Ce vendredi s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 50e épisode avec « Le jour où ».
PARIS 2024
Le jour où
Philippe Bana était chez lui, à la cité des Marronniers à Saint-Barthélemy, dans les quartiers nords de Marseille. « Je me souviens que je regardais des minots jouer au handball sur des terrains vagues. » D’autres minots, Yanis Lenne, Melvyn Richardson, Aymeric Minne ou Dika Mem étaient à Alger pour célébrer la médaille de bronze du Mondial junior décrochée la veille. L’US Créteil et le club de Saint-Amand Porte du Hainaut reprenaient quant à eux le chemin de l’entraînement alors que Jérôme Fernandez troquait à Aix-en-Provence l’habit de joueur pour celui de coach à plein temps.
Ce lundi 31 juillet 2017, lorsque Eric Garcetti, le Maire de Los Angeles, propose sa ville pour l’organisation des JO d’été de 2028, laissant, de ce fait, le champ libre à la capitale française pour l’édition précédente, personne n’imagine encore que les deux équipes de France auront le privilège de défendre leur titre dans la plus belle ville du monde.
Au départ, Hambourg, Rome, Budapest, Boston et Paris étaient candidates. Boston a d’abord renoncé faute de soutien populaire et Los Angeles a donc pris la relève. Avant la conclusion de cet accord, le 13 septembre 2017 à Lima.
C’est évidemment la première fois que Paris – ou la France – va accueillir le handball au programme olympique. Les candidatures n’avaient abouti ni en 1992, ni en 2008, ni en 2012, et la discipline n’était pas au programme des Jeux de 1900 et de 1924. « Disputer les Jeux en France représente une opportunité unique dans une vie, rappelle souvent Olivier Krumbholz, et j’espère que tous les athlètes en ont parfaitement conscience. »
Trois années avant cette date historique, le 6 novembre 2014, François Hollande avait été le premier à évoquer la candidature. Le 23 juin suivant, au siège du CNOSF, Philippe Bana et quelques acolytes figuraient parmi la centaine d’athlètes et de dirigeants rassemblés à l’occasion de l’annonce officielle. « Il y avait déjà ce sentiment de revanche après les trois échecs, dont celui douloureux et amer de 2012, souligne-t-il. Ça s’est senti très tôt. Très vite. Je me souviens avoir ressenti ce que chacun a ressenti avec le passage de la flamme, une espèce de communion, d’union sacrée. »
Celui qui est aujourd’hui président de la FFHandball évoque même « un moment fondateur. » « Les candidatures 2008 et 2012 symbolisaient la mésentente du sport français, dit-il. Là, tout le monde était rassemblé, l’équipe déjà organisée. A notre niveau, nous avions échoué à organiser le Mondial 2015, mais nous savions que nous allions avoir la charge de celui de 2017 puis de l’Euro 2018 féminin, et on se préfigurait que l’escalier ultime serait à Paris avec le rêve d’un double titre à la maison. »
A Paris, ou à… Lille, cité initialement prévue pour accueillir la totalité des deux tournois… Certains athlètes, dès 2020, ont manifesté leur mécontentement. « On a d’abord demandé à Jérôme Fernandez et Nodjialem Myaro de calmer leur déception, explique Philippe Bana. Et puis, il y a eu cette colère de la FIBA qui ne voulait pas jouer Porte de Versailles et nous avons voulu nous engouffrer dans cette brèche. Hassan Moustafa m’a demandé de l’accompagner à Lausanne pour plaider notre cause. On a fait du lobbying avec Thomas Bach et Dan O’Connell, pour pouvoir switcher avec le basket. Il y avait un double objectif : être à Paris et proposer un final grandiose à Lille avec 500 000 spectateurs en trois jours. »Un final grandiose avec deux médailles d’or ?…