Ancien capitaine de l’équipe de France, champion d’Europe, du monde et olympique, Olivier Girault a succédé à Philippe Bernat-Salles le 3 février dernier à la tête de la Ligue Nationale de Handball (LNH). Interview.

Cela fait près de 2 mois que tu es devenu président de la LNH. Comment te sens-tu dans cette nouvelle fonction ?
Chaque jour j’arrive au siège de la LNH avec le même plaisir de retrouver l’équipe et de la voir œuvrer au développement de la Ligue. Nous sommes actuellement en train de nous mettre en place et d’optimiser les fonctions. Un très gros travail a été réalisé par Étienne Capon, le directeur de la Ligue que je tiens à féliciter, car dès le vote de l’UCPH le 9 janvier dernier, nous avons eu de nombreux échanges sur les dossiers afin d’éviter une période de latence. Nous avons instauré chaque mardi matin, un petit-déjeuner en commun avec toute l’équipe car chacun à son importance. J’avais entendu des bruits que j’allais tout changer… Deux mois après, je constate que tout le monde est de bonne humeur et travaille avec le même objectif : l’envie de réussir.

En revanche, certains aspects administratifs de la structure te pèsent-ils ?
Non pas du tout. Lorsque tu récupères un tel bébé, il faut prendre en compte les choses ont en cours qui ont déjà été votées. Il faut en assurer la paternité et optimiser ce qui a déjà été fait.

La fonction présidentielle peut être chronophage. Comment t’accommodes-tu de ce nouveau rythme de vie ?
Nous sommes très organisés car il y a un véritable partage de tâches avec Étienne. Des rituels se mettent en place selon les dossiers, selon les semaines. Il y a des cases à cocher, urgent / important – pas urgent / pas important. Ce qui est urgent / important, c’est le dossier dont on parle le plus mais dont on peut le moins parler, celui des droits TV. Il s’agit d’un gros chantier. Il y aussi les visites des clubs étalées sur deux mois. Je me situe plus dans l’action que dans la représentation.

Quels sont les objectifs de cette tournée des clubs de LidlStar Ligue et de Proligue ?
Ce ne sont pas des voyages d’agrément où on vient seulement assister à des matches : ce sont aussi des temps d’échange avec les partenaires et les représentants des collectivités territoriales. Rencontrer les médias locaux est aussi fondamental car ils jouent un rôle important dans la communication et la valorisation des clubs.

Quelles sont les premières pistes de travail qui émergent ?
Il y a des problématiques spécifiques qui en réalité se ressemblent beaucoup entre les clubs. La saison prochaine, nous avons la volonté de mettre en place un partage d’expérience entre les clubs afin de concourir à un développement plus rapide.

Revenons sur les droits TV que tu as beaucoup évoqué lors de ta campagne. Que peux-tu nous en dire, à date, sur ce dossier majeur ?
Nous sommes encore en contrat avec notre partenaire beIN SPORTS jusqu’à l’issue de la saison 2018-2019. Nous espérons annoncer quelque chose à nos clubs et aux téléspectateurs d’ici à la fin de cette saison. Dès lors où il s’agit de renégociation potentiellement à la hausse, il faut évoquer l’augmentation de la masse salariale afin que les clubs puissent rester compétitif sur l’échiquier mondial. Cette manne supplémentaire permettrait de pérenniser le développement de nos clubs et aiderait la Ligue à franchir un cap supérieur.

L’arbitrage est aussi régulièrement évoqué…
C’est un sujet sensible et important à nos yeux. Il a été remis sur la table année après année et il faut s’en saisir à nouveau. Pour développer un spectacle de qualité, il faut pouvoir compter sur des arbitres de qualité. Il y a eu beaucoup de changements de règles qui induisent des réflexions du côté des arbitres. La professionnalisation est aussi. Il faudra rassembler la FFHandball, les acteurs du jeu et les présidents du club. L’arbitrage sera évoqué lors de la prochaine assemblée générale de la FFHandball.

Quelle relation souhaites-tu développer avec la FFHandball ?
Ce sont deux entités totalement différentes mais qui ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre. On a parfois essayé de les opposer mais ce serait suicidaire. L’ADN de notre sport, c’est le passage de tous les handballeurs par les associations sportives et le sport à l’école. Pour ceux qui ont quelques aptitudes, c’est l’opportunité d’aller voir plus haut. Sans formation, il n’y a pas de Handball de haut niveau et pas d’équipe de France championne du monde. Il faut donc continuer à anticiper les problèmes qui pourraient subvenir et imaginer le Handball de demain.

En 2008 à Pékin, tu partageais la chambre avec un certain Didier Dinart. Dix ans après, vos parcours sont tout simplement remarquables…
Cela ne manque pas du tout d’avoir une compagne de 100 kg à mes côtés et qui me réveille (rires). Oui, nous sommes deux Guadeloupéens qui ont aujourd’hui des positions dans le Handball. Je suis heureux de voir mes anciens coéquipiers engagés, je pense aussi à Guillaume Gille en équipe de France et à Jérôme Fernandez à Aix-en-Provence. Je salue aussi la bonne idée de la fédération de mettre les meilleurs d’entre nous à la tête des équipes de France jeunes. Je tiens à saluer le boulot fabuleux effectué par Éric Quintin depuis plusieurs années.

Cette relation directe avec Didier, c’est une aubaine pour faciliter le dialogue sur le Handball professionnel…
Oui bien sûr c’est facilitateur mais en même Didier est l’entraîneur de l‘équipe de France et donc encore sur le terrain. Pour ma part, je suis maintenant dirigeant et les discussions sur la politique sportive s’effectuent plutôt avec le président et le directeur Technique de la FFHandball.

Ton activité de consultant et d’animateur sur RMC ne te manque t’elle pas ?
Non car il y a plusieurs vies et celle-là m’a beaucoup apporté. J’ai eu cette opportunité d’être consultant, de faire de la radio qui n’est pas un exercice aisé. Je remercie ceux qui m’ont donné cette chance. En général je ne retourne pas dans ce que j’ai déjà fait. Et avant que la question me soit posée (sourire), il est encore trop frais pour savoir ce que je ferai après.