Afin de mieux vous connaître, quel est votre parcours sportif et associatif dans le Handball ?
Pascale Jeannin : Je suis originaire de Franche-Comté et j’ai débuté le Handball à l’ES Besançon où j’ai joué en D1 (pivot). Mon CAPEPS en poche, j’ai été mutée comme enseignante d’EPS en Île-de-France où j’ai évolué à l’US Créteil en N1B, puis à Issy-les-Moulineaux en D1 et enfin en D2 à Alfortville. Parallèlement, j’entraînais une équipe de jeunes dans chacun de ces clubs. Un parcours qui m’a amenée à entraîner en N2 puis en N1 à l’US Colombes et à effectuer une pige à Nanterre en ProD2 masculine. À partir de 2012, j’ai été sollicitée pour intégrer le CA de la Ligue Île-de-France – Est présidée par Jean-Louis Kimmoun. Ce dernier m’a fait confiance pour développer le plan de féminisation et les relations avec le monde scolaire et universitaire (EPS, UNSS et FFSU), ceci en étroite collaboration avec Béatrice Cosnard (chargée de développement) et Dominique Verdon (CTS). J’ai notamment dispensé des formations de Hand à 4, à destination des professeurs d’EPS.
Pascal Wettle : J’ai commencé à l’âge de 12 ans par l’ASSU où j’ai été repéré par mon futur club, l’ASPTT Mulhouse, au sein duquel j’ai vécu une longue aventure. D’abord en tant que joueur jusqu’au niveau national (arrière gauche, demi-centre) puis comme entraîneur et jusqu’à président. Ma passion est intacte : pendant la semaine, je vis à Paris et dès que j‘en ai l’occasion, j’assiste à des matches des équipes professionnelles, notamment de l’US Ivry puisque la Banque Populaire Rives de Paris – dont je suis le directeur général adjoint – est l’un de ses partenaires. Nous apprécions les valeurs de ce club que nous accompagnons dans cette phase de transition pour faire face à la baisse des subventions publiques.
Outre les formidables résultats sportifs des équipes de France, quelles sont vos observations sur l’évolution de la FFHandball sur les 2-3 dernières décennies ?
Pascale Jeannin : La fédération s’adapte au gré des évolutions de la société. Sur 30 ans, l’évolution du Handball français est éblouissante quant à ses résultats. Il a réussi sa professionnalisation de la plus belle manière alliant résultats au plus haut niveau et équilibre financier sans y perdre son âme. La FFHandball a également réussi le développement du Handball en proposant d’autres pratiques qui lui permettent aujourd’hui d’atteindre plus de 500 000 licenciés (licences événementielles comprises). Le Handball compétitif n’est plus le seul objectif des pratiquants, ils veulent aussi maintenant jouer pour le plaisir, pour entretenir leur santé. La fédération s’adapte en permanence en proposant des offres de pratiques qui vont dans ce sens : la naissance du Handfit illustre bien cette évolution. Tout comme le Hand à 4 qui va permettre aux jeunes, mais aussi aux moins jeunes, d’éprouver plus de plaisir en marquant davantage de buts. Mais notre fédération ne fait pas que s’adapter, elle impulse aussi et le Babyhand innove en intégrant la présence des parents dans la pratique de leur enfant. Belle idée, entre autres, pour fidéliser de nouveaux dirigeants…
Pascal Wettle : Malgré un développement très important, je trouve que l’esprit du Handball demeure. La FFHandball a su patiemment mettre en place une filière de détection et de formation que l’on nous envie. J’observe aujourd’hui qu’elle adapte ses structures pour maintenir son avance. Il y a encore un palier important à franchir pour mettre en place les trois grands piliers définis par Joël Delplanque : être performant sportivement et socialement, et réussir la réforme territoriale. Il faut en effet des Ligues plus fortes avec une proximité renforcée auprès des clubs. C’est un défi difficile à tenir car si les fusions ont été rapidement effectuées, il faudra une mandature – 3-4 ans – pour que la culture soit commune car le respect des valeurs conditionne la réussite du projet commun.
