Après avoir accroché l’or olympique avec l’équipe de France à Tokyo en 2021, l’ailière gauche de l’équipe de France espère bien conquérir un deuxième titre avec les Bleues à Herning en ce mois de décembre. Histoire de couronner les efforts que l’ailière gauche a pu consentir pour atteindre le top niveau et, peut-être, pour enfin la rassurer sur son statut en équipe de France.

Elle est montée dans l’avion, direction le championnat du monde 2023, avec une seule idée en tête : revenir avec la médaille d’or autour du cou. Chloé Valentini est du genre à savoir ce qu’elle veut, et ce qu’elle ne veut surtout pas, c’est revenir en France sans avoir été récompensée de ses efforts. « Ca fait peut-être arrogant, mais oui, je veux être championne du monde. Je suis championne olympique mais pas d’Europe ni du monde, donc je veux l’être aussi », sourit celle qui pointe, après les quarts de finale, en tête du classement des buteuses françaises, avec trente buts en sept rencontres. « Et c’est aussi pour récompenser les efforts qu’on fait toutes, toute la saison. On bosse fort, on laisse nos familles pendant un mois pour venir ici. Certes, on n’a pas à se plaindre, mais je ne vais pas dire que je laisse mon chéri pendant un mois juste pour finir sixième du Mondial ! »

Tout ça est dit avec un sourire et une assurance qu’on n’aurait pas soupçonné, à l’été 2019, quand l’ailière gauche alors bisontine faisait ses premiers pas en bleu. A l’époque, Olivier Krumbholz l’avait appelé à l’occasion d’une large revue d’effectif à un an de la date prévue des Jeux olympiques de Tokyo. Un an plus tard, elle montait dans l’avion pour Herning et le championnat d’Europe 2020. « Ce n’était pas simple à gérer, je me retrouvais avec des filles comme Estelle ou Amandine, qui étaient un peu des stars à mes yeux. Et moi j’arrivais de Besançon, première compétition, en plein Covid en plus, c’était franchement bizarre », sourit celle qui a fêté ses 28 ans en avril dernier. Désormais, les choses ont bien changé pour Chloé Valentini, et Olivier Krumbholz lui a même confié le brassard de capitaine l’été dernier, à l’occasion d’un match amical en Norvège. « Je sais pourquoi c’était, je n’en fais pas tout un foin », essaye de minimiser la native de Morteau, avant d’aller quand même un peu plus loin : Olivier sait que je n’arrête pas de remettre plein de trucs en question, et me donner le brassard c’était sans doute une façon de me dire de m’en poser un peu moins. »

Chloé Valentini se pose-t-elle désormais moins de questions ? Quand on la voit sur le terrain, on serait tenté de dire oui, tant elle emmène les contre-attaques tricolores d’un sprint décidé et que rien ne semble pouvoir l’arrêter. Mais d’elle-même elle avoue encore stresser quand la date d’annonce des listes avant les rassemblements internationaux approche. « Je me dis que, si ça se trouve, je ne vais pas y être. Je sais la concurrence qu’il y a en équipe de France, et si je sors de deux matchs moyens en club, je me dis que ça va pas le faire. Et puis la liste sort, mon nom est dessus, et je me dis que je devrais arrêter de trop penser », sourit celle qui n’a pas raté une grande compétition depuis l’EHF EURO 2020.

Ses parents non plus, n’en ont pas raté une, de compétition, depuis que Chloé a pris ses habitudes sur l’aile gauche de l’équipe de France. A Trondheim encore cette semaine, ils étaient en tribunes avec les supporters français, alors que Monsieur Valentini, alias le mari, devrait faire le déplacement à Herning ce weekend. « Mes parents ont un camping dans le Sud, donc l’hiver, ils ferment pendant un mois pour venir sur les compétitions. Ça leur fait leurs vacances et moi, ça me fait du bien de savoir qu’ils sont là, continue-t-elle. C’est aussi pour eux que je fais ça. Ils ont donné beaucoup de leur personne et de leur temps pour que j’arrive à ce niveau, ils viennent me voir sur les compétitions, c’est un gros investissement. »

S’il y a bien une chose sur laquelle Chloé Valentini essaye de ne pas stresser, en revanche, c’est sur son après-carrière. A 28 ans, elle a déjà pris les devants en décrochant son diplôme d’éducatrice spécialisée. Pas simple à concilier avec la vie d’une sportive de haut-niveau, la droitière a néanmoins bouclé ses études, passionnée par ses stages au contact des enfants. « J’ai adoré ces années-là. C’est vraiment le métier que je kiffe, j’ai été super épanouie pendant mes stages. Je ne sais pas si je ferais ça à la fin de ma carrière, c’est encore loin, mais ça m’apporte une vraie sérénité d’avoir un diplôme pour faire un truc qui me plait. » Mais comme elle le dit, tout ça, c’est encore bien loin. Bien plus proche, c’est la demi-finale du championnat du monde, ce vendredi. Encore une marche à franchir dans la quête du Graal, l’or mondial. Parce que, comme la petite ailière le dit, « maintenant qu’on en est là, ça serait trop con de finir quatrième et de rentrer les mains vides. »