L’équipe de France disputera la finale du championnat du monde IHF 2023 ce dimanche à 19h (en direct sur beIN Sports et le groupe TF1) face à la Norvège. Un énième épisode d’une rivalité au sommet du handball mondial, qui pourrait permettre aux Bleues de prendre leur revanche sur la finale perdue en Espagne il y a deux ans, tout en signant un joli clin d’oeil à leurs ainées, qui avaient ouvert la voie en 2003.

Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe de France, n’est pas de ceux qui ont la mémoire courte. Quand on évoque avec lui ses souvenirs de 2003 et de la première finale mondiale remportée par l’équipe de France, il y a vingt ans tout juste, le Lorrain affiche un grand sourire. « C’était plein de Hongrois bourrés et torse nu, et le scénario est un des plus fous de l’histoire du handball. Ce match, c’est d’abord un scénario exceptionnel, de ceux qu’on ne voit presque jamais » sourit celui qui était déjà, à l’époque, sur le banc de touche de l’équipe de France. Vingt ans après, de l’eau est passée sous les ponts et si certaines des joueuses actuelles ont pu voir des morceaux de ce match mythique en vidéo, « pour le reste, c’est du passé. Et on ne vit pas dans le passé. »

Le présent, c’est bien le championnat du monde IHF 2023 qui touche à sa fin. Les Bleues ont, jusqu’à présent, mené une compétition parfaite. Huit victoires en autant de rencontres, avec quelques gros poissons pris dans ses filets : la Slovénie au tour préliminaire, la Suède balayée en quarts de finale aussi, mais surtout la Norvège, un des trois pays-hôtes de la compétition, battue sur ses terres, à Trondheim, il y a tout juste une semaine (24-23). Deux points qui, à l’époque, ont ouvert les portes du carré final aux Bleues, mais désormais, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. « Ça va être un match complètement différent, presque en dehors de la compétition », explique la gardienne Laura Glauser, une de celles qui n’a jamais eu la chance de battre les Scandinaves en finale d’une grande compétition. « Franchement, les Norvégiennes, je les respecte, mais je ne les aime pas. Pourquoi ? Elles nous ont empêché trop de fois d’avoir la médaille d’or », sourit quand à elle l’ailière Chloé Valentini.

Même si la confiance est remontée côté bleu grâce à la victoire de dimanche dernier à Trondheim, on sait également pertinemment qu’il faudra faire le match parfait pour espérer monter sur le toit du monde. En 2017, à Hambourg, Olivier Krumbholz avait guidé ses filles vers un succès retentissant, réduisant notamment au silence la star Stine Oftedal. Cette fois, c’est l’arrière gauche Henny Reistad qui est dans le viseur, après avoir inscrit quinze buts en demi-finale face au Danemark. « Depuis que je la connais, c’est un OVNI. Mais on a montré qu’on savait comment défendre sur elle il y a une semaine. C’est un peu un jeu de dupes, cette finale. Il faut qu’on s’appuie sur ce qui a marché, mais sans non plus faire un copier-coller », prévient Krumbholz.

Atteindre la finale du championnat du monde, dans une compétition pour laquelle l’équipe de France venait sans ambition affichée, est déjà une belle réussite. « Ce n’est pas notre objectif numéro un de la saison », prévenait le staff lors du premier rassemblement de la saison, en octobre. Désormais, le discours a légèrement changé : « On ne va pas descendre du trottoir pour ne pas ramasser le billet de cinquante euros qui traine« , image encore le sélectionneur, tandis que ses filles ne veulent pas déjà se contenter d’une médaille d’argent. Seules quatre d’entre elles sont un jour montées sur la plus haute marche du podium au championnat du monde. Pour la plupart, elles ne comptent même qu’une breloque dorée dans leur armoire, celle olympique de 2021. Alors la motivation est au maximum, comme le souligne Laura Glauser : « Quand tu es en finale, forcément que tu veux plus. On va y mettre tout ce qu’on a, et peu importe le résultat, je veux qu’on soit fières de nous en sortant du terrain. »

Ce titre pourrait être la consécration pour un groupe qui a connu quelques remises en question, notamment après le championnat d’Europe l’année passée. Toujours parmi les favorites de la compétition, les Tricolores n’avaient pas pu faire mieux que quatrièmes, largement battues en demi-finale par – déjà – les Norvégiennes. « J’ai conscience du chemin parcouru, et je me souviens du sentiment d’amertume qui nous habitait la saison passée après l’Euro. Je suis fière qu’on ait eu le déclic de changer les choses, de nous remettre en question », analyse la capitaine Estelle Nze Minko, touchée par le virus qui rode dans l’hôtel de l’équipe de France depuis son arrivée à Herning. « Les yeux sont petits parce qu’il y a de la fatigue, mais je peux vous assurer que notre motivation pour aller chercher ce titre est immense. »