Avec la médaille d’argent remportée hier soir à Herning, Olivier Krumbholz a complété sa collection qui comptait déjà 10 récompenses : 1 médaille d’argent olympique (2016), 2 titres mondiaux (2003 et 2017), 3 médailles d’argent mondiale (1999, 2009 et 2011), 1 titre européen (2018) et 3 médailles de bronze continentales (2002, 2006 et 2016). Fort du parcours de son équipe, l’entraîneur de l’équipe de France se tourne déjà vers les Jeux olympiques où il visera à nouveau le titre suprême.
Quel bilan tires-tu de cet EHF EURO 2020 ?
Je suis très heureux de ce très beau parcours. Je crois que l’on peut encore faire mieux. Nous avons réalisé une très belle compétition, celle de la relance. Nous sommes repartis vers les sommets. Même si nous avons perdu cette finale, nos adversaires ont compris que ce serait difficile, dans les mois à venir, de battre l’équipe de France. Cette compétition nous a redonné de l’ambition par rapport aux Jeux olympiques. Maintenant, pour être encore meilleurs, il faudra faire les efforts. L’équipe de France peut être fière car les filles se sont battues jusqu’au bout.
Remporter la médaille d’argent, est-ce une déception ou… (il coupe)
Il faut arrêter avec le handball français qui ne veut que des médailles d’or. Il faut se rendre compte des résultats de cette équipe, depuis la rotation en 2016. Sur six compétitions il y a deux titres, deux finales et une médaille de bronze. Si on fait un calcul aux points, on est presque les meilleurs du monde avec la Norvège.
Et plus précisément sur la finale face à la Norvège, quels ingrédients ont manqué ?
Nous aurions bien aimé remporter la médaille d’or mais nous avons mal débuté cette finale. Nous avons réalisé une deuxième mi-temps exceptionnelle et nos gardiennes, en 1ère et en 2ème période, ont été aussi exceptionnelles. Elles ont été très performantes tout au long de cette compétition. Il nous a manqué un peu d’aisance en attaque placée avec nos joueuses jeunes. Mais comme trop souvent, il nous manqué beaucoup de choses en attaque, de la précision au tir. C’est dommage car nous étions bien revenus mais il manque encore quelque chose.
L’écart de deux buts et la physionomie de la seconde période montre qu’il y avait de la place pour l’emporter, non ?
Je pense en effet qu’il y avait la place. Mais nous sommes trop fragiles actuellement dans la défense 0-6, particulièrement sur les postes 2 où il faut que l’on travaille. En revanche, les ailières et les gardiennes ont beaucoup rattrapé de situations. Nous avons aussi un problème récurrent au tir, c’est compliqué d’imaginer battre la Norvège lorsqu’on rate autant de tirs dont certains en position favorable voire très favorable. Je pense que les filles peuvent et doivent continuer à travailler. Mais cela pose des questions sur l’apprentissage du tir en France.
Il y a eu aussi cette sanction intervenue dans les deux dernières minutes…
Ce mauvais changement tombe au pire des moments. C’est un peu dramatique mais nous avons essayé de revenir en jouant à 7 contre 6, ce qui a très bien fonctionné, et nous avons fini par faire la faute. Ce n’est pas étonnant de commettre une faute sur le changement.
Sur quel aspect, selon toi, la différence s’est faite dans le money-time ?
L’expérience de l’équipe de Norvège a fait la différence pour contenir les assauts français dans les dix dernières minutes.
As-tu des regrets sur la performance du collectif ?
D’abord il faut que vous sachiez quand on manage sa propre performance, on est au four et au moulin, c’est difficile d’évaluer sa propre performance. Nous avons couru après le score. Notre équipe n’est pas facile à manager, c’est en réalité assez complexe. Nous avons besoin de faire des permutations car nous sommes un peu déséquilibrés en défense, avec des jeunes joueuses. Les filles ont fait un match très courageux mais elles n’ont pas réalisé leur meilleure prestation. On savait très bien que pour battre la Norvège, il fallait jouer notre meilleur handball. Elles sont tellement courageuses qu’elles ont failli inverser la tendance. Il faut retenir les points de satisfaction.
Cette médaille d’argent relance totalement l’équipe de France à seulement quelques mois du rendez-vous de Tokyo…
Les Jeux olympiques arriveront vite, une compétition capitale pour nous, je pense que nous pourrons être meilleurs au cours de l’été. Si nous retrouvons les Norvégiennes à Tokyo, il faudra être meilleurs qu’aujourd’hui.
Comment faire pour être meilleur avec un rendez-vous majeur presque imminent ?
Chaque joueuse, dans son club, doit travailler les choses qu’elle n’a pas réussi à réaliser ici. Lorsqu’on récupérera les jeunes, il faudra qu’elles soient un peu meilleures. La balle est dans leur camp. Le niveau d’exigence des anciennes est encore supérieur à celui des petites jeunes. Elles doivent maintenant utiliser leur potentiel à fond et énormément travailler dans tous les domaines, également physiquement où il y a aussi une marge de progression.
Propos recueillis par HGu