Dix ans après son titre en 2014 au Danemark, l’équipe de France disputera la finale de l’EHF EURO 2024, dimanche à Cologne (17h45). Ce soir, les hommes de Guillaume Gille ont disposé de la Suède, notamment, grâce à une première période quasi-parfaite. Portés par leur défense, les Tricolores se sont ensuite pris les pieds dans le piège suédois, au point d’échapper à la défaite grâce à un but surnaturel d’Elohim Prandi sur le buzzer. Mais, en maitrisant parfaitement la prolongation (34-30), les Bleus se sont qualifiés pour leur quatrième finale continentale, après 2006, 2010, 2014. Ils rencontreront dimanche, toujours à Cologne, le vainqueur de la deuxième demi-finale entre le Danemark et l’Allemagne, le pays-hôte. Une finale à suivre sur beIN SPORTS 1 et sur TF1 à partir de 17h45.
Equipe de départ : A l’heure d’aborder cette demi-finale de l’EHF EURO 2024, Guillaume Gille fait le choix d’aligner les seize joueurs qui avaient débuté le tour principal, face à la Croatie. Charles Bolzinger, Benoît Kounkoud et Timothey N’Guessan suivront ainsi le match depuis les tribunes de la Lanxess Arena de Cologne. La composition du sept de départ est relativement traditionnelle, avec Samir Bellahcene dans le cage, Hugo Descat et Yanis Lenne sur les ailes, Ludovic Fabregas sur le poste de pivot tandis que Nédim Rémili, Dika Mem et Nikola Karabatic occupent la base arrière.
Aux commandes dès le début
L’équipe de France, qui joue ce soir en bleu, donne le coup d’envoi et ouvre le score sur la première possession grâce à une belle prise d’intervalle de Nedim Remili (1-0, 1re). L’arrière gauche suédois Jonathan Carlsbogard répond aux Français avec un puissant tir à travers (1-1, 2e). Comme face à la Hongrie, la France prend son temps pour entrer dans la partie. Les joueurs de Guillaume Gille se heurtent aux parades d’Andreas Palicka, le gardien suédois du Paris-Saint-Germain (1-3, 4e). Perfectibles dans l’exercice du jet de 7 mètres depuis le début de la compétition (62% d’efficacité), les Bleus règlent la mire dans ce secteur dès leur premier essai à la faveur d’Hugo Descat (4-4, 6e). Suite à une superbe envolée à neuf mètres, Nedim Remili permet aux Bleus de prendre l’avantage (5-4, 8e). Malgré la double infériorité numérique suite aux exclusions d’Hugo Descat et Luka Karabatic, l’arrière barcelonais Dika Mem obtient un pénalty, converti par son coéquipier Kentin Mahé (6-4, 10e). Derrière, le portier de Kiel Samir Bellahcene enchaîne les parades pour conserver le break en faveur de la France (7-4, 10e).
Une défense de fer
La Suède se heurte à la défense française avec près de neuf minutes sans marquer. À l’inverse, les Tricolores marchent sur l’eau et prennent d’assaut une défense suédoise aux abois (11-5, 14e). Si le sélectionneur nordique pose un temps mort pour sonner la tirette d’alarme dans le clan suédois, les Bleus continuent de dérouler leur partition (13-6, 17e). Victime d’un petit temps faible avec de nombreux ballons perdus, la France voit le tenant du titre revenir dans la partie (13-9, 20e). Moins efficaces en attaque placée, les partenaires de Nikola Karabatic mettent les barbelés en défense pour récupérer des ballons de contre-attaque. Et cette technique fonctionne, car les Suédois gaspillent des cartouches dans la relation au pivot. Derrière, Dika Mem s’en va bonifier les balles grattées dans le secteur défensif (15-9, 22e). C’est aussi lui qui prend les choses en main pour débloquer des situations mal embarquées en attaque, avec un coup-franc improbable à travers le mur jaune (16-10, 27e). Avec un dernier jet de 7 mètres d’Hugo Descat conjugué d’un ultime arrêt de Samir Bellahcene, la France compte six buts d’avance avant la deuxième mi-temps (17-11). À la pause, tout va bien pour les Bleus, notamment en défense où les Suédois peinent à trouver des solutions.
