Le sélectionneur de l’équipe de France s’appuiera sur un groupe de 20 joueurs présents en Égypte. Guillaume Gille revient sur la dernière semaine avant le lancement du Mondial où les Bleus seront en lice dès jeudi à 20h30, face à la Norvège.
Comment as-tu procédé pour constituer cette liste finale ?
En réalité, il n’y avait pas de suspense car ce groupe était soumis aux contraintes sanitaires, à cette bulle qui nous sert de protection et nous permet de travailler dans de bonnes conditions à la Maison du Handball. Notre volonté est de nous appuyer sur ce groupe élargi et de faire en sorte que les joueurs en capacité de partir au Mondial, puissent optimiser le temps de travail et optimiser leur place dans le groupe. Nous avons uniquement déploré le forfait d’Élohim Prandi. L’arrivée de Jean-Jacques Acquevillo nous permet de compenser numériquement son absence et maintenant d’envisager le début du Mondial.
Faut-il s’attendre à ce que les seize joueurs alignés samedi à Créteil soient les mêmes ce jeudi pour défier la Norvège ?
Rien n’est arrêté et nous continuons de nourrir notre réflexion sur le sujet. Ce n’est pas l’actualité du moment car nous disposons encore de quatre jours pour nous pencher sur la composition de ce premier groupe qui débutera la compétition.
Quel sera l’objectif sur ce Mondial ?
L’objectif d’une équipe de France qui dispute une grande compétition est inchangé, à savoir faire en sorte de disputer l’emballage final et être des prétendants au moment où s’effectue la distribution des médailles.
Quelle évaluation de l’équipe es-tu en mesure de faire après cette semaine de compétition ?
Avec cette situation sanitaire exceptionnelle et les compétitions qui se sont déroulées en toute fin d’année, le contexte est tronqué en matière de préparation. Les deux matches disputés nous ont permis de nous évaluer et de connaître notre niveau de performance. Par conséquent, nous allons entrer dans ce Mondial avec humilité car le projet initié avec les joueurs nécessite du temps pour s’améliorer et être intégré par l’ensemble des athlètes. Il faudra continuer à grandir et, match après match, que ce groupe révèle son potentiel et que les performances soient de plus en plus abouties. Il est autorisé de rêver mais le principe de réalité nous amène à avoir de la mesure avant d’envisager de jouer à nouveau les premiers rôles.
Comment expliquer les contre-performances face à la Serbie ?
Le niveau de performance n’a pas été au rendez-vous. C’est une surprise car on se pensait mieux armés face à cette équipe serbe. Nous avons connu une préparation très courte avec onze joueurs qui nous ont rejoints après leur compétition de club, ce qui a créé une forme de décalage entre ceux qui ont vécu le premier stage et ce deuxième contingent de joueurs arrivés le 31 décembre. Nous avons disposé de peu de temps de travail pour faire en sorte que le nouveau groupe s’intègre avec un état physique et mental pas forcément simple car beaucoup de carburant avait été consommé. Il faut aussi rappeler que c’est la première fois que ce groupe se retrouvait ensemble depuis janvier 2020. Les cicatrices de l’expérience passée et les nécessaires retrouvailles de ce groupe nous ont pris du temps et demandé du travail. Tous ces éléments ne nous ont pas mis dans les meilleures dispositions pour attaquer les deux matches face à la Serbie.
Quelle est la nature du projet de jeu ?
Nous souhaitons donner plus de variations, plus de vitesse à l’équipe, à partir d’une défense très stable afin de se projeter vers l’avant de façon plus forte qu’auparavant. En attaque, nous avons une multitude d’options à décliner, avec des joueurs différents, pour mettre les acteurs dans les meilleures conditions d’expression. Outre le chantier défensif, les autres chantiers concernant le jeu sur grand espace et l’attaque. À date, je ne suis pas satisfait du rendement de l’équipe. Nous continuons à œuvrer, jour après jour, pour que l’ensemble retrouve des couleurs et de la stabilité pour générer de la performance et de la confiance.
À titre personnel, comment as-tu vécu tes premiers à la tête de l’équipe de France ?
On connait le contexte d’une équipe nationale et le grand écart à réaliser pour rassembler un groupe, lui donner un programme et un projet dans lequel il puisse rentrer. C’est un paradoxe d’ouvrir des chantiers et de disposer de peu de temps. C’est la complexité de ce job qui en fait sa richesse ou comment imprimer, avec si peu de séances, une nouvelle empreinte au jeu de l’équipe de France. Faire en sorte aussi que les joueurs trouvent des affinités sur des éléments nouveaux. Au quotidien, avec le staff, nous sommes à la fois centrés sur le très court terme et sur comment cette équipe peut continuer à progresser.
Quelles sont les clefs pour bien figurer jeudi face à la Norvège ?
Il faudra tout mieux faire et dans tous les secteurs : être plus hermétiques en défense – c’est une lapalissade -, être plus efficaces dans la zone de marque et mettre aussi beaucoup de rythme sur grand espace. Les acteurs devront donner le meilleur d’eux-mêmes, c’est à ce prix-là que nous serons en mesure de rivaliser avec une Norvège qui est actuellement très stable. Elle a disputé deux matches de préparation face au Danemark – une victoire et une défaite -, et démontré beaucoup de qualités avec des joueurs en forme, en réussite et en confiance.
As-tu perçu une attitude différente sur le terrain, d’un match à l’autre ?
Face à des Serbes euphoriques qui ont réussi deux grandes parties, l’état d’esprit sur le deuxième match était bien meilleur mais nous n’avons pas réussi à renverser cette rencontre. Pourtant nous avons eu un dernier ballon, en supériorité numérique, pour tuer le match. Il faut maintenir cet état d’esprit positif pour retrouver des ressources.
Que penses-tu de la formule sportive du Mondial qui a encore évolué ?
Je trouve que les quarts ont toujours un parfum particulier. Ce sont des moments de dramaturgie intense, là où les sorts et les histoires se font et se défont. Un moment magique qui ouvre la porte du dernier carré ou qui te renvoie à la maison ou à jouer les accessits. Je trouve que cette formule est meilleure pour notre sport mais ces changements réguliers de formule rendent les compétitions peu visibles pour le grand public et nous privent d’une audience plus large.
Propos recueillis par Hubert Guériau