans les tribunes. Tenant du titre et vainqueur de la dernière confrontation il y a quinze jours dans la Cité des Ducs, le HBC Nantes était le premier en action, dans le sillage de son ailier droit Théo Avelange-Demouge, qui découvrait le contexte et en profitait pour déflorer le tableau d’affichage. Il était imité dans la foulée par toute sa base arrière initiale, de Thibaud Briet à Jorge Maqueda, en passant par Aymeric Minne, pour une entame parfaite d’un « H » qui prenait le large (5-0, 6e). On ne pouvait rêver meilleur mise en route nantaise, même si la réaction parisienne n’allait pas se faire attendre. Au retour de son jet de 7 mètres réussi pour le premier but des siens (5-1, 7e), le géant polonais Syprzak exhortait ses partenaires à la rébellion. Le message était parfaitement reçu par Elohim Prandi et compagnie, qui grignotaient rapidement leur retard (6-3, 9e ; 7-6, 12e), jusqu’à égaliser avec le concours de leur meneur Luc Steins (7-7, 13e). Un répit de courte durée, car Nantes appuyait de nouveau sur l’accélérateur au gré d’une base arrière déchaînée et parfaitement articulée autour de son trio de base, mais aussi Alexandre Calvacanti, Julien Bos ou encore Jérémy Toto et Théo Monar, à la pointe de la défense comme de l’attaque. Alors qu’Ivan Pesic poursuivait son travail de sape, en dernier rempart, face aux attaquants adverses. Dès la 21e minute, le vainqueur sortant avait repris ses aises (14-8) et ne relâchait pas l’étreinte, en dépit des efforts du joker Jacob Holm (18-13). Et juste sur le gong, Calvacanti s’envolait encore pour signifier avec détermination que le HBC Nantes avaient bien les opérations en mains (19-13, mi-temps).

Paris a rendu les armes

Le début de second période allait être déterminant et l’on se demandait dans les travées de l’incandescent Bercy, si le peuple violet et son escouade furieuse étaient capables de rééditer leur magnifique partition du premier acte. La réponse ne se faisait pas attendre et au bout de huit minutes, Nantes avait encore fait fructifier son capital autour de ses internationaux Briet et Minne, alors que Valero Rivera avait débloqué son compteur aux sept mètres (24-16, 38e). Les expulsions temporaires pleuvaient sur des parisiens également déboussolés par la sortie prématurée d’Elohim Prandi, touché au genou. Même l’entrée de Nikola Karabatic, dans son antre fétiche, n’y faisait rien. Paris ne trouvait plus la faille face à l’énergie déployée en défense d’un dauphin survolté. À l’autre bout du terrain, Aymeric Minne ne se faisait pas prier pour fêter dignement son vingt-septième anniversaire, avec une 4e réalisation synonyme d’un plus 10 impressionnant (26-16, 41e). Et trois minutes plus tard, l’addition était encore plus salée pour un PSG totalement aphone durant douze minutes (29-16, 44e). Il n’en fallait pas plus pour résoudre Raul Gonzalez à rendre les armes et envoyer sa jeune garde au front, à l’instar de Léo Plantin, Gebelin et Peleka. D’autant qu’Ivan Pesic allait poursuivre jusqu’au bout son show dans les buts. À trois jours de son match aller à Berlin sur la scène continentale, le HBC Nantes pouvait souffler et savourer ce dernier quart d’heure d’une soirée magique. Il venait d’entrer par la grande porte dans la cour des grands, c’est-à-dire les clubs français capables de conserver leur couronne en coupe de France. Comme Nîmes, Vénissieux, Montpellier et le Paris SG auparavant dans l’histoire de la discipline. Un doublé qui en disait long sur la dimension prise par le club ligérien ces derniers temps. C’était aussi la première fois que Grégory Cojean et ses hommes triomphaient ainsi face au PSG en finale. En tribunes en revanche, les ultras de la capitale ne lâchaient rien et répondaient en écho à la furia violette d’en face, dans une fin de match devenue anecdotique (30-18, 50e ; 31-21, 58e) et animée d’un esprit bon enfant entre les deux rivaux. Mais il en faudra plus pour un Paris bien inquiétant à cinq jours de son quart de finale aller de Ligue des champions face à Barcelone.

DÉCLARATIONS

Grégory COJEAN (entraîneur du HBC Nantes) : Ca a été une très belle finale. J’avais préparé beaucoup de scénarios, dont la majorité disait qu’on devrait s’accrocher, mais on a pris le match en main. On a mis beaucoup d’intensité défensive, on a été juste des deux côtés du terrain, on perd très peu de ballons. On a été propre, c’est vraiment le bon résumé. On ne s’attendait pas à un match comme ça. C’est une belle aventure pour ce groupe, la troisième coupe de France pour le club. Ca montre que le groupe grandit, que le club grandit aussi. C’est vraiment magnifique de gagner un trophée, encore plus quand on est suivi par autant de supporters qui mettent une telle ambiance.

