Pour ponctuer son tour de France, la grande finale féminine opposait les étendards du Grand Est (Metz) et de la Bourgogne Franche-Comté (Besançon). Comme au bon vieux temps. Et un titre de plus pour Metz victorieux 33 à 23.
À la fin des années 90 et au tout début des années 2000, entre 1995 et 2005 exactement, au plus fort de leur rivalité, l’ES Besançon et Metz se sont partagés tous les titres de l’élite féminine. Huit titres nationaux pour Metz, entrecoupés de trois sacres pour l’ESBF, créditée par ailleurs de quatre coupes de France contre deux à son rival dans le même laps de temps (pas d’édition en 1995, 96, 97, 2000 et 04). L’occasion aussi pour l’entité bisontine de conquérir les deux coupes de la Ligue initiales (2003 et 04), une compétition disparue depuis l’exercice 2015-16. A l’image du duel actuellement entre Brest et Metz au sommet de la LFH, les clubs bisontins et lorrains partagent une riche histoire commune, à l’orée aussi de l’épopée d’une équipe de France aujourd’hui championne olympique. Mais si l’entité messine reste la référence et n’a jamais vraiment quitté le devant de la scène, on ne peut pas en dire autant de Besançon, passé par la D2 au plus fort de sa crise de croissance. Depuis, avec Raphaëlle Tervel et désormais Sébastien Mizoule, l’ESBF essaie de renouer avec ses lettres de noblesse. Autant dire que son retour sur une finale à l’Accor Arena, après dix-sept ans de disette, sonnait comme une revanche et une première trace de renouveau. Est-ce cet enjeu qui pesait sur les épaules de Pauline Robert et ses copines au moment du coup d’envoi ? Toujours est-il que si Sabrina Zazaï répondait à l’ouverture du score d’Orlane Kanor dans la première minute, les Rouges allaient vivre plus d’un quart d’heure de cauchemar (1-6, 11e ; 2-11, 18e), seulement alimenté par une réalisation d’Audrey Dembélé.
Le doublé et la décima
Le champion de France et récent 3e du Final Four de la Ligue des champions, il y a une semaine, n’avait pas besoin de cela pour prendre ses aises, au gré notamment des contre-attaques fulgurantes de Chloé Valentini et Debbie Bont. Mais le 4e de la saison tout juste écoulée ne pouvait en rester là. Sabrina Zazai sonnait la révolte et l’écart diminuait petit à petit. Même si Metz semblait garder sa mainmise et une certaine maîtrise sur le tableau d’affichage (6-13, 24e ; 9-15, 29e), à défaut de gérer totalement la situation : Tamara Horacek écopait sur le gong d’un carton rouge direct, coupable d’un jet de sept mètres malencontreux dans le visage de Florence Bonnet, un des remparts bisontins.
Au retour des vestiaires, après une petite alerte (11-16,32e) et en dépit des arrêts de Sakura Hauge, l’ogre mosellan reprenait et s’affirmait clairement en patron de l’élite pour cette saison (11-21, 39e). La fin du match n’était qu’une formalité pour des Dragonnes qui pouvaient savourer et faire tourner, en conclusion d’une saison particulièrement dense pour des internationales notamment sur la brèche depuis l’été dernier. Respectant l’alternance de rigueur avec Brest depuis 2015, Metz ajoutait une ligne de plus à son impressionnant palmarès. Le plus beau assurément dans le sport collectif féminin français, désormais assorti d’une dixième coupe de France et d’un sixième doublé.
Réactions :
Pauline Robert (capitaine Besançon) : C’est une déception forcément, nous sommes tombés face à plus fortes que nous. Si nous avons su leur poser des problèmes défensivement, ce fût vraiment compliqué de notre côté de trouver des solutions en attaque. Elles défendent parfaitement et ont gardé le rythme du Final Four de la Ligue des champions. Alors que nous, cela fait quand même trois semaines que l’on n’a pas joué. Voilà, nous allons essayer malgré tout de savourer notre médaille, redescendre un petit peu après notre beau parcours de la saison. Il va falloir s’appuyer là-dessus pour repartir du bon pied la saison prochaine. Lorsque tu joues, tu essaies de faire le black-out de tout ce qui se passe autour. Et personnellement j’ai du coup la sensation de ne pas en avoir assez profité. Ce sera l’occasion de revenir après ce petit avant-goût j’espère.
