Notamment vice-championne du monde à deux reprises (2009 et 2011) sous l’égide d’Olivier Krumbholz, Marion Limal est désormais à la tête de l’équipe de France féminine… de BeachHandball. À l’aube de sa 2e saison avec les Bleues du Beach, l’entraîneure évoque la richesse de la fonction.

Comment se présente la reprise avec le stage programmé au Creps de Toulouse à partir du 9 décembre ?

Il s’agit d’une revue d’effectif en début de saison qui tient compte du vécu de l’équipe l’été dernier. Ce stage s’inscrit aussi dans une logique de détection avec un groupe plus étoffé que sur les stages habituels où 14 joueuses sont retenues. Cette fois, 20 joueuses seront convoquées parmi lesquelles 5-6 n’ont pas encore connu de circonstances avec les A. À Toulouse, nous bénéficierons des installations du Beach-Volley qui nous prête 2 terrains rassemblés dans une infrastructure chauffée.

Quels sont les objectifs ?

C’est une mise en concurrence avec des joueuses qui ont de l’expérience et de nouvelles joueuses qui auront envie de pousser la porte. Dorénavant, nous avons affaire à des Beacheuses qui progressent avec leur équipe de club ou avec leur équipe de ligue, notamment avec la Coupe de France des territoires. La majorité des joueuses sont issues de la N1 avec toutefois quelques-unes qui évoluent en Ligue Butagaz Énergie, en D2F ou dans d’autres niveaux de la division nationale.

Programmer un stage de BeachHandball au mois de décembre pourrait surprendre, non ?

Nous profitons de la trêve internationale avec la possibilité pour les joueuses de profiter ensuite d’une période de repos avant la reprise avec leur club. Cette période au mois de décembre nous parait plus opportune que le mois de février où le premier stage de la saison est habituellement programmé, à un moment où les joueuses nous semblent plus fatiguées. C’est pourquoi il n’y aura pas de stage en février prochain.

Laurane Scalabrino ne fait pas partie de la liste ?

Elle est présente dans le collectif depuis 2019, elle est notre gardienne principale et est capitaine de l’équipe de France. Son absence est ponctuelle, par conséquent nous allons évaluer d’autres filles sur ce poste-là.

Quelle est ta visibilité sur les stages du printemps ?

Nous ferons face à la Pologne et à l’Allemagne qui a tout gagné ces dernières saisons. Tout n’est pas précisément calé, mais nous devrions rejoindre les Allemandes qui nous avaient reçues l’an passé tandis que nous irons certainement en Pologne. La saison passée, les Polonaises étaient en effet venues jouer à Châteauroux.

Les championnats d’Europe se dérouleront en Turquie du 10 au 13 juillet. Quelles seront les ambitions de l’équipe de France ?

L’objectif sera d’aller chercher, au moins, les quarts de finale pour montrer notre progression et capitaliser sur notre travail. Lors de notre premier Euro, en 2017, nous avions réussi à décrocher la 7e place qui nous avait tout de même permis de participer au Mondial l’année suivante.

Tu as été internationale de handball, de BeachHandball, puis tu as intégré le staff auprès de Valérie Nicolas et de Joëlle Demouge, avant de prendre les rênes la saison dernière de l’équipe de France féminine de BeachHandball. Comment appréhendes-tu la fonction ?

Je m’inscris dans la continuité de ce que nous faisions à trois les années précédentes. J’ai pris le poste avec beaucoup de fierté car c’est un sport qui m’a vraiment piqué. Quand j’ai décidé de m’investir dans le Beach, je savais que c’était ce désir de transmettre qui allait me porter. Il y a encore des filles qui m’ont connu sur le terrain et qui m’ont vu passer de l’autre côté. J’essaie d’être le plus proche possible et de m’inscrire dans un management participatif, en collaboration avec les filles. Ce travail s’est mis facilement en place dans le cadre d’une relation de confiance entre les joueuses et le staff qui, hormis le départ de Valérie Nicolas, n’a pas évolué. Communiquer de la meilleure manière était le défi le plus important. Le travail a commencé à payer cet été et a démontré que nous avions de la ressource.

Pendant les Jeux olympiques, la Maison du handball a organisé un showcase pour faire la promotion du BeachHandball, une idée portée et concrétisée, en particulier par Philippe Bana. Comment as-tu reçu cette initiative très volontariste ?

Clairement, on l’a tous perçue comme ça et on était tous ravis d’apprendre que l’idée avait germé et qu’elle avait été mise en exécution. Je pense que nous avons la chance d’avoir une fédération qui nous suit et met des moyens à disposition pour nous permettre de travailler. Dans d’autres pays, les joueuses payent leurs déplacements et leurs équipements. Chacun a compris ce que ce Showcase représentait et c’était clairement comme une récompense qui a permis de se rapprocher un peu plus des jeux olympiques. Le président de la fédération mondiale et 30 présidents de fédération étaient présents et c’était important de leur montrer tout le potentiel de ce sport qui n’est pas en concurrence avec le handball indoor.

Sur le banc, retrouvez-tu des émotions comparables à celle que tu as connues en tant que joueuse ?

C’est clairement un positionnement différent et je me suis fait la réflexion quand je me suis retrouvée debout, devant le banc, pour la première fois, à manager de A à Z avec Joëlle Demouge. Je vibre encore plus que si j’étais sur le terrain, intensément. Le format est tellement rapide (2 x 10’) que cela se joue souvent à une possession. C’est beaucoup plus serré qu’un match de handball et tu as moins le temps de réfléchir : il faut être hyper agile et cela décuple encore plus les émotions. Tu bosses sur des trucs, tu les mets en pratique sur le terrain, tu crées quelque chose avec les joueuses pour qu’elles puissent être le plus performantes possible. Tout cela est hyper plaisant.

Au cours de ta carrière, tu as forcément été soumise au choix des entraîneurs. Quel regard poses-tu aujourd’hui sur les décisions parfois cornéliennes qui peuvent ne pas toujours être comprises par les joueuses ?

Je suis très pragmatique : je n’ai jamais pris personnellement les décisions. Je n’étais pas non plus du genre à faire la gueule pendant trois semaines. On va plutôt dire que j’étais, entre guillemets, « la bonne coéquipière » et que j’ai parfois fait preuve de beaucoup de résilience. Je prenais le positif et j’essayais de de voir ce qui pouvait ne pas me briser. Si tu te prends la tête à chaque décision du coach, clairement tu ne t’en sors pas et tu creuses ton trou.

Quelle est ta méthode alors quand il faut trancher ?

Ce qui me touche plus, c’est plutôt la manière de faire et comment tu l’annonces aux joueuses. Développer la relation d’humain à humain plutôt que d’entraîneure à entraînée. Il y a des entraîneurs qui sont plus ou moins doués dans les relations humaines et dans la communication. Toutes les joueuses ont une sensibilité différente et quand il faut en mettre une de côté, pour le besoin du groupe, je crois savoir ce qu’elle peut ressentir. J’essaie de trouver les bons mots pour qu’elle reste mobilisée. Certaines sont parfois en colère mais j’essaie d’être la plus la plus transparente possible, de faire preuve d’empathie. Cela reste du sport de haut niveau et il faut essayer de faire les meilleurs choix possibles, surtout de les transmettre de la meilleure manière possible.