Un début de deuxième acte cauchemardesque
La France démarre la deuxième mi-temps en infériorité numérique suite à l’exclusion pour deux minutes de Ludovic Fabregas pour un pied en zone. Le pivot Max Darj profite de cette supériorité pour marquer le premier but suédois en deuxième période (17-12, 32e). Après avoir encaissé un 3-0 d’entrée, le pivot barcelonais se rattrape de son expulsion en stoppant l’hémorragie pour redonner quatre longueurs d’avance aux Tricolores (18-14, 34e). Galvanisés par un Andreas Palicka en transe dans les cages suédoises, les partenaires de Jim Gottfridsson enclenchent la deuxième pour revenir à deux petites longueurs des Bleus (18-16, 36e). Les Tricolores sont alors en plein doute. Et comme les problèmes n’arrivent jamais seuls, Valentin Porte est obligé de céder sa place après une blessure à la cheville (36e). Métamorphosés en attaque comme en défense par rapport au premier acte, les Suédois reviennent à hauteur grâce à Jonathan Carlsbogard (18-18, 40e). Pour l’instant, la France plie, mais ne rompt pas. Nikola Karabatic trouve Ludovic Fabregas au poste de pivot pour redonner deux unités d’avance aux Bleus (20-18, 41e).
Andreas Palicka répond présent mais Elohim Prandi est en état de grâce
Les Français ont probablement laissé passer l’orage, mais Andreas Palicka tient la Suède à bout de bras avec un splendide double arrêt face à Hugo Descat sur jet de sept mètres (21-19, 45e). Alors que le match n’est pas encore dans le money-time, le suspens est à son comble lorsque Félix Claar ramène la Suède à égalité (22-22, 49e). Alors que la France avait été impeccable dans l’exercice des penalties en première période, la France retombe malheureusement dans ses travers avec un échec de Kentin Mahé face à ce diable d’Andreas Palicka (50e). Quelques instants plus tard, le demi-centre Félix Claar permet à la Suède de reprendre le leadership de la partie (22-23, 52e). Dans un angle impossible, Hugo Descat lui rend la pareille (23-23, 53e). Puis la machine française s’enraye. L’ailier gauche suédois Hampus Wanne en profite pour donner deux buts d’avance à la Suède (23-25, 54e). La France s’en remet alors à ses individualités pour continuer de croire à la victoire. Comme un grand, Elohim Prandi montre les muscles pour obtenir un jet de sept mètres. Encore une fois, Andreas Palicka se transforme en muraille pour détourner le pénalty d’Hugo Descat. Ce dernier permet néanmoins à la France de rester en sursis à deux minutes du terme de la partie (25-26, 58e). Malgré cela, le cauchemar prend forme avec un nouveau but de Jim Gottfridsson donnant deux buts d’avance à la Suède (25-27, 59e). À sept contre six, les Bleus reviennent à une petite longueur de la Suède en la faveur d’une réalisation à l’aile de Yanis Lenne (26-27, 59e). Alors qu’un marché est sifflé à Gottfridsson, Rémi Desbonnet transmet la balle à Dika Mem dans l’axe du terrain. Ce dernier est stoppé irrégulièrement par la défense suédoise. Alors que le temps réglementaire est écoulé, la France obtient un coup franc à 12 mètres. Le reste appartient à l’histoire. Le puissant arrière parisien Elohim Prandi se saisit du ballon et envoie une praline monumentale qui fracasse la barre transversale avant de rentrer dans les cages d’un Andreas Palicka qui n’en revient pas (27-27). Miraculeusement, la France décroche les prolongations !
Une prolongation maîtrisée par les Bleus
Les Bleus entament parfaitement les prolongations avec un autoritaire 3-0. Trois buts de l’ailier gauche Dylan Nahi, qui n’a pourtant pas joué la moindre seconde lors du temps réglementaire (30-27, 61e). À la mi-temps de cette période supplémentaire, les Bleus ont fait un grand pas vers la finale de l’Euro (30-28). Le gardien nîmois Rémi Desbonnet permet aux Tricolores de démarrer la deuxième mi-temps de la meilleure des manières avec un sublime pastis sur le tir de Félix Claar. Sur l’attaque suivante, les Suédois trouvent le poteau du portier français. La Suède sent alors que le match lui échappe. De l’autre côté du terrain, le bison Elohim Prandi donne quatre longueurs à la France (32-28, 67e). L’ailier montpelliérain, Yanis Lenne grâce, signe le dernier but pour les Bleus (34-30, FM). Revenue de l’enfer, la France sera au rendez-vous de la finale de l’Euro. Une première depuis dix ans.
