Le Président de la Commission d’organisation des Compétitions (COC) est évidemment au cœur de la réformes des championnats : Pascal Baude présente les évolutions dans les divisions nationales dont la plupart seront soumises aux votes de l’Assemblée générale de Nancy en avril prochain. Il confie aussi sa passion pour la Coupe de France dont il a porté la réforme en 2010.

Comment se présente les prochains tours de la Coupe de France ?

Cela commence à devenir sérieux ! Le retour à Paris dans la nouvelle AccordHotels Arena se précise. Il y a beaucoup d’impatience et d‘excitation à retrouver cette arène rénovée que j’ai eu le plaisir de découvrir lors de la Golden League. Tous les joueurs espèrent jouer dans cette salle magnifique : elle fait partie du rêve qui accompagne la Coupe de France. Cette compétition représente un travail colossal pour la commission et le secrétariat de la COC mais j’adore vraiment son esprit.

Avez-vous justement quelques anecdotes à nous rapporter ?

Forcément oui, mais elles ne datent pas toute de la saison en cours. Un match a bien été disputé mais nous n’avons jamais eu les conclusions. Pas de score, pas de vainqueur, pas de feuille de match ! Sans signe de vie, nous avons effectué le tirage au sort. Je reçois alors un coup de fil du club vainqueur qui demande sa réintégration. Ce que nous avons fait bien sûr mais c’est seulement possible en Coupe de France. Il y a parfois des arbitres pressés de rentrer chez eux et qui annoncent une nouvelle règle pour les tirs aux buts : « le premier qui rate a perdu ». Nous avons aussi vu deux clubs auvergnats atteindre les 32e de finale sans jamais jouer à cause des conditions météo exécrables. Après trois reports, ils ont enfin disputé leur match du 2e tour. Un club vainqueur en Coupe de France régionale féminine a bien failli ne jamais passer le 1e tour. Les dirigeants avaient oublié de prévenir le gardien du gymnase et les équipes avaient trouvé portes closes. Nous avons qualifié les 2 clubs pour le tour suivant en inversant la rencontre et l’équipe fautive remportera la compétition quelques mois plus tard, aurait dû être éliminée.

Comment est née votre passion pour le handball ?

J’ai rencontré une jeune ardéchoise qui deviendra mon épouse. J’avais 16 ans et j’étais alors arbitre de foot. J’allais la voir dans son village où elle et ses amis jouaient au hand. J’ai pris une licence et l’équipe 1ère du club devait monter mais elle n’avait pas d’arbitres. J’ai débuté comme arbitre puis j’ai commencé à jouer au poste de pivot. Je n’avais pas de talent particulier et j’ai évolué jusqu’au niveau régional.

À quel moment avez-vous embrassé la carrière de dirigeant ?

Dès l’âge de 22 ans. Après mon service militaire, je suis entré au Crédit Lyonnais. Il y a eu une malversation carence du trésorier du Comité Drôme – Ardèche alors j’ai assuré l’intérim pendant 20 ans (rire). Puis, bien plus tard, il manquait un président de la COC départementale : cela m’intéressait car j’ai pu sortir la tête des comptes. J’étais devenu directeur d’une agence bancaire et cette activité de la COC me plaisait bien. J’ai suivi le même parcours à la Ligue Dauphiné – Savoie ou après quelques années, j’ai aussi assuré cette responsabilité au niveau régional. C’est lors de l’AG de 1996 à la Rochelle que j’ai intégré la COC nationale dirigée alors par Gaston Leclerc, un sacré personnage. Puis en 2008, j’ai fait partie de l’équipe de Joël Delplanque et je suis devenu président de la COC nationale. Si je suis à nouveau sollicité pour le prochain mandat, ce sera mon dernier. J’aimerais ensuite redevenir un simple membre de la Commission pour apporter mon expérience dans l’organisation de la Coupe de France Régionale et Départementale à laquelle je suis très attaché.

Comment se présente la réforme de la N1 suite à intégration de la Handball ProD2 à la LNH ?

Avec cette intégration, la N1 va devenir le niveau masculin le plus élevé de la FFHB. La N1 est sûrement l’échelon le plus compliqué à gérer car il faut faire cohabiter des clubs totalement amateurs, des centres de formation de clubs professionnels et des clubs proches du professionnalisme. Ces clubs ont des objectifs différents et il faut trouver le bon équilibre tout en mettant en place les voies d’accession au secteur professionnel. Nous souhaitons mettre en place une première phase semi-régionale avec 4 poules de 8 équipes. Les deux premiers joueront ensuite une poule fédérale de 8 équipes pour accéder à la Handball ProD2 (on gardera le résultat entre les 1 et le 2 de chaque poule). Les deux premiers clubs VAP, sous réserve de la validation par la CNACG, accèderont à la Handball ProD2. Les 24 autres équipes seront concernées par la descente : 6 équipes vers la N2. Deux options possibles : soit avec 2 poules de 12 en coupant la France en deux (Nord-Sud ou Est-Ouest) ou bien avec 4 poules de 6 équipes. La proposition de la réforme sera soumise au vote de l’AG de Nancy.

