Dimanche soir à Saint-Etienne, l’équipe de France féminine a terminé en beauté sa campagne de qualifications pour l’EHF EURO 2024, avec une large victoire face à la Lettonie (53-9). Une probante sixième victoire en autant de rencontres pour les championnes du monde, qui partiront à la conquête du titre européen l’hiver prochain. Mais en attendant, elles vont avoir le droit à une semaine de préparation en Auvergne, avant un match amical face à la Roumanie dimanche prochain à Clermont-Ferrand. L’occasion de faire un point d’étape avec l’ailière droite Lucie Granier.

Lucie, quel bilan faire de ce dernier match de qualifications, et sur la large victoire face à la Lettonie ?

C’est bien d’avoir été sérieuses jusqu’au bout. Aujourd’hui chaque match est important, non seulement pour le résultat mais aussi car c’est une occasion de travailler. Le plus important, cette semaine, c’était de respecter des adversaires même si nous étions supérieures, mais aussi d’être concentrées et de profiter de ces occasions pour avancer dans les différents domaines.

Quel était le mot d’ordre avant la rencontre ?

C’est vrai qu’Olivier avait donné un objectif de buts inscrits, mais on s’est surtout dit qu’il fallait être appliquées. On voulait faire un bon match en étant concentrées. On avait comme objectif d’être fortes en défense, de monter vite les ballons et de bien le faire, que ce soit en contre-attaque directe ou sur le jeu rapide.

Quel est le secret pour être concentrée sur un tel match, d’abord, et aussi pour le rester tout au long de la rencontre ?

Il ne faut pas oublier le maillot qu’on porte, c’est la première chose. C’est hyper important, on représente la France, c’est une chance et on a une responsabilité, celle de montrer un beau visage, quelles que soient les circonstances. Il ne devrait pas y avoir de routine avec ce maillot, et on est là pour tout donner à chaque match. C’est aussi important de mettre de l’énergie, si on se donne à fond, il y a une émulation collective et avec le public. Tout ça crée une dynamique qui permet de rester dans un bon rythme.

Tu parlais du public, qui est encore venu en nombre à Saint-Etienne. As-tu le sentiment que quelque chose a changé depuis le titre de champion du monde ?

Ce qui est sûr et qu’on voit à chaque match à domicile, c’est que le handball féminin remplit de plus en plus les salles et que c’est un soutien immense pour nous. C’est vraiment important et on est hyper reconnaissantes que les gens nous suivent et nous encouragent. C’est un des facteurs qui font qu’on est concentrées pendant soixante minutes. On a à coeur de bien jouer devant des gens qui se sont déplacés pour nous voir, qui ont payé pour nous voir. On ne peut pas se permettre de faire les choses à moitié quand on sait ça. La dynamique est très encourageante pour le handball féminin et je suis super heureuse qu’il y ait un tel engouement derrière nous.

Tu disais qu’il ne fallait pas être blasé quand on joue avec l’équipe de France…

Peut-être que c’est parce que cela ne fait pas si longtemps que ça que je suis là, mais je pense que jouer pour l’équipe de France, ça doit rester un plaisir et un honneur. Je parle avec des filles qui sont là depuis quinze ans, et revenir à chaque stage est encore un vrai plaisir pour elle. C’est une chance d’être là, on ne sait pas ce qui peut arriver demain, l’important est vraiment de tout jouer à fond, c’est le meilleur moyen d’en profiter et aussi, de revenir.

Durant cette semaine internationale, tu as été propulsée titulaire avec la blessure d’Alicia Toublanc. Qu’est-ce que ça a changé pour toi ?

Déjà, je suis un peu triste pour Alicia car c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup humainement. J’espère qu’elle reviendra vite. Mais ça ne change pas grand-chose au final, j’ai juste essayé de me donner au maximum, de bien appliquer les consignes, et que je sois sur le banc ou sur le terrain au coup d’envoi, mon investissement doit être maximum.

La fin de saison promet d’être chargée, entre les quarts de finale de Champions League et la course au titre en LFH avec ton club de Metz, mais aussi les Jeux Olympiques avec les Bleus. Est-ce compliqué à gérer ?

Non, ça demande beaucoup plus d’organisation par rapport à ce que j’avais avant, notamment sur le point de vue de la récupération. Mais c’est plus un rythme à prendre qu’autre chose, de jouer tous les trois jours pour gagner des titres avec son club, c’est quand même très excitant. On joue toutes pour jouer des matchs importants, en club ou en sélection, et quand on arrive à ce niveau, on essaye d’en profiter un maximum. C’est pour ça que j’ai signé à Metz l’été passé, ça me permet aussi d’être sélectionnée en équipe de France.

En quoi t’engager avec Metz l’été passé t’a aidé à passer un cap ?

Quand tu t’entraines tous les jours avec certaines des meilleures joueuses du monde, quand tu joues la Champions League tous les weekends et que tu dois gagner tous les matchs que tu joues, ça augmente le niveau d’exigence et ça te pousse à être meilleure. Je ne sais pas si j’ai passé un cap, mais en tout cas, tu ne peux pas passer à côté quand tu joues dans un tel club. Et forcément, cette exigence me sert quand je porte le maillot de l’équipe de France.

Vous allez avoir une semaine de travail avant le match de dimanche prochain à Clermont-Ferrand. A quoi pouvez -vous vous attendre ?

Beaucoup de travail, beaucoup de tests physiques aussi, beaucoup d’entrainements avec un match à la fin. Chaque semaine est importante avec les Jeux Olympiques à la fin de la saison. Mais même au-delà des Jeux, quand tu es en équipe de France, tu sais que tu es là pour bosser alors sur une semaine comme celle qu’on vient de terminer ou la prochaine, tu viens et tu te donnes à fond.

Olivier Krumbholz disait en début de semaine que chaque semaine, chaque match, était une occasion de marquer des points des Jeux. Est-ce vous ajouter une pression supplémentaire ?

Le meilleur moyen de marquer des points, c’est surtout de jouer son propre jeu. J’essaye de faire ce que je sais faire, ce que j’aime faire aussi et de rester dans le cadre tout en mettant un peu de ma personnalité. Je pense pas qu’il faille se demander si on va être prise ou pas pour les Jeux, car c’est quelque chose que personne ne maitrise. Par contre, il faut tout donner pour se donner le maximum de chances d’être dans la liste et ne pas avoir de regrets quand ce sera l’heure des choix.