As-tu suivi les finales de la LFH avec l?angoisse de la blessure pour les joueuses retenues en équipe de France ?

Sincèrement non. On sait que cela peut arriver, c?est quelque chose d?intégrer. Qu?elle survienne lors de l?avant dernier match, du dernier, du prochain ou à l?entraînement, la blessure fait partie de l?activité.

Quel regard portes-tu sur la saison de LFH qui a rencontré des turbulences ?

Je m?inscris en totale opposition avec le misérabilisme qui peut se dessiner ici ou là. Deux clubs sont passés par dessus bord mais tous les observateurs avertis ont pu remarquer que ce sont des fautes individuelles de présidents isolés. Tous les indicateurs, les budgets des clubs, le niveau des subventions publics et des partenariats, sont en constante progression depuis la création de la LFH en 2009 et n?ont jamais été aussi élevés. Je considère qu?il s?agit d?une crise de croissance mais elle ne remet pas en cause le modèle du Handball féminin. Au niveau européen, Fleury-Loiret a effectué un parcours respectable mais en dents de scie. Peut-être que les questionnements internes ont joué en sa défaveur.

Comment va se présenter la nouvelle saison avec notamment Fleury-Les-Aubray, Brest et Metz ?

Fleury-Loiret s?appuie sur un président mécène qui soutient le club et qu?il faut remercier pour son action. Il lève le pied mais poursuit son investissement dans un club sain. Il ne faut pas s?affoler, l?équipe sera peut-être moins ambitieuse mais toujours compétitive et Fleury restera une place forte du Handball français. La saison prochaine verra l?arrivée d?une super puissance, Brest Bretagne Handball, qui dispose de beaucoup d?atouts avec un financement partagé entre les partenaires privés et les collectivités territoriales. Le club s?appuie sur une superbe aréna, un engouement du public, un entraîneur compétent et des recrues phares. Ce club va aussi commencer à exister sur la scène européenne. Metz vient de remporter son 20e titre et s?affiche comme la capitale du Handball féminin, grâce notamment à une gestion exemplaire. La continuité dans l?effort et la réussite forcent le respect. Il ne faut pas oublier la situation dans laquelle se trouvait le club lorsque Thierry Weizman est arrivé. J?ai beaucoup d?admiration pour son action de président.

Les deux matches programmés cette semaine en Islande puis à Beauvais face à la Suisse lancent-ils la préparation aux Jeux Olympiques ?

Dans notre esprit c?est une évidence. Le groupe n?est pas très large et il y aura seulement une coupure de 15 jours avant le début de la préparation. Nous nous situons dans un système collaboratif et les joueuses connaissent bien les enjeux. Olivier l?a déjà déclaré : nous avons bien l?intention de profiter de cette semaine, avec des déplacements, peu d?entraînements et deux matches sans enjeux compétitifs majeurs, pour travailler tactiquement.

Que peut-on attendre tactiquement face à des adversaires présumés plus faibles ?

Sans leur manquer de respect, nos adversaires évoluent en effet au 2e niveau international. Les deux matches permettront de nous centrer sur nous-mêmes. Si nous sommes lucides sur le niveau de l?opposition, nous allons créer les conditions pour travailler puis pour analyser nos prestations. Par exemple mettre en place d?autres organisations défensives que nous espérons utiliser pour contrer les meilleures au mois d?août.

Quel est le rôle de l?adjoint que tu es et interviens-tu dans la constitution des sélections ?

Les questions de concurrence de listes appartiennent à Olivier Krumbholz. Il effectue le choix des joueuses en son âme et conscience. C?est le même principe avec Éric Calcagnini ou Laurent Puigségur : je n?irai pas leur dire de prendre untel ou untel. Ces choix sont effectués par le Head Coach, celui qui est le garant du projet. L?adjoint est au service des joueuses et du Head Coach, afin d?essayer d?aider plus que poser des problèmes ! Quelle que la liste, elle est bonne et en cohérence avec le projet.

Le tirage au sort des deux groupes des J.O. a été effectué. As-tu avec tes collègues du staff, débuté l?analyse des adversaires ?

On a commencé le travail de préparation sur nos adversaires. Bien sûr notre connaissance n?était pas superficielle mais elle doit être plus fine et précise. Alors nous continuons à chercher des informations et ce travail se poursuivra jusque pendant le tournoi, y compris des équipes de l?autre groupe.

L?équipe de France jeune fille vient de battre la Roumanie à quatre reprises ? Que peut on espérer pour le championnat du monde cet été en Slovaquie ?

La génération 98-99 est dense en qualité et la fédération fonde des espoirs pour que cette génération participe au renouvellement de l?équipe de France A. Nous espérons que cette génération aura des résultats et Laurent peut légitimement viser un bon résultat au Mondial cet été. L?objectif est partagé en interne et manifestement Laurent, avec Olivier de Lafuente et Myriam Saïd Mohamed, a su prendre la mesure de cette équipe dont certaines filles sont déjà apparues en LFH.

Les juniors Filles ont réussi à se qualifier pour le Mondial à l?issue d?un Tournoi compliqué. Quel sera l?objectif en Russie pour cette équipe dont tu avais la charge jusqu?en janvier dernier ?

Elles ont su se qualifier dans une poule piégeuse et Philippe Bana a eu raison d?accepter que la France organise ce Tournoi initialement prévu en Israël. C?était en effet bien mieux de jouer à domicile? qu?en Slovénie. Avec Éric Calcagnini, le staff s?est réorganisé. Les filles ont su passer cet écueil et, plus que mon départ, c?est la blessure de Sophia Fehri qui les a pénalisées. Cette dernière avance dans sa rééducation et je continue à penser qu?elle est une joueuse d?avenir. Lors du dernier stage à Bourg-de-Péage, les filles ont exprimé leur ambition de bien faire. Je suis certain qu?elles peuvent atteindre un quart de finale. Cela constituerait le meilleur résultat de cette génération qui avait terminé 9e de l?Euro l?an passé.

La réforme territoriale a une incidence sur la future organisation du Handball féminin. Quelles en seront les grandes lignes ?

La nouvelle organisation sera en place en septembre 2017 après le passage devant l?Assemblée Générale de la FFHB et la validation ministérielle. Avec Pascal Bourgeais, mon homologue côté masculin, nous venons de consacrer une année de travail sur la réforme territoriale et l?architecture de la future organisation est connue. Cela représente un gros travail en amont, exigeant sur les analyses et passionnant. L?accès au haut niveau féminin ne requiert pas les mêmes ingrédients et nous avons la possibilité de différencier les deux parcours. L?organisation s?appuiera sur les cinq piliers suivants : prendre en compte la réforme territoriale, conserver le maillage du territoire, mieux concentrer l?élite à 16-17 ans, être en lien avec le professionnalisme et accompagner les meilleures espoirs fédérales avant de basculer dans le professionnalisme. Les compétitions de détection seront aussi déclinées à partir de 2017. C?est l?un des axes de travail du colloque de CTS organisé cette semaine.

Concrètement, combien de pôles féminins sur les Territoires seront dédiées aux filles ?

Ce qui nous guide, c?est un programme d?accession au haut niveau visant l?excellence sportive. Les joueuses de 13-15 ans doivent pouvoir, partout en France et dans les territoires ultra-marins, en bénéficier. Ce qui est central, c?est le parcours de l?athlète. Une concentration des meilleures joueuses sera rendue possible sur un maximum de 12 structures. Le changement est une opportunité.