Un peu plus de deux mois après la fin de l’EHF EURO 2024, l’équipe de France féminine se retrouve cette semaine, avec deux matchs amicaux au programme face à l’Allemagne, jeudi soir à Trêves (18h30) et samedi soir à Besançon (18h). L’occasion d’évoquer le bilan de la compétition européenne ainsi que l’arrivée de nouvelles joueuses avec la gardienne tricolore Laura Glauser.
Laura, que faut-il retenir de l’EHF EURO 2024 ?
Il reste des leçons à tirer, des bonnes choses à garder. On n’a pas à rougir de notre performance à l’Euro, on fait globalement une bonne compétition même si le résultat n’est pas celui qu’on espérait. Il y a aussi du travail à accomplir car on a envie de continuer à remporter des titres avec cette équipe de France.
Y’a-t-il de la frustration, de la déception ?
Il y a eu beaucoup de frustration sur le moment. Avec le recul, c’est plus la déception qui domine, parce qu’on ne passe pas loin de faire une médaille. On échoue de peu, mais c’est ce qui fait le haut niveau, ces détails. Il faut qu’on avance, on ne peut pas rester bloqué dans le passé. Il faut qu’on se serve de ça pour repartir de l’avant, qu’on apprenne de notre échec pour aller chercher quelque chose de plus beau la prochaine fois.
Il y a énormément de nouveaux visages cette semaine, quel effet ça fait ?
Je me sens ancienne ! Je ne dirais pas que je suis perdue, mais un peu comme au début d’une nouvelle ère. Je suis dans l’observation, car je ne connais pas ces jeunes filles. Je regarde un peu comment elles agissent, pour voir quel genre de personnes elles peuvent être. Mais c’est cool, ça fait du bien aussi de voir des nouveaux visages. Elles ont envie d’être là, elles ont beaucoup de positivité, j’ai hâte de m’entrainer avec elles. Je suis quelqu’un d’assez timide dans la vie, je ne vais que rarement vers les gens pour leur demander comment ça va. Mais sur le terrain, je suis bien plus à l’aise, donc je suis impatiente qu’on s’y retrouve.
Etre entourée d’anciennes internationales U21, c’est aussi un beau symbole…
On voit qu’il y a encore de la qualité qui pousse derrière. On sait qu’on est passé par là, cette première convocation, on arrive dans le monde des grands, ce n’est pas simple. A nous de bien les accueillir, de les mettre dans les meilleures conditions pour qu’elles grandissent dans ce groupe, car ces joueuses font partie du futur de l’équipe de France.
Que peut-on attendre de l’équipe de France sur les deux confrontations de cette semaine ?
C’est une équipe un peu différente de d’habitude, mais on ne vient pas pour faire semblant de jouer. On veut vraiment essayer de gagner, de travailler, parce qu’on sait qu’il n’y a pas beaucoup d’occasions de le faire. C’est toujours un plaisir de revenir ici, de pouvoir offrir au public français un beau spectacle. L’Allemagne est une belle équipe, et malgré nos absences, on va tout donner pour essayer de gagner.
Sébastien Gardillou t’a choisi pour être capitaine cette semaine face à l’Allemagne. Quel est ton sentiment ?
Je suis contente qu’on ait pensé à moi. J’ai envie d’être à la hauteur du brassard, du brassard de l’équipe de France aussi. Je ne veux pas décevoir Estelle, qui est une très bonne capitaine, je veux vraiment être à la hauteur de ce qu’elle peut offrir à ce groupe. On ne sait pas à quel point elle donne à ce maillot. J’ai envie de garder cette dynamique le temps qu’elle revienne ou que quelqu’un d’autre ne revienne, je ne sais pas. J’ai juste envie de bien faire les choses.
L’équipe de France va revenir samedi à Besançon, là où tout a commencé pour toi. On t’imagine heureuse…
J’adore ! Bon, il a fallu que je me batte pour faire entrer toute la famille dans le Palais des Sports, j’ai cherché mais on y est arrivé ! Je suis trop contente de revenir, peut-être pas là où tout a commencé puisque j’ai commencé le handball en Haute-Saône, mais en tout cas où ma carrière professionnelle a débuté. C’est vraiment cool de jouer à la maison. Ca ne me procure que des belles émotions.
En quoi est-ce une fierté de revenir à Besançon avec le brassard bleu-blanc-rouge ?
Pouvoir rejouer devant ma famille avec l’équipe de France, c’est grand. Normalement ma grand-mère sera là, c’est génial. Pouvoir lui offrir du spectacle, qu’elle revive ce genre d’émotions, c’est très important pour moi. Comme le fait de pouvoir jouer devant ma fille, qu’elle me voit en pleine possession de mes moyens. J’ai envie de lui faire partager nos émotions, les valeurs du handball aussi, qui sont des choses positives. J’ai plein de gratitude vis-à-vis de mon sport, de ma vie actuelle, et j’ai envie qu’elle se rende compte de tout ça. Vivre ça avec elle, voir les étoiles dans ses yeux quand on gagne une médaille, ça n’a pas de prix.
Que dirais-tu à la Laura qui découvrait le handball professionnel il y a presque vingt ans ?
Je lui aurais dit de croire en sa singularité et que la sensibilité n’est pas une faiblesse. Au contraire, ça peut devenir une force et il faut accepter les choses telles qu’elles sont. Etre sensible, ça peut nous aider à évoluer sur et en dehors des terrains. Je lui dirais de continuer à bosser, de croire en elle.
On a la sensation que tu te sentais un peu différente, à l’époque. On se trompe ?
Non…J’ai sans doute eu du mal à accepter que j’avais mon style à moi, que j’avais ma façon de faire, que ce soit scolaire ou dans le handball. Je ne suis pas scolaire, je fais de la vidéo mais pas trop, je ne connais pas tout sur le bout des doigts, sinon ça va m’angoisser. J’ai trouvé mon style. Peut-être que certains entraineurs ne sont pas d’accord ou ne comprennent pas mon mode de fonctionnement, mais j’ai compris que j’avais ma singularité et que je devais y croire à 1000%.