En souffrance pendant la préparation avec un dos récalcitrant, Camille s’est finalement retapée un physique de conquérante. Avant le quart de finale face aux Néerlandaises (mercredi à 17h45 en direct sur beIN SPORTS 1), la Nîmoise confie ses doutes avant le Mondial et livre les clefs pour rentrer dans le dernier carré.

Exit Londres 2012 (22-23 : Monténégro), le Mondial en Serbie 2013 (21-22 : Pologne), l?Euro en Croatie-Hongrie 2014 (Allemagne : 24-24). Avec ce succès à l?arrachée face aux Espagnoles (22-21), les Françaises ont enfin brisé le cycle infernal des défaites d?un but dans les matches couperets. Si au Danemark il s?agit seulement d?un huitième de finale, les Femmes de Défis se sont libérées d?un sacré poids, celui qui les paralysait pour boucler positivement les money-times. Avec sa défense de fer (19 buts encaissés en moyenne, meilleure défense du Mondial), la marque de fabrique de la maison bleue a donc fini par payer. Les efforts de l?escouade défensive ont ainsi été récompensés après la déconvenue face au Brésil. Pièce maîtresse de ce dispositif, Camille Ayglon-Saurina a pourtant failli manquer le rendez-vous. Blessée au dos dès le premier rassemblement à Roanne, elle a longtemps été incertaine. Alain Portes était légitimement inquiet mais KA, passée entre les mains de l?équipe médicale et rassurée pas les nombreux examens, apporte finalement toute son expérience et son impact en défense. « Je ne voulais vraiment pas manquer cette compétition. Je l?englobe dans un cycle qui va jusqu?à Rio et ce Mondial était décisif pour valider notre place au TQO, rapporte la Nîmoise. J?ai rarement vu un groupe qui vit aussi bien. On peut arriver à faire des grandes choses, j?avais déjà ressenti cela lors du Mondial 2009. C?est comparable car il y a eu aussi un renouvellement et une force collective se dégage. »

Évidemment Camille a vécu la préparation avec beaucoup d?inquiétudes. « À notre arrivée à Paris, avant le Tournoi Razel-Bec Paris Île-de-France, j?ai fait un footing et après une dizaine de minutes j?ai senti que mon dos se raidissait. J?ai laissé de l?influx et j?ai même un peu craqué lorsque l?opération a été envisagée (hernie discale). Mais la gauchère ne semble pas impactée physiquement par cette coupure forcée. S?arrêter quelques jours avant une compétition de cette envergure, ce n?est pas idéal mais plus ça avance, mieux je me sens. Telle une armure, une ceinture enserre son dos. Elle me permet surtout de maintenir mon dos au chaud lorsque je suis moins sollicitée. Psychologiquement aussi je me sens plus forte. » À Nîmes, la jeune maman a laissé son handballeur de mari, Guillaume Saurina, s?occuper de Milo, leur bambin de 16 mois. « Je suis loin pendant un mois et c?est difficile. Une telle absence n?engage pas que moi et cela m?aide à relativiser. » Le plus jeune supporter de l?équipe de France sait motiver les troupes : « après le match hier soir, j?ai reçu une vidéo où Milo disait « Allez maman Allez maman. » La tendre séquence a fait le tour du bus.

Face aux Néerlandaises et leur attaque de feu (229 buts inscrits soit 36 de moyenne, meilleure attaque), la défense sera une nouvelle fois déterminante. « Nous allons essayer de contrecarrer leur plan, de couper leur course afin de leur enlever de la vitesse. L?objectif est qu?elles soient moins performantes et de laisser du temps à nos gardiennes pour qu?elles lisent les tirs. Et d?ajouter : je crois que nous sommes plus à l?aise face à ce type d?équipes. » Méconnues du grand public, les Néerlandaises auront bien leur mot à dire dans ce quart de finale : elles sont invaincues dans ce Mondial et sont naturellement ambitieuses. Et si l?équipe de France l?avait emporté l?an passé à l?Euro (Tour principal : 20-18), Camille Ayglon-Saurina rejette le statut de favorite. « Elles ont terminé premières de leur poule, elles affichent avec 36 buts de moyenne, je ne vois donc pas en quoi nous serions favorites. Si nous avons du potentiel, notre dernier podium remonte à 2011. »