Quelle est l’incidence du passage de la LFH de 10 à 12 clubs à partir de la saison prochaine ?

C’est un changement prévu de longue date avec des conséquences anticipées. Il y aura donc peu de répercussions. Grâce au VAP (Voie d’Accession au Professionnalisme), quelques clubs de D2F seront en mesure d’accéder à la LFH, en dépit des difficultés dans l’économie du handball féminin. Pour la saison prochaine (2016-2017), les neuf équipes de LFH poursuivront dans cette division, sous réserve du contrôle de la CNACG. Avec douze équipes, nous devrons trouver quatre dates supplémentaires avec deux éléments supplémentaires à prendre en compte : une période de récupération à prévoir à la sortie des J.O. et la trêve pendant le Mondial 2017. Le calendrier est élaboré de concert avec la Direction Technique Nationale, les entraîneurs et les présidents des clubs. La formule et l’avenir de la Coupe de la Ligue seront bientôt discutés.

Comment se construit un calendrier, à quelle période et avec quelles contraintes ?

Nous avons déjà démarré la fabrication du calendrier 2017-2018. Il existe une version zéro qui n’est pas communiquée. En premier lieu nous positionnons la date de la Finale de la Coupe de France en fonction de la disponibilité de l’AccorHôtels Aréna et des calendriers internationaux féminins et masculins. Nous travaillons en concertation avec Éric Baradat (filière féminine) et Pascal Bourgeais (filière masculine), le calendrier est bâti en fonction des demandes des responsables équipes de France (jeunes à seniors). Ensuite Nous échangeons la CCA pour leur permettre de positionner leurs stages. avec la LFH et la LNH pour placer les dates de coupe de France et les discussions se déroulent en bonne intelligence afin de placer les différentes journées dans le calendrier. C’est une équation compliquée, un jeu d’équilibriste pour contenter tout le monde. Contrairement au rugby, nos clubs de l’élite ne jouent pas pendant les périodes internationales. Enfin, on ne tient pas compte des zones de vacances scolaires.

Comment percevez-vous la multiplication des ententes et des fusions ?

Au total, ce sont plus de 1 500 conventions, fusions ou ententes, mises en place dans les Territoires. Je suis très nuancé car c’est souvent compliqué au niveau administratif. Il faut qu’elles soient bien étudiées et il faut avoir le courage parfois de les refuser dans l’intérêt du handball. Si je peux les comprendre dans les zones rurales, j’avoue ne pas les approuver dans les grandes métropoles et même dans Paris intra-muros. Je ne crois pas que ce soit d’une nécessité absolue au regard de l’économie du handball. Certes, avec la nouvelle territorialité, les clubs devront apprendre à se délocaliser mais je remarque qu’avec chaque regroupement, on perd un club. Il existe de très bonnes ententes mais certaines sont des catastrophes avec des pertes importantes de licenciés. Trois clubs moyens rassemblés ne font pas forcément un bon club !

Certaines ententes sont toutefois des réussites, non ?

Elles sont rares mais elles existent. Je pense par exemple à la fusion entre les clubs des villes voisines d‘Echirolles et Eybens. Le club continue à travailler sur chacune des deux villes et poursuivent leur développement. Cette fusion a permis l’émergence d’une solide équipe en D2F.

Concrètement quelle sera l’incidence de la réforme territoriale sur les championnats nationaux, en particulier la N3 ?

Le principe de base demeure le même pour la N3 masculine : 24 accessions et 24 descentes. En revanche, avec 13 régions contre 24 auparavant, il y a deux options pour l’avenir qui seront soumises au vote lors de l’AG de Nancy. Soit nous conservons la répartition actuelle en tenant compte des Ligues précédentes. Mais cela implique par exemple que la région Nord-Picardie conservera le même nombre d’accédants à la N3 que l’Île-de-France avec trois fois moins de licenciés. Soit chaque région conservera au moins un accédant (13) et les 11 autres seront répartis au prorata des licenciés de la catégorie. Les championnats jeunes ne sont pas impactés par la réforme territoriale.

Et pour la N3 féminine ?

Je tiens d’abord à préciser qu’elle ne sera pas supprimée. Simplement, à vouloir à tout prix coller au modèle masculin avec une frange de licenciées moins importantes, nous avons déplumé les niveaux départementaux et régionaux. L’objectif, en concertation avec la DTN, est de densifier le niveau territorial. Autre avantage, cela permettrait aux jeunes filles des pôles de jouer à proximité de leur domicile dans un niveau de jeu plus adapté. Le schéma serait le suivant :
– La D2F passera à 16 équipes avec 2 poules de 8 avec une formule de Play-offs et de Play-downs (4 montées de la N1 et 4 descentes).
– En N1, 4 poules de 12, en N2, 8 poules de 12 et une N3 territoriale gérée par les Territoires selon la formule de leur choix.
Ce nouveau schéma réduira aussi fortement les déplacements des clubs.