Les Femmes de défis ont rendez-vous avec leur destin à 17h30 (heure française) face à la Suède, en 8ème de finale du championnat du monde. L?équipe de France n?a sans doute jamais compté autant de talents dans ses rangs qu?en cette fin d?olympiade. Le fruit d?un système de formation performant dont Allison Pineau et Claudine Mendy sont les plus jeunes fleurons.


Les Femmes de défis ont rendez-vous avec leur destin, cet après-midi face à la Suède, en huitième de finale du championnat du monde. L?équipe de France n?a sans doute jamais compté autant de talents dans ses rangs qu?en cette fin d?olympiade. Le fruit d?un système de formation performant, mis en place il y a une dizaine d?années, dont Allison Pineau et Claudine Mendy sont les plus jeunes fleurons.


La médaille d?argent obtenue au Mondial 1999 en Norvège est souvent considérée comme l?acte de naissance de l?équipe de France féminine. C?est bien sûr exagéré, mais le 12 décembre 1999 marque assurément l?entrée de la France dans le concert des grandes nations. Un concert qu?elle n?a jamais vraiment quitté depuis douze ans, alors que toute les joueuses présentes en Norvège ont aujourd?hui pris leur retraite internationale? Ce constat s?explique en partie par tout ce qu?a déclenché la médaille de Lillehammer au niveau de la formation française. « Depuis 1999, on a commencé à bosser comme des malades dans ce domaine, explique le DTN Philippe Bana. En fait, on a photocopié le système des équipes de France hommes. On a aujourd?hui quatre équipes nationales féminines et vingt-quatre pôles espoirs dispersés dans toute la France, ce sont exactement les mêmes chiffres que pour les hommes. Les conditions d?entraînement sont les mêmes, les primes en équipe de France A sont les mêmes? On a développé la même machine à fabriquer des champions chez les garçons et chez les filles, et peu de nations peuvent en dire autant. »

L?équipe de France a ainsi changé de visage au cours des dernières années. La génération des pionnières, les Wendling, Pecqueux-Rolland, Nicolas, Lejeune, Myaro, Delerce, Cano et consorts, ont peu à peu laissé la place à des jeunes pousses aux qualités physiques sans doute plus marquées, et passées par les pôles de formation. « On est aujourd?hui très opérationnels dans la détection et la formation. On a des entraîneurs nationaux, des CTS (conseillers techniques sportifs, embauchés par le ministère des sports), des CTF (conseillers techniques fédéraux, embauchés par un comité, une ligue ou la fédération). Le dispositif est lourd, mais puissant et organisé », souligne Olivier Krumbholz.

Le parcours d?Allison Pineau, 22 ans et près de cinq ans de présence en équipe de France, est à ce titre éclairant. La Parisienne a commencé à jouer en comité départemental en étant surclassée avec la génération 1988 (elle est née en 1989), avant de recevoir un courrier l?invitant à une journée de détection pour intégrer le pôle espoirs de Tournan (devenu Chatenay-Malabry). Elle y a passé trois années, est ensuite restée un an en « stand-by » (en jouant en Nationale 1 avec son club de Villemonble), avant d?intégrer le centre de formation d?Issy-les-Moulineaux pour trois années, la dernière en tant que joueuse professionnelle. « Je suis contente de la formation que j?ai reçue par mes entraîneurs, explique la demi-centre des Bleues. Un bémol, avec le recul, je pense qu?elle aurait pu être meilleure, notamment dans le suivi de la joueuse. Je trouve aussi qu?il manque une vraie école française. Chaque entraîneur fait un peu comme il veut, à sa façon. C?est parfois déroutant pour une jeune joueuse d?avoir des entraîneurs de pôle ou de club qui donnent des conseils ou des axes de travail un peu contradictoires. »

Couver les grands talents de demain
C?est justement pour améliorer cette cohérence qu?Olivier Krumbholz réclame une « formation à la française ». L?entraîneur des Bleues ne souhaite toutefois pas aller aussi loin que les Danoises, les Russes ou les Coréennes, qui apprennent depuis toutes petites un style de jeu tellement défini qu?on dirait presque des clones, au niveau des savoir-faire, une fois qu?elles sont devenues internationales : « En France, on a davantage de richesse dans le métissage des joueuses, et il faut cultiver ces différences. Mais on pourrait aller vers un tronc commun plus large dans la formation de la joueuse. Cela passe par plus de transversalité entre les entraîneurs concernés, plus d?échanges. »

Le staff de l?équipe de France a également choisi, depuis quelques années, de couver plus spécialement les grands talents de demain. « Notre but est d?identifier les supers potentiels et d?adapter notre stratégie à eux, d?engager des moyens pour leur offrir une formation plus personnalisée, poursuit Olivier Krumbholz. C?est pour cela qu?on a intégré très tôt Allison Pineau et Claudine Mendy en équipe de France A, et c?est ce qu?on est en train de faire avec Audrey Bruneau. Le but est de les confronter rapidement au niveau d?exigence des seniors, qu?elles apprennent plus vite comment joue l?équipe de France. On peut dire que ça a plutôt bien marché avec Allison et Claudine. »

Mais attention, le système de formation peut être aussi performant que possible, il ne garantit pas pour autant que l?équipe nationale senior remplira ensuite l?armoire à trophées. Olivier Krumbolz reconnaît volontiers qu?« il n?y a pas que le dispositif qui crée les potentiels. Parfois on a la chance de récupérer des potentiels exceptionnels, le meilleur exemple étant Nikola Karabatic, qui est le fils d?un joueur et d?un homme d?exception avant d?être un pur produit du handball français. Il y a souvent des pics avec certaines générations, et aujourd?hui j?espère qu?on est au début d?un pic, car on a une équipe avec des joueuses à fort potentiel sur tous les postes, qui se complètent bien. » Voilà pourquoi on espère beaucoup de ces Femmes de défis, qui devront se défaire des vice-championnes d?Europe suédoise cet après-midi, pour gagner le droit de défier la Russie en quart de finale du Mondial…