Quel a été l’élément motivant pour intégrer le CA fédéral ?
Pascale Jeannin : Cela fait 3-4 ans que je suis impliquée à la fédération sur le développement du Hand à 4. J’ai également participé aux séminaires de féminisation. Ce qui m’a motivée c’est l’impression de pouvoir poursuivre le travail initié avec la Ligue Île-de-France Est et la fédération à une autre échelle, je souhaite contribuer au développement du Handball au niveau scolaire pour reconquérir cette place de n°1 perdue au détriment d’activités telles que le badminton et le basket qui sont davantage enseignées.
Pascal Wettle : Mon activité professionnelle m’a beaucoup donné et à quelque deux ans de faire valoir mes droits à la retraite, je suis très motivé pour aider au développement du Handball. Je suis un entrepreneur et je ressens la motivation des dirigeants à poursuivre dans cette voie. L’idée par exemple d’aider les Présidents de Ligues afin qu’ils deviennent des managers est séduisante. Notre gouvernance doit évoluer, notamment dans le rapport de management entre le politique et le salarié. Enfin, je dois dire qu’au cours de toutes ces années où j’ai géré, organisé, structuré, je suis frustré de m’être éloigné du terrain. Il n’y a rien de plus important qui me fasse vibrer que le parfum du vestiaire.
Quelles seront vos missions lors de cette mandature ?
Pascale Jeannin : Essentiellement sur les formations et l’aide aux clubs. Ma mission est très ciblée sur le monde scolaire, de sorte qu’au travers de l’Éducation nationale et de ses associations sportives, le handball continue à rayonner. L’enjeu est de taille car l’école est notre premier vivier. J’ai l’ambition de décliner un plan national de formation, à l’instar des programmes développés par les fédérations de rugby ou de foot. Enfin, je suis la référente, avec un de mes collègues du CA, Jean-Pierre Feuillan, de la Ligue Bourgogne – Franche-Comté. Ce retour aux sources me ravit.
Pascal Wettle : La Maison du Handball est un passeport magnifique pour mettre en avant nos valeurs et développer nos partenariats. L’objectif est de créer une offre pour faire de cette Maison un outil de ressources. En d’autres termes, il faut « vendre la Maison du Handball » afin qu’elle devienne un pole de création de valeurs sportives, de valeurs d’image et de valeurs économiques. J’aurai parallèlement l’opportunité de participer au dossier de candidature pour l’Euro 2022.
Que vous inspire la féminisation des équipes dirigeantes avec 40 % de femmes dans les C.A. des Ligues et 51 % dans le nouveau C.A. de la FFHandball ?
Pascale Jeannin : Je suis très fière de faire partie de cette nouvelle équipe fédérale constituée de 24 femmes et de 23 hommes. C’est une première en France et notre fédération est à l’image de la société qui est constituée d’autant de femmes que d’hommes. Afin que chacune et chacun puissent s’impliquer et que l’exercice démocratique fonctionne, cet équilibre me semble primordial. J’espère donc avoir été recrutée pour mes compétences et non pour mon genre. Je suis engagée dans mon parcours professionnel sur la formation à l’égalité filles-garçons en éducation physique. Il existe en effet un déficit d’accès à la prise de responsabilité et à la prise de décision sur le terrain, la pratique de notre activité Handball peut permettre de lever des freins.
Pascal Wettle : C’est l’illustration que la FFHandball se comporte en leader. Plutôt que de subir la féminisation en imposant des quotas, la fédération l’a provoquée et anticipée. Cette complémentarité est incontestablement notre richesse. Je suis d’autant plus sensible à ce mouvement que la Banque Populaire Rives de Paris est la première branche régionale à compter dans ses rangs plus de cadres féminins que masculins et je sais combien cela nous apporte.