Luc STEINS (joueur du PSG) : C’est un non-match de notre part. Dès le début, nous ne sommes pas bien rentrés dans le match et on le paye cash à la fin. Pourtant, nous sommes revenus une fois au score, mais Nantes a continué à bien jouer et s’en était trop pour nous. À nous de relever la tête afin de construire un meilleur plan pour le prochain match. Je ne sais pas ce qu’il nous est arrivé aujourd’hui, peut-être cette entrée en matière qui nous a fait douter. Nous avons été capable de renverser une fois, mais il nous manquait trop d’énergie et de lucidité pour faire les bons choix au bon moment, comme calmer le jeu par exemple certainement ce soir. Nantes a bien profité de l’occasion pour nous punir. Il va falloir rapidement se démobiliser, bien se parler entre nous, et repartir de l’avant dans la perspective de Barcelone. J’espère que l’on va retenir quelque chose de la leçon de ce soir.

Aymeric MINNE (joueur du HBC Nantes) : Une soirée parfaite sur toute la ligne. Nous avions à coeur de battre à nouveau Paris, sur ses terres cette fois. Nous n’avions pas fait un bon match il y a deux ans, contrairement à ce soir, avec des rotations incroyables. Nous avons gagné ce match à seize. C’est rare quand même d’avoir cette sensation de domination contre Paris. Il faut s’en servir pour la suite. Ce n’est pas irréel puisqu’on l’a fait, mais ce n’est pas commun c’est sûr de dominer autant un match contre Paris franchement. On sait qu’ils peuvent passer de temps en temps à côté de leur match, comme contre Montpellier l’an dernier en coupe. Cette fois, nous en avons profité. Tant mieux. La coupe de France reste chez nous et ce n’est pas un mince exploit. Nous l’avions conquise contre Montpellier l’an dernier. On la conserve contre le PSG cette fois. Ce n’est quand même pas anodin.  

Ivan PESIC (gardien du HBC Nantes) :  C’est incroyable ! On s’attendait à un match très dur, très serré, mais on a su se sortir du piège en jouant presque le match parfait. On a défendu très fort et je crois que la clé c’est qu’on est resté calme tout du long. Même quand ils sont revenus au score en première période, on a continué à jouer notre jeu et ça a fini par payer. Par rapport à la saison passée, c’est encore plus fort pour moi car je fais un très bon match, avec une super défense ! Mais je crois que Montpellier, c’est aussi fort que Paris, sur un match. On sait que Paris doit perdre trois matchs dans la saison et on vient de les battre deux fois en dix jours, c’est un peu fou. Mais ça montre le niveau auquel on évolue en ce moment, et qu’il faut vraiment être fort pour nous battre. On a surtout essayé de continuer à pousser car on se souvenait du match à Paris en championnat où on menait de huit et on a fini par perdre. Il fallait surtout ne pas leur donner l’espoir de revenir, vraiment continuer à appuyer tant qu’on pouvait histoire de ne pas les laisser espérer. Et on a réussi à le faire, en équipe, et on est forcément super fier.

Raul GONZALEZ (entraîneur du PSG) : On a très mal commencé le match. Nantes a commencé au coup d’envoi, nous on a commencé…plus tard. En défense, en attaque, rien n’a vraiment fonctionné, on n’a jamais trouvé de solution en soixante minutes. Nantes est vraiment une équipe très forte, on avait fait un très bon travail en championnat là-bas il y a quinze jours, mais ils ont changé quelque chose qui nous a vraiment fait dérailler. Je ne pense pas que le match contre Barcelone soit une explication logique. Quand tu as mérité de jouer une finale, tu joues la finale et tu ne penses pas au match d’après. Pareil pour la fatigue, on avait l’impression qu’on était fatigué à la première minute de la rencontre. Que tu aies mal aux jambes à la fin du match, ok, mais pas là…Il va falloir se remettre la tête à l’endroit avant le match de Barcelone, il y a beaucoup de choses à retenir du match de ce soir.

La feuille de match de la rencontre

RÉSULTATS DES FINALES 2024

Départementale masculine : Lacanau Océhand (33) – Sainte-Gemmes-sur-Loire (49) : 30-29 (16-16)

Départementale féminine : Pagny/Moselle (54) – l’Étoile parisienne (75) : 28-24 (16-11)

Handsourd masculin : Association des Sourds de Tolosa (31) – Association sportive des Sourds de Lyon (69) : 36-35 (21-15)
Régionale masculine : Floirac Cenon (33) – Châteauneuf-en-Thymerais (28) : 37-33 (20-17)
Régionale féminine : US Beaurepaire (38) – CA Évron (53) : 17-25 (6-11)
Nationale masculine : HBC Nantes (44) – Paris SG handball (75) : 31-23 (19-13)