LES STATISTIQUES
France – Suède : 34-30 ap (17-11, 27-27, 30-28)
Cologne, LANXESS Arena, 19,750 spectateurs
Arbitres : S. Nikolov et G. Nachevski (MKD)
France :
Entraineur : Guillaume Gille
Gardiens : Bellahcene (8 arrêts / 32 tirs), Desbonnet (4 arrêts / 10 tirs); Lenne (4/4), Rémili (5/11), Prandi (3/7), Richardson (0/1), Mem (6/9), Tournat, N. Karabatic (0/1), Mahé (1/2 dont 1/2 pén), L. Karabatic, Fabregas (4/4), Descat (8/11 dont 3/5 pén), Porte (0/1), Nahi (3/4), Konan
Exclusions temporaires : Descat (7′), L. Karabatic (8′), Fabregas (31′)
Suède :
Entraineur : Glenn Solberg
Gardiens : Palicka (15 arrêts / 48 tirs dont 3/6 pén), Thulin (0 arrêt / 1 tir dont 0/1 pén); Carlsbogard (3/4), Darj (5/5), Pettersson (0/2), Karlsson, Wanne (5/7), Claar (9/13), Pellas, Lagergren (1/5), Gottfridssson (4/8), Bergendahl, Sandell (2/4), Nilsson, Johansson (1/1), Wallinius
Exclusions temporaires : Carlsbogard (69′)
LES DÉCLARATIONS
Guillaume Gille : Il y a longtemps qu’on n’avait pas assisté à un scénario aussi fou, surtout dans un match avec un tel enjeu. Mais je ne suis pas surpris, quand on connait la qualité de notre adversaire du soir. On est passé par plein d’émotions : une première période qu’on maitrise, avec une très grosse défense, des gardiens de but au diapason et une attaque où le ballon va vite de mains en mains. On leur fait beaucoup de mal, surtout en attaque, je trouve. Mais on commence la seconde période par une exclusion numérique un peu dure, on est moins efficace des deux côtés du terrain sans que j’ai l’impression qu’on perde le fil du match. C’est assez frustrant mais le groupe a eu un état d’esprit irréprochable, ce soir encore. La réaction du groupe a été incroyable après le but d’Elohim, surtout en prolongations. Le but d’Elohim, je pense qu’il peut essayer de le faire dix-mille fois chez lui ou à l’entrainement, et qu’il ne le met pas à chaque fois…En étant rationnel, on sait que les chances qu’il mette ce but, à l’arrêt et à douze mètres, elles sont pas énormes. Mais c’est un coup de génie dont il a le secret, c’était le jour pour que ça rentre.
Nédim Rémili : Après le but, on a surtout cherché à garder notre calme, on n’avait pas envie de sortir après être revenu de nulle part comme ça. Je savais qu’Elohim pouvait le faire, mais je ne savais pas quoi faire. Je regarde ? Je regarde pas ? Ce qu’il fait c’est incroyable mais en même temps, c’est ce qu’on attend de lui, qu’il ait un impact sur le match, qu’avec son bras il nous sorte des fois de la merde. Et c’est ce qu’il fait ce soir. Mais il faut aussi rendre hommage aux autres, même si évidemment on ne va retenir que ce but du match. Dylan rentre en prolongations et a des jambes de feu, notre défense reprend le pas sur l’attaque suédoise. On retombe un peu dans nos travers, on fait une mauvaise deuxième période et si, les autres fois, on avait réussi à se reprendre, c’est vrai que ce soir, on s’en sort par miracle. Mais tant mieux !
Elohim Prandi : Je commence à réaliser ce que j’ai fait, et évidemment que je suis très fier de l’avoir mis au fond. Quand je me lance, que je mets tout ce que j’ai et que je vois le ballon partir, je prie pour qu’elle rentre et au final, ça passe ! Que les mecs m’aient fait confiance, ça fait plaisir, même s’ils me rendent la confiance que je leur donne. Quand je tire, je cherche surtout à attraper le cadre, si je passe le mur et qu’elle est cadrée, vu ce que je mets, y’a moyen que ça rentre. Et bon, ça a marché, mais je n’ai pas voulu trop en rajouter car je savais qu’après, il restait la prolongation et qu’il fallait encore finir le boulot. On sentait bien que les Suédois étaient touchés après qu’on soit revenu, y’a moyen qu’ils se soient vu gagner. Mais on a surtout chercher à rester concentrés.
