Capitaine de la première équipe de France participante aux Jeux olympiques, Sandrine Mariot-Delerce évoque l’aventure de Sydney 2000. Qualifiées après leur finale mondiale en Norvège, 9 mois plus tôt, les handballeuses tricolores s’inclineront seulement en quarts de finale, à l’issue d’une prolongation face aux Danoises, futures championnes olympiques. Systématiquement qualifiées aux J.O. depuis cette première en Australie, les Bleues ont décroché la médaille d’argent lors de l’édition 2016, à Rio.
Que représentait cette première qualification aux Jeux olympiques ?
En fait, je me suis rendue compte de son ampleur, dix ans après. En 1997, l’équipe de France était éliminée au premier tour du Mondial et trois ans après elle se qualifiait pour les J.O. Lors du Mondial 99 où nous avons décroché la qualification, nous étions émerveillées et insouciantes comme des enfants. On ne se posait pas de questions et les matches s’enchaînaient, notamment le quart de finale face aux Danoises remporté après prolongations. L’amalgame entre anciennes et nouvelles s’est bien passé bien et nous avons réussi cette performance incroyable, vice-championnes du monde, qui nous a qualifiées aux J.O. Puis tout s’est accéléré avec la préparation, les vaccins, la dotation, les tournois pré-olympiques. Tout était olympique : nous étions dans une autre cour.
Et l’intérêt médiatique s’est manifesté…
La finale face à la Norvège a été vue par 12 millions de téléspectateurs. L’importance et le scénario du match ont contribué à cela, à un moment de l’année, en décembre, où il y a un désert sportif médiatique. Après, on voulait rentrer chez nous et on n’était pas préparé aux demandes des médias.
As-tu encore des regrets de ne pas avoir décroché une médaille ?
La 6ème place est dure alors que la médaille était jouable. On perd face aux Danoises après prolongations et elles terminent championnes olympiques. On n’a pas pris 10 buts lors de ce quart de finale qui avait été intense.
En quoi l’événement était-il différent d’un championnat du monde ?
C’est très différent d’un Mondial : les J.O. ont une envergure folle. On se dit qu’on va peut-être participer une seule fois et on a envie de faire plein de choses. En même temps, il faut rester dans sa bulle. Nous étions tiraillées, entre le bien et le mal, comme participer ou pas à la cérémonie d’ouverture, la veille du premier match. L’ambiance était magique à Sydney. La lumière était aussi magnifique. C’était les derniers J.O. sans l’aspect sécuritaire, il n’y avait pas de paranoïa, ni de peur de l’autre, c’était avant 2001.
Alors comment avez-vous profité de l’événement tout en restant concentrées ?
C’était difficile à appréhender. On ne se prépare pas à rentrer dans un tel émerveillement. Nous en étions presque à demander des autographes à Serguei Bubka ou à Haile Gebrselassie que l’on voyait faire son jogging dans le village. On ne pensait pas faire partie de ce cercle de sportifs. Nous étions arrivées 10 jours avant le début des Jeux olympiques. Nous avons visité le zoo de la ville de Sydney et découvert tout le système olympique, comme le club France. Il y avait aussi les anciens sportifs qui venaient nous marrainer. Nous avons fait de belles rencontres.
Plus de 20 ans après, quelle image conserves-tu de cet événement ?
Les J.O. de l’an 2000, du nouveau millénaire, à l’autre bout du monde, c’était extraordinaire. Je retiens également l’aventure humaine et des souvenirs impérissables. L’image qui me vient, c’est Cathy Freeman qui allume la vasque dans le stade olympique. J’ai découvert la culture aborigène et j’avais trouvé formidable le choix de ce petit bout de femme comme dernière relayeuse. Elle a réussi à porter son pays et sa culture. Cette athlète a aussi été capable d’être présente le jour J et de gagner. Je pense aussi aux cérémonies d’ouverture et de clôture auxquelles nous avons eu le bonheur de participer.
Propos recueillis par Hubert Guériau