Dans exactement 18 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 33e épisode avec « La cabane de Michel ».

ATHÈNES 2004 – HOMMES
La cabane de Michel

C’est toujours la même histoire. Philippe Bana et Michel Barbot arrivent en avance. Question d’habitude, depuis le temps… Ils viennent accommoder. Inspecter. Raccommoder. Cet été-là à Athènes, à trois jours de l’ouverture des JO, c’est du grand n’importe quoi. Les peintures des résidences ne sont pas encore terminées. Les lits pas tous montés. Les prises électriques toujours pas raccordées. « C’est ce même genre de surprises tous les quatre ans, sourit Philippe Bana. Même si là, c’est un souk innommable. »

Michel Barbot a des talents éclectiques et le sens de la famille. Il a accompagné Daniel Costantini puis Claude Onesta et Didier Dinart en équipe de France. Natif de Nogent-le-Rotrou, il a découvert le handball à Senonches, à l’âge de 14 ans, offert ses services à Dreux puis Vernouillet, au Comité et à la Ligue Centre Val-de-Loire avant d’intégrer la FFHandball en 1990, d’abord à la direction technique nationale en tant que formateur de cadres puis donc en qualité de manager, en charge de la logistique des Bleus, entre 1996 et 2017.

A Athènes, c’est son sens de la débrouille qui est à nouveau sollicité. Ses savoir-faire sont infinis. Son inventivité, comme son goût pour l’improvisation transforment vite chaque espace de vie. « Il a sorti sa trousse à outils, raconte Philippe Bana, et il s’est attaqué au chantier. Il a réglé les armoires, installé des rallonges aux lits pour les grands gabarits, puis branché les télévisions. »

C’est toujours la même histoire, oui. Michel Barbot agence « sa cabane », véritable caverne d’Ali Baba, confessionnal parfois. Contre le mur, il fabricote des meubles en carton parce que la location du mobilier olympique est hors de prix. Il y a range ses piles de maillots, des chocolats et des bonbons pour les joueurs. Il dresse maintenant une table dédiée au repassage et au flocage. Sur cet autre mur, il placarde les fanions, toujours avec la même symétrie. Puis installe la machine à café. « Cette cabane servait aussi de guichet pour la billetterie, insiste Philippe Bana. Et je me souviens surtout de l’odeur insupportable de la lessive à la main. »

Tout est prêt maintenant. Les joueurs peuvent emménager. Comme si de rien n’était. « Michel ne dormait que deux ou trois heures par nuit, le reste du temps il était à notre service, se souvient Jérôme Fernandez. Je venais souvent papoter avec lui. C’est lui qui venait toquer à notre porte le matin et qui nous dégotait une paire de claquettes ou un short si besoin. »

Dans chacune des dix médailles d’or remportées par les Bleus le temps de son office, il y a un peu de Michel Barbot le touche-à-tout. Il nous a quittés le 29 avril 2022. Chacun garde un souvenir de la cabane de Michel.