Chaque jour, une Française vous fait partager sa passion, son projet ou son coup de c?ur. Pour commencer, honneur au sélectionneur : Olivier Krumbholz nous raconte avec délice sa fine connaissance du vin.
« Ce qui me passionne dans le vin, c?est le moment de convivialité qui s?y rattache. Le vin est un partage, une fête, une finesse, une complexité. Une offrande également, il y a cette idée d?offrir une bonne bouteille aux invités qu?on reçoit. Cela revient à poser la question de ce qu?est le plaisir dans la vie, en dehors de sa famille et de son travail. Et c?est aussi notre terre, pour nous qui avons la chance d?être français. Le vin est selon moi le plus grand patrimoine de la France.
Cette passion est liée à mes rencontres. Avec Eric (Baradat, son adjoint en équipe de France) et Christophe (Caillabet, le responsable vidéo), on en parle beaucoup, on échange des informations, on s?achète des bouteilles. On forme un vrai business, comme une petite entreprise !
J?ai plus de mille bouteilles dans ma cave. Quand j?ai fait construire ma maison il y a quinze ans, près de Metz, j?avais prévu un espace, non bétonné et réfrigéré. Mais je n?ai pas de vieilles bouteilles, la plus ancienne doit dater de 1990. Je n?aime pas trop laisser vieillir le vin, je trouve désolant de laisser passer un vin. Et j?aime la puissance des vins jeunes.
Au départ, j?ai beaucoup acheté dans le Bordelais, ensuite dans le Languedoc et la vallée du Rhône. Je me suis détourné des vins de Bordeaux car je n?accepte pas leur stratégie de prix qui fait qu?on n?a plus accès aux grands crus, et puis parce que ces vins ont un aspect végétal, côné, une sorte d?amertume qu?on retrouve dans le poivron vert, que je n?aime pas.
Ma meilleure bouteille, je dirais que c?est un Grange des pères 2001, un vin rouge du Languedoc. C?est pour moi ce qu?il y a de plus remarquable, de plus exceptionnel. Il est renommé et on le reconnaît, il a une vraie personnalité, une forme de puissance sans être lourd, avec un côté aérien. J?ai souvent lu des critiques sur ce vin, mais jamais un invité ne m?en a fait une après que j?en ai ouvert une bouteille.
Autant le handball est un sujet vaste, autant le vin l?est encore dix fois plus. Il y a tellement de critères en jeu? Je pense qu?il y a une grande similitude entre le travail d?un entraîneur de handball et celui d?un vigneron. On travaille tous les deux sur des millésimes, les raisins ont du potentiel mais il faut le faire fructifier. Cela nécessite une passion extrême, ainsi que de tout remettre en cause l?année suivante après un grand millésime.
Je n?ai jamais pensé à faire un parallèle entre mes joueuses de l?équipe de France et des millésimes, mais on pourrait s?amuser à le faire. Une Audrey Deroin correspondrait alors au fameux Grange des pères, un vin exubérant, qui interpelle, un vin feu d?artifice. Siraba Dembélé, en revanche, serait un vin qui ne se livre pas tout de suite, qui se dévoile petit à petit et qui révèle une grande profondeur, disons un grand Bordeaux où la puissance est contrôlée, un vin d?initié. »