vainqueurs et invaincus

De Nantes à Cologne, en passant par Düsseldorf et Berlin, les Bleus n’ont pas dérogé à leur objectif : gagner partout, tout le temps. Un nul et huit victoires plus tard, les hommes de Guillaume Gille ont décroché un 4e plateau d’argent et renforcé leur image de machine à gagner, en toutes circonstances. Par Hubert Guériau.

Depuis son arrivée à la tête des Bleus au lendemain d’un Euro 2020 bafouillé (14e), Guillaume Gille a conduit son équipe cinq fois d’affilée dans le dernier carré. Avec une telle régularité à un niveau si élevé de performance, les médailles ne sont jamais loin. Après l’or olympique de 2021 au Japon, l’argent mondial en 2023 en Suède, une deuxième médaille d’or est venue consacrée le travail à 360 degrés de l’aîné de la fratrie Gille. Avec un fort leadership, Guillaume a su constituer un staff mobilisé pour accompagner un groupe riche de talents jamais satisfaits. « Ce groupe a une histoire et un noyau identifié. Avec cette abondance de biens, car c’est comme cela que je décris ce groupe, nous avons beaucoup de profils et de talents différents. » C’est avec l’objectif très relevé et partagé par des joueurs autant motivés que studieux – remporter le titre européen en année olympique – que Guillaume Gille a lancé la préparation de l’EHF EURO 2024, le dos résolument tourné à Paris 2024.

Après deux galops d’essai probants, face à la Tunisie (35-26) et le Brésil (37-28), dans le Hall XXL conquis par cette équipe de France joueuse, le sélectionneur a décidé de rallier l’Allemagne sans les locaux de l’étape nantaise, Aymeric Minne et Thibaud Briet, et avec le renfort de Benoît Kounkoud en raison de la lombalgie de Yanis Lenne contractée entre les deux matchs de préparation. Le hors-d’œuvre face à la Macédoine-du-Nord (39-29) permettait à l’équipe de France de lancer son Euro et parfaire ses réglages devant des dizaines de milliers de spectateurs venus battre un record du monde à la Merkur Spiel-Aréna. Direction Berlin pour une pause de quatre jours qui brisait le rythme des partenaires de Luka Karabatic. Face à la Suisse d’Andy Schmidt et le pivot Lukas Laube auteur d’un déterminant 9 sur 10, les Bleus concédaient le match nul (26-26) avant de se coltiner l’Allemagne dans la Mercedes Benz Arena. Se relancer, se qualifier, prendre les 2 points, Nikola Karabatic avaient bien tous ses objectifs en tête. En patron, il a guidé ses partenaires vers le tour principal avec une énergie contagieuse. Une Allemagne démantelée 33-30 par les champions olympiques. « Gagner un tel match fait forcément très plaisir, c’était un énorme match où on se savait très attendus, surtout face au pays-hôte et après la désillusion de dimanche, admettait le Parisien. On avait la pression, mais on a été capable de répondre, collectivement et individuellement. On a été bon, on prend tous les points possibles et, désormais, on attend la suite avec impatience. » 

La suite s’écrirait à Cologne et sa fameuse Lanxess Aréna qui accueille chaque année le Final 4 de la Ligue des Champions. Avec l’élimination surprise de l’Espagne, dans cette formule cruelle qui élimine la moitié des équipes dès le tour préliminaire, les Bleus arrivaient en force dans ce tour principal avec une adversité dense mais pas insurmontable. Tous les deux jours, quatre équipes se présentaient face à l’escouade tricolore qui gommait ses scories et soignait ses scores avec des avalanches de buts face à la Croatie (34-32, l’Islande (39-32), l’Autriche (33-28) et la Hongrie (35-32). Buteur à 7 reprises (sur 8 tentatives), Dika Mem appréciait la qualification pour les demies après la victoire face à l’Autriche : « la mission est remplie, mais la qualification en demi-finale, ce n’est pas la fin de la mission. J’arrive à un moment où l’équipe de France gagne moins de titres, sans doute parce qu’elle a mal habitué les gens, elle a tout gagné pendant quinze ans. Mais comme en 2022 ou en 2023, je ne suis venu que pour une chose : gagner. » Le ton était donné au moment où les Scandinaves, Suédois et Danois, quittaient Hambourg pour rejoindre Cologne et un Final Four exceptionnel avec le pays hôte (l’Allemagne), le tenant du titre (la Suède), le champion du monde en titre (le Danemark) et la France championne olympique.

