Dans exactement 34 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. Dix-neuvième épisode avec « Sous haute tension ».
ATLANTE 1996 – HOMMES
Sous haute tension
Les basketteurs américains viennent de dominer leurs homologues chinois au Georgia Dome. Il est presque minuit ce 27 juillet 1996. Comme chaque soir, des milliers de personnes profitent des concerts gratuits au Centennial Olympic Park. C’est au son de Jack Mack and the Heart Attack qu’elles se trémoussent ce samedi-là. Richard Jewell, un agent de sécurité, repère un sac à dos vert abandonné sous un banc. Un engin explosif est dissimulé dans sa poche. Les policiers commencent à évacuer la zone. A 1h25, la bombe artisanale explose et tue une touriste américaine âgée de 44 ans, Alice S. Hawthorne, et entraîne indirectement le décès d’un cadreur de la télévision turque, Melih Uzunyol, victime d’une crise cardiaque. Elle fait 110 autres blessés.
303 millions de dollars ont été investis pour la sécurité de ces Jeux placés sous haute surveillance dix jours après l’explosion du vol TWA 800. Un homme a été arrêté armé d’un pistolet et d’un couteau dans l’enceinte du stade olympique lors de la cérémonie d’ouverture. Billy Payne, le directeur du comité d’organisation a beau déclarer que « l’endroit le plus sûr de cette magnifique planète sera Atlanta, en Géorgie, pendant la tenue de nos Jeux », les tensions sont palpables. « Nous étions protégés par quatre agents lourdement armés dans le bus, se souvient Jean-Pierre Lepointe, l’adjoint de Daniel Costantini, et des voitures de police encadraient chacun de nos déplacements. »
Ce samedi-là, les Bleus s’apprêtent à affronter le Brésil. Hébergés dans un campus universitaire, trois kilomètres plus au nord, ils se sont endormis. « Je me souviens, raconte Denis Lathoud, que « Bobby » est passé dans nos appartements pour savoir si nous étions tous là. Il a fait le tour des chambres, puis il s’est recouché. »
C’est en fait un coup de fil d’André Amiel, le président de la FFHandball, qui a donné l’alerte. « Ce devait être sept ou huit heures, heure française, indique « Bobby » Lepointe, et André m’a effectivement annoncé qu’une bombe avait explosé. Les épouses des joueurs avaient appris la nouvelle et s’inquiétaient évidemment. J’ai compté tous mes mecs, puis j’ai rassuré André qui a pu, à son tour, apaiser tout le monde. »
Sous la tente, au petit déjeuner, l’attentat devient évidemment le sujet de discussions. « Mais ça n’a pas duré trop longtemps, assure Lathoud. Je n’ai en tout cas pas le souvenir d’un mouvement de panique. » « C’est un événement dramatique pour les personnes qui ont perdu la vie, appuie Jean-Pierre Lepointe, pour celles qui ont été blessées, mais la répercussion n’a pas trop eu d’effet à l’intérieur du village. »
Dans les cinq jours après la réouverture du Park, quatre alertes à la bombe ont eu lieu. Après sept ans de cavale, Eric Rudolph, l’auteur de l’attentat, est arrêté dans le Missouri, le 31 mai 2003. Il justifie ses actes par la politique pro-avortement du gouvernement américain. Il est emprisonné à vie.