Si elle ne se positionne pas encore au premier rang des ligues nationales en terme de représentation sur les terrains de l’Euro danois, la LNH pointe désormais à la deuxième place derrière l’ogre allemand de la Bundesliga.

Des 256 joueurs qui se sont lancés dans le tournoi depuis dimanche, 33 évoluent au sein du championnat de France. Une réussite que l’on se doit d’associer aux résultats de l’équipe de France et qui révèle de la bonne santé du championnat et des clubs qui le composent. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans le futurisme, mais dans le présent« , résume Philippe Bana, le Directeur Technique National du Handball français. Le présent du championnat français et de sa Ligue nationale, ce sont des structures stables, des enjeux permanents, une solidité construite avec patience et minutie au fil des années. « Il y a eu beaucoup d’évolutions entre mon départ de France et mon retour en début de saison, note Thierry Omeyer. Quand je suis parti à Kiel en 2006, les choses étaient bien différentes. Il n’y avait pas les grandes salles dont nous disposons aujourd’hui. Les internationaux français évoluaient pour une grande partie à l’étranger. Aujourd’hui, la plupart jouent sur les terrains français et de nombreux grands joueurs étrangers ont également rejoint la LNH. La naissance d’un grand club dans la capitale est aussi bénéfique en terme d’exposition et d’intérêt« .

Le secret de cette réussite ? « L’équipe de France, d’abord. Elle est et sera toujours la locomotive« , reprend Bana. L’éclatant rayonnement des Experts depuis une dizaine d’années a entraîné, dans son sillage, de réelles mutations au niveau national. Jérôme Fernandez, le capitaine tricolore, a lui aussi choisi l’expatriation pendant près de dix ans avant de retrouver Toulouse en 2011. « Je suis parti longtemps et j’ai constaté à mon retour de nombreuses évolutions. La LNH n’est pas encore au même niveau que la Bundesliga, mais on ne peut pas ignorer les efforts consentis et les résultats obtenus. L’apparition de salles, l’arrivée de joueurs du contexte international, et cette attractivité liée à l’homogénéité d’un championnat qui ne se joue plus entre deux ou trois équipes. La concurrence est rude, ça donne plus de relief aux enjeux !« .

Gagner des Coupes d’Europe
Au l’Euro au Danemark, ils sont 33 joueurs évoluant en LNH, issus de neuf nations différentes (voir plus bas), à s’être lancés dans la course au graal continental. Malgré l’absence de la sélection allemande, la Bundesliga se taille toujours la plus grosse part du gâteau avec 63 représentants. Une proportion vouée à se réduire en faveur de l’Hexagone ? « Il ne manque pas grand chose, promet Philippe Bana. Parce que le produit sportif est très abouti. La LNH offre des garanties en terme de structure et de sécurité de l’emploi parce que les modèles économiques sont basés à 50% sur l’argent public. Les clubs sont présents et bien présents en Coupes d’Europe. On l’a déjà constaté ces deux dernières saisons. Le chaînon manquant, c’est peut-être justement ces titres continentaux. Mais je suis convaincu qu’ils vont arriver. »

Un constat réjouissant, d’autant que si le championnat allemand conserve son statut de « modèle », il affiche aussi des faiblesses dans sa capacité à offrir de l’espace à sa sélection nationale. Un domaine où la France, elle, a trouvé l’équilibre optimal. « En Allemagne, ils rencontrent des difficultés à former les jeunes joueurs, raconte Thierry Omeyer. Ils mettent plus l?accent sur des projets collectifs que sur la formation individuelle. Il y a de beaux potentiels, mais ils ont du mal à franchir le palier au plus haut niveau et surtout à trouver une place dans les bons clubs de Bundesliga. La concurrence des joueurs étrangers est telle qu’il n’est pas aisé d’exister. En France, il y a toujours de la place pour les joueurs français. » Avec mesure, sans se précipiter, la Ligue Nationale et ses clubs se sont donc solidement architecturés pour offrir un cadre rassurant et compétitif en se nourrissant donc des résultats de sa vitrine internationale : l’équipe de France. Une équipe de France qui pourrait, une fois encore, tenir le rôle de moteur sur la quinzaine européenne.

LES JOUEURS DE L’EURO ÉVOLUANT EN LNH
France : 13 (et 2 dans les remplaçants)
Danemark : 1 (Hansen – Paris Saint-Germain HB)
République tchèque : 2 (Jurka et Stehlic – Saint-Raphaël Var HB)
Espagne : 5 (Maqueda et Rivera à Nantes, Sierra et Garcia au Paris Saint-Germain HB, Perez de Vargas à Fénix Toulouse HB)
Islande : 4 (Hallgrimsson et Gunnarsson au Paris Saint-Germain HB, Atlason à Saint-Raphaël Var HB, Jonsson à HBC Nantes)
Hongrie : 2 (Csaszar au Paris Saint-Germain HB et Nagy à Dunkerque HB Grand Littoral)
Norvège : 1 (Lie Hansen à Dunkerque HB Grand Littoral)
Serbie : 1 (Ilic à Fénix Toulouse) et en remplaçant Slavisa Djukanovic de St Raphaël Var HB
Croatie : 4 (Vori, Gojun et Kopljar au Paris Saint-Germain HB, Bicanic à Chambéry Savoie HB)