Dika Mem : Ca aura été un match de folie, on est resté au vestiaire à la mi-temps, on est vraiment au fond du seau en deuxième période. Quand tu es deux buts derrière, qu’ils ont le ballon de +3, c’est compliqué de te dire que tu vas encore y croire. Et même quand Elo prend le ballon, tu te dis bon, ok j’y crois, mais ça va être compliqué. Il la met au fond, c’est incroyable, franchement. Ca aura vraiment été un match de très, très haut niveau, une vraie demi-finale de championnat d’Europe, où il faut tout mettre pour gagner. Mais on ne veut pas s’arrêter là, on veut continuer à écrire notre propre histoire, à avancer pour aller enfin chercher ce titre.
LA LISTE
Gardiens : Samir Bellahcene (THW Kiel) – Charles Bolzinger (Montpellier HB) – Rémi Desbonnet (Montpellier HB)
Ailiers gauches : Hugo Descat (Telekom Veszprem) – Dylan Nahi (PGE VIVE Kielce)
Arrières gauches : Nikola Karabatic (Paris Saint Germain Handball) – Timothey N’Guessan (FC Barcelone) – Élohim Prandi (Paris Saint Germain Handball)
Demi-centres : Kentin Mahé (Telekom Veszprèm) – Nedim Remili (Telekom Veszprèm)
Pivots : Ludovic Fabregas (Telekom Veszprèm) – Luka Karabatic (Cap – Paris Saint Germain Handball) – Karl Konan (Montpellier HB) – Nicolas Tournat (PGE VIVE Kielce)
Arrières droits : Dika Mem (FC Barcelone) – Melvyn Richardson (FC Barcelone)
Ailiers droits : Benoît KOUNKOUD (PGE VIVE Kielce) – Yanis Lenne (Montpellier HB) – Valentin Porte (Montpellier HB)
LE STAFF
Entraîneur : Guillaume GILLE / Entraîneur-adjoint : Érick MATHÉ / Entraîneur gardiens : Jean-Luc KIEFFER / Préparateur physique : Olivier MAURELLI / Analyste vidéo : Vincent GRIVEAU / Médecin : Emmanuel BIDET / Kinésithérapeutes : Sébastien GAUTIER, Jean-Christophe MABIRE et Florian PATALAGOÏTY / Manager des équipes de France : Emmanuelle MOUSSET / Communication et relation médias : Hubert GUÉRIAU / Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS / Chef de délégation : Bertrand GILLE / Vidéoman : Fabien DOUILLARD / Photographe : Baptiste FERNANDEZ / Intendant de l’équipe de France masculine : Alexandre MASSINON
LES RÉSULTATS ET LE PROGRAMME
EHF EURO 2024 en Allemagne
Tour préliminaire :
Düsseldorf – 10 janvier : France – Macédoine du Nord : 39-29 (17-13)
Berlin – 14 janvier : Suisse – France : 26-26 (14-14)
Berlin – 16 janvier : France – Allemagne : 33-30 (17-15)
Classement Groupe A : 1/ France 5 pts 2/ Allemagne 4 pts 3/ Macédoine du Nord 2 pts 4/ Suisse 1 pt
Tour principal – Lanxess Arena – Cologne :
18 janvier à 18h00 : France – Croatie 34-32 (18-18)
20 janvier à 15h30 : France – Islande 39-32 (17-14)
22 janvier à 18h00 : France – Autriche 33-28 (15-16)
24 janvier à 18h00 : France – Hongrie 35-32 (20-18)
Classement des Groupe I et Groupe II
Finalités – Lanxess Arena – Cologne :
26 janvier – Places 5-6 : Hongrie – Slovénie : 23-22 (12-13)
26 janvier – Demi-finales : France – Suède : 34-30 ap (17-11 – 10-16 – 7-3) / Allemagne – Danemark : 26-29 (14-12)
28 janvier – 15h00 : places 3-4 : Suède – Allemagne
28 janvier – 17h45 : finale : France – Danemark (en direct sur beIN SPORTS 1 et sur TF1)