Opposées au Japon, ce soir pour leur entrée en lice dans le Mondial, les Bleues compteront sur leur capitaine, Amélie Goudjo, pour les placer sur de bons rails. Leader naturelle, la joueuse d?Issy Paris est unanimement appréciée dans le groupe et joue un rôle décisif dans la vie interne de l?équipe de France. Décryptage.
Amélie Goudjo n?est pas du genre à fuir les responsabilités. Peu importe qu?elle n?ait pas autant de vécu en équipe de France que certaines de ses jeunes coéquipières, elle assume sa mission de capitaine avec enthousiasme, détermination et sagesse : « Mon rôle est de faire en sorte que tout le monde ait le même objectif, que chaque fille se sente impliquée de la même façon quel que soit son temps de jeu, cinq ou soixante minutes par match? L?idée est de mettre les égos de côté. Je me sens responsable quand le groupe n?est pas dedans, alors si c?est nécessaire, j?essaie de faire monter le niveau d?agressivité. »
Proche de toutes les joueuses de l?équipe de France, « Amel » connaît tout de la vie de groupe. Elle sent quand quelque chose ne va pas. Elle échange beaucoup avec le staff médical, avec le sélectionneur Olivier Krumbholz, et surtout avec ses coéquipières. Sa méthode, c?est le dialogue. La collégialité. « J?ai beaucoup de relais dans l?équipe, quelque part nous sommes toutes un peu leader, explique-t-elle. Je parle très souvent à Raph (Raphaëlle Tervel) ou à Camille (Ayglon) avant de prendre une décision. On parlait déjà beaucoup quand Raph était capitaine, on fonctionne ainsi depuis trois ans, les bases sont solides. » La pivot d?Issy Paris a pris le relais de Raphaëlle Tervel cet été, mais en réalité elle a porté le brassard une grande partie de la saison dernière, quand sa copine d?Itxako était blessée.
« Ce groupe fonctionne davantage à l?affectif qu?à l?engueulade »
Olivier Krumbholz la définit comme une capitaine « participative » : « Elle essaie plus d?être un porte-parole intelligent qu?une capitaine qui harangue. » Le sélectionneur apprécie le fonctionnement interne du groupe France : « Je n?ai jamais considéré que le capitanat était l?affaire d?une seule personne. Comme on a un groupe homogène en termes d?âge, il est évident que les deux anciennes, Raphaëlle et Amélie, jouent un rôle bien précis. Amélie est davantage la capitaine de groupe, accompagnée par d?autres comme Camille et Siraba, alors que Raphaëlle est plus la capitaine de jeu. »
Cette complémentarité permet aussi d?éviter le piège qui peut se refermer sur chaque capitaine. « Il est primordial que le capitanat n?empêche pas la joueuse qui porte le brassard de se concentrer sur son propre jeu, analyse Olivier Krumbholz. Dans un groupe discipliné, un capitaine se sent valorisé. Mais dans le cas contraire, il peut vite s?épuiser à tenter de résoudre les problèmes à droite à gauche, et peut finir exsangue. J?ai déjà récupéré des capitaines en pleurs, qui voulaient se décharger de cette responsabilité car elles n?arrivaient plus à se concentrer sur leur performance de joueuse. De toute manière, il n?y a qu?un seul patron, et c?est moi. »
Dans le vestiaire, lors des rituels d?avant-match, Amélie Goudjo est celle qui prend la parole pour motiver le groupe. On jurerait qu?elle ne hausse jamais le ton, tant elle est d?un naturel calme. Toujours sereine, toujours souriante. « Mais si, il m?arrive de m?énerver ! Je suis aussi quelqu?un d?impulsif, rectifie-t-elle. Mais il est très rare que le ton monte. Ce groupe-là fonctionne davantage à l?affectif qu?à l?engueulade. » Le brassard bleu-blanc-rouge est lourd de responsabilités, mais il est également un symbole qui ne la laisse pas indifférente : « C?est aussi une fierté, c?est quand même l?équipe nationale? On représente le pays et beaucoup de joueuses aimeraient être à notre place. Il ne faut jamais oublier que c?est une chance d?être là. Moi j?avais des étoiles dans les yeux quand j?ai découvert le niveau international? » Des étoiles qu?elle reverra sans doute ce soir, au moment de la première Marseillaise de ces championnats du Monde au Brésil.