Le sélectionneur de l’équipe de France senior a communiqué ce matin la liste des joueuses retenues pour les qualifications à l’Euro 2016 : à Antibes pour France – Islande (jeudi 8 octobre) et à Birstenfelden face à la Suisse (dimanche 11 octobre). Alain Portes évoque ce double rendez-vous ainsi que toutes les échéances de cette nouvelle saison : le Mondial au Danemark puis la qualification aux J.O. 2016.

En dépit des blessées, le groupe que vous avez retenu incarne une certaine stabilité?

Le groupe sera privé de Nina Kanto, récemment opérée d’un ménisque et de Cléopâtre Darleux, en soins à Capbreton pour une tendinite chronique au genou. Laurisa Landre effectue son retour dans le groupe, après une absence en juin (lors des matches de qualifications au Mondial contre la Slovénie), puis en juillet pour le stage en Corse, à cause d’une entorse au genou. Julie Foggea épaulera Amandine Leynaud et Laura Glauser dans les buts. Coralie Lassource ne compte pas de sélection mais elle a déjà pris part à des stages. Finalement, il y a assez peu de nouvelles têtes dans ce groupe car il est temps maintenant de tendre vers une stabilisation de l’effectif pour faire progresser le collectif.

Comment allez-vous gérer ce groupe de 20 joueuses pour ces deux matches de qualification ?

Des 20 joueuses présentes à Antibes, 16 figureront sur la feuille de match. Puis nous partirons en Suisse avec un groupe de 18.

Comment aborder ces qualifications alors que le Mondial au Danemark et la qualification aux J.O. sont déjà dans toutes les têtes ?

C?est peut-être compliqué pour le grand public de suivre le calendrier mais pour les joueuses, les occasions de mettre le maillot tricolore ne sont pas si fréquentes. Alors, disputer un match officiel à Antibes, dans une salle pleine, suffit à motiver la troupe. Cette saison sera particulièrement dense pour notre équipe, avec les qualifications pour l’Euro 2016, le Mondial au Danemark en décembre, une qualification aux JO à aller chercher…et, nous l’espérons tous, une participation aux JO de Rio 2016 !

Avez-vous préparé spécifiquement ces matches face à l?Islande puis face à la Suisse lors du stage effectué en Corse en juillet ?

De façon plus générale, nous avons préparé la saison. Dès le rassemblement lundi prochain, nous serons concentrés sur la réception de l?Islande sans oublier la Suisse qui présente une défense étagée. Il faudra travailler de manière spécifique car jouer face à une telle défense ne s?improvise pas.

L?Islande, c?est une nation abordable pour débuter la saison internationale sereinement?

Non, je me méfie. Nous avions eu toutes les peines du monde à les battre chez elles lors des qualifications à l?Euro 2014. Et lors du match retour, le soutien du public limougeaud nous avait aidé à gagner de trois buts. L?Islande était passée tout près de la qualification (goal-average favorable d?un but pour la Slovaquie). Ce ne sera pas facile et les filles en sont conscientes.

Vous avez beaucoup insisté la saison dernière sur le travail physique à optimiser. Était-ce la priorité du stage en Corse ?

L?objectif était de donner aux filles le goût du travail physique : nous avons fait passer des messages en ce sens. Les filles ont en bien travaillé et je souhaite que cette volonté perdure lorsqu?elles sont de retour en club. Je privilégie des joueuses athlétiques car nous avons trop payé notre déficit physique sur les dernières compétitions. Sur la durée d?une grande compétition, les filles manquent d?endurance et de puissance physique. Elles en ont conscience et je vois que certaines d?entre-elles font ce qu?il faut. En revanche, pour d?autres, j?avoue que leur façon d?aborder le handball me rend plus sceptique. Je ne peux pas tolérer de l?à peu près : je préfère partir avec des filles peut-être un peu moins douées mais qui font les efforts pour corriger leurs lacunes.

Si le jeu de l?équipe de France est en nets progrès, visibles notamment lors de la 3e étape de la Golden League 2015, le duel tireuse-gardienne demeure perfectible? Cela passe par des gammes à la fin de l?entraînement ?

S?il s?agit de faire 20 tirs à la fin de l?entraînement, sans un travail technique fin, alors on répètera les erreurs et on renforcera ce point faible sur le tir de près. Pour parler des ailières, Manon Houette ou Coralie Lassource sont dans la bonne démarche. En stage, nous faisons beaucoup de situations de tirs avec des explications tactiques et techniques. C?est presque du harcèlement mais il est nécessaire. Lors de notre récent rassemblement du PES féminin, c?est un élément que nous avons encore pointé car nos équipes jeunes et juniors affichent les plus mauvais pourcentages dans ce secteur. Il faut que cela change.

L?arrivée de Laurent Puigségur à la tête de l?équipe de France jeune filles, incarne-t-elle cette volonté de changement ?

Il est l?entraîneur du pole espoir de Nîmes et il va beaucoup apporter à la filière. Laurent connaît les exigences du plus haut niveau et il sait s?adapter. Il sera dans son milieu et il n?aura pas besoin de rodage.

Terminer dans les sept premières équipes au Danemark est un impératif pour participer aux TQO pour les J.O. 2016?

Si la hiérarchie reste classique, on disputera le TQO grâce à notre 5e place acquise à l?Euro. En revanche si des équipes asiatiques ou africaines se glissent en quarts de finale, alors il faudra impérativement gagner notre huitième de finale, si nous franchissons le 1er tour, qui nous promet un adversaire de gros calibre : la Norvège, l?Espagne, la Russie ou la Roumanie?

L?absence de médailles depuis 2011 fait-elle peser une pression supplémentaire sur vous et sur les joueuses dans l?optique de la qualification aux J.O. 2016 ?

Après les J.O. de Londres et un Euro 2012 douloureux, nous avons essayé de tirer le maximum de notre potentiel. Il n?y a pas de traumatisme car on ne peut pas dire que les équipes devant nous sont moins fortes. Pour autant, il y a de l?attente en interne et il y a une grande volonté d?aller aux J.O. Nous avons envie d?y aller et pour évacuer la pression, il existe un bon moyen : le travail.

Voici deux années que vous êtes à la tête des Bleues, comment évolue le fonctionnement interne du staff ?

J?ai procédé à des ajustements et des petits réglages. Je vais être de plus en plus directif, me comporter en patron du staff, en chef, et je vais le revendiquer.