Dans ce carré d’as, les Bleus allaient martyriser leurs adversaires. D’abord la Suède archi dominée lors de la première période de la demi-finale (18-11) avant de revenir à la hauteur des Bleus à (18-18) dès la 40e minute. Il serait tentant de narrer une histoire irrationnelle mais menés de 2 buts à 30 secondes du terme, les Bleus ont trouvé les ressources mentales et techniques pour obtenir l’égalisation et disputer les prolongations. À la force du bras et de la malice d’Élohim Prandi, un coup franc génial entré au panthéon du sport français, et des Bleus requinqués pour prendre le premier ticket vers la finale (34-30). 48 heures plus tard, c’est une éternelle revanche face au Danemark qui faisait saliver l’assistance. En remportant la « petite finale ». La Suède empochait sa qualification pour Paris 2024 face à l’Allemagne (qui disputera un TQO) avant que les Bleus mettent les nerfs de leurs supporters à l’épreuve. Menés de trois buts dès le retour des vestiaires (14-17), soit l’écart le plus important de la partie, les hommes de Guillaume Gille cravachaient dur pour rester au contact, jusqu’à l’égalisation (27-27) de Ludovic Fabregas et d’une nouvelle défense héroïque. Avec un Dika Mem retrouvé dans ces prolongations, les Bleus remportaient une 4e timbale 10 ans après le sacre de 2014 où figuraient déjà les frères Karabatic, Valentin Porte et Kentin Mahé. « On a fait un super mois où on a beaucoup travaillé. On a vraiment conscience que c’est une compétition qui est très difficile à gagner. On est vraiment des privilégiés d’avoir pu rapporter une nouvelle médaille d’or dans cette compétition-là, appréciait Ludovic Fabregas et de donner rendez-vous. On va essayer de de se préparer au mieux pour aborder les jeux de Paris avec le maximum de confiance et de certitudes pour tenter de remporter une nouvelle compétition. »

résultats

Düsseldorf – 10 janvier : France – Macédoine du Nord : 39-29 (17-13)
Berlin – 14 janvier : 
Suisse – France : 26-26 (14-14)
Berlin – 16 janvier : France – Allemagne : 33-30 (17-15)
Classement Groupe A : 1/ France 5 pts 2/ Allemagne 4 pts 3/ Macédoine du Nord 2 pts 4/ Suisse 1 pt

Tour principal – Lanxess Arena – Cologne :
18 janvier : France – Croatie : 34-32 (18-18)
20 janvier : France – Islande : 39-32 (17-14)
22 janvier :
 France – Autriche : 33-28 (15-16)
24 janvier : France 
– Hongrie : 35-32 (20-18)

Finalités – Lanxess Arena – Cologne :
26 janvier – Places 5-6 : Hongrie – Slovénie : 23-22 (12-13)
26 janvier – Demi-finales : France – Suède : 34-30 ap (17-11 – 10-16 – 7-3) / Allemagne – Danemark : 26-29 (14-12)
28 janvier – Places 3-4 : Suède – Allemagne : 34-31 (18-12)
28 janvier – Finale : France – Danemark : 33-31 AP (14-14 13-13 / 6-4)

la liste de 19 joueurs

Gardiens : Samir Bellahcene (THW Kiel) – Charles Bolzinger (Montpellier HB) – Rémi Desbonnet (Montpellier HB)
Ailiers gauches :  Hugo Descat (Telekom Veszprem) – Dylan Nahi (PGE VIVE Kielce)
Arrières gauches : Nikola Karabatic (Paris Saint Germain Handball) – Timothey N’Guessan (FC Barcelone) – Élohim Prandi (Paris Saint Germain Handball)
Demi-centres : Kentin Mahé (Telekom Veszprèm) – Nedim Remili (Telekom Veszprèm)
Pivots : Ludovic Fabregas (Telekom Veszprèm) – Luka Karabatic (Cap – Paris Saint Germain Handball) – Karl Konan (Montpellier HB) – Nicolas Tournat (PGE VIVE Kielce)
Arrières droits : Dika Mem (FC Barcelone) – Melvyn Richardson (FC Barcelone)
Ailiers droits : Benoît Kounkoud (PGE VIVE Kielce) – Yanis Lenne (Montpellier HB) – Valentin Porte (Montpellier HB)

le staff

Entraîneur : Guillaume GILLE / Entraîneur-adjoint : Érick MATHÉ / Entraîneur gardiens : Jean-Luc KIEFFER / Préparateur physique : Olivier MAURELLI / Analyste vidéo : Vincent GRIVEAU / Médecin : Emmanuel BIDET / Kinésithérapeutes : Sébastien GAUTIER, Jean-Christophe MABIRE et Florian PATALAGOÏTY / Manager des équipes de France : Emmanuelle MOUSSET / Communication et relation médias : Hubert GUÉRIAU / Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS / Chef de délégation : Bertrand GILLE / Vidéoman : Renan CHEDOTAL / Photographe : Baptiste FERNANDEZ / Intendant de l’équipe de France : Alexandre MASSINON