Sébastien Mizoule (entraîneur Besançon) : La déception prime, même si l’on est fiers du parcours et de l’évolution des joueuses. Nous sommes arrivés ici avec un effectif quasiment au complet en cette fin de saison, c’est aussi une performance. La saison est belle mais j’en parlerais plus tard. Dans le premier quart d’heure, nous n’avons pas mis les ingrédients d’agressivité et de combat que l’on s’était dit entre nous. C’est dommage. Lorsque tu es derrière au score face à cette équipe de Metz, cela devient trop compliqué. Notre défense les a perturbées, mais elle est extrêmement énergivore et on ne pouvait pas tenir sur la longueur. Nos deux Polonaises ont fait défaut ce soir sur le registre des tirs de loin. Il faut de la régularité pour performer. De toute façon le meilleur a gagné ce soir, il n’y a pas de regret par rapport à cela. Mais ce n’est jamais agréable de perdre.
Méline Nocandy (capitaine Metz) : Pendant tout le match j’ai parlé avec mon président à mes côtés sur le banc et nous évoquions la saison historique que nous étions en train de parachever. Nous étions plus une Dream Team en 2019, mais c’est cette saison que l’on fait les meilleurs résultats, dans une belle famille. C’est la fin d’une grande aventure à titre personnel. Elle se termine de la meilleure des manières après le traumatisme de la saison précédente sans aucun titre. Nous avons récupéré les deux titres, plus un podium en Ligue des champions, c’est un soulagement. Avec le titre olympique, cela va faire beaucoup de médailles à fêter avec la famille en Guadeloupe.
Emmanuel Mayonnade (entraîneur Metz) : Si ce n’était pas complètement le résultat espéré, nous avons avancé un peu la semaine dernière au Final Four. Et derrière, nous sommes capables de ramener un nouveau trophée dans la vitrine du club. On ne peut qu’être ravi de cela. Physiquement, notre dynamique, notre engagement et notre enthousiasme ont rapidement fait la différence. Les filles ont encore fait une saison superbe. Je sais à quel point l’activité de handball pro est dure à tous les niveaux. A Metz, il faut gagner tout le temps, se remettre en question, avancer encore et encore, c’est épuisant. Nous arrivons quand même au bout d’une série de soixante matchs. On ne dira jamais à quel point les filles se sont données pour en arriver là. Tel est Metz. Toujours plus loin. Même si l’on va encore reconstruire avec de nouvelles joueuses.
Hugo Chatelain
PROGRAMME ET RÉSULTATS DU SAMEDI 11 JUIN – ACCOR ARENA – PARIS
Des finales à suivre en direct sur la chaîne Youtube de la FFHandball :
Finale départementale féminine : Sorbiers Saint-Jean Talaudière HB – HB Club Sautron : 26-27 (12-12 – 22-22)
Finale départementale masculine : HB Sporting Club Cassis Carnoux Roquefort La Bedoule – Éveil Sportif Val de l’Indre HB : 27-31 (14-13)
Finale régionale féminine : Hermine Kernic HB – Saint-Germain Blazovy HB : 26-28 (11-12)
Finale régionale masculine : Union Sud Mayenne HB – Union Sportive Palaiseau HB : 29-31 (10-11 – 27-27)
Finale nationale féminine : Entente Sportive Besançon Féminine – Metz HB : 23-33 (9-15)
21h00 : Finale nationale masculine : HBC Nantes – Paris Saint-Germain HB
LES LAURÉATS 2022 :
Départementale féminine : HBC Sautron
Départementale masculine : Éveil Sportif Val de l’Indre HB
Régionale féminine : Saint-Germain Blazovy HB
Régionale masculine : Union Sportive Palaiseau HB
Nationale féminine : Metz HB
Nationale masculine :