Dimanche soir à Clermont-Ferrand, l’équipe de France féminine est difficilement venue à bout de la Roumanie (30-28), dans un match amical qui venait ponctuer deux semaines passées ensemble par les championnes du monde. Alors que les filles d’Olivier Krumbholz ne se retrouveront qu’en juin pour le début de la préparation olympique, la pivot Sarah Bouktit prend quelques pas de recul pour revenir sur les jours un peu fous qu’elle vit, que ce soit en sélection ou en club.

Sarah, que faut-il retenir de ce match face à la Roumanie ?

Le bilan est mitigé car on fait beaucoup de pertes de balle et on est accrochées pendant soixante minutes. On aurait pu creuser l’écart rapidement, mais au contraire, on a été poussives. Je veux retenir qu’on est resté concentrées et accrochées, qu’on s’est comportées en équipe et qu’on est parvenues à gagner le match, malgré nos maladresses.

Continuer la série d’invincibilité sur laquelle vous surfez en ce moment a-t-il été un moteur supplémentaire ?

On n’y pense pas forcément pendant le match, on ne se dit pas qu’on veut gagner pour rester invaincues mais surtout parce que quand on rentre sur le terrain, avec ce maillot, on veut sortir du match avec la victoire. Maintenant, il faut admettre que c’est important de rester invaincues, ça donne un surplus de confiance et ça peut aussi jouer dans la tête de nos adversaires.

Cette prestation en demi-teinte vient-elle ternir le bilan de ces deux semaines passées ensemble ?

On est un peu déçues de ce qu’on a montré ce soir parce qu’on a énormément travaillé pendant deux semaines et on aurait aimé finir sur une meilleure note. On ne va pas résumer tout le stage juste sur ce match, on a beaucoup travaillé dans plein de secteurs et c’est quand même très positif. Ce match face à la Roumanie, si on le rejoue demain, on le gagne peut-être largement en jouant beaucoup mieux grâce à tout le travail qu’on a fait. On va essayer de revoir les images sans tirer trop de conclusions.

Tu parles beaucoup du travail effectué. Où en est le groupe physiquement ?

Ca a été intense, on a fait beaucoup de tests physiques, on a pas mal couru mais on a aussi eu des jours de repos. Cette semaine s’est un peu approchée du rythme qu’on peut avoir avec nos clubs au quotidien. On était dans de très bonnes conditions, avec des kinés très présents.

Sur les derniers matchs, tu n’as à chaque joué qu’une dizaine de minutes, en rentrant au relais de Pauletta Foppa. Comment faire pour immédiatement dans l’intensité de la rencontre ?

C’est complètement différent de ce que j’ai en club à l’heure actuelle mais c’est un statut comparable à celui que j’avais à Metz il y a deux ou trois ans. Je sais que tout se joue sur ces dix minutes. Si j’arrive, dans cette petite fenêtre, à répondre aux attentes et à montrer que je mérite ma place, je pourrais naturellement postuler à plus, petit à petit. J’essaye de me concentrer sur ce que j’ai à faire et de tout donner sur dix minutes. Ca peut être compliqué en fonction des matchs.

C’est plus reposant que ce que tu vis en club…

Clairement ! Quand je suis à Metz, des fois je suis crevée parce que je joue beaucoup, là je suis fraiche parce que je sors du banc. J’ai pas moyen de me plaindre que je suis fatiguée, donc il faut que je me donne à fond, je n’ai aucune excuse. Mais c’est bien d’avoir les deux visions, et ça me permet de mesurer l’écart entre ce que je peux produire et ce qui est demandé au très, très haut niveau international.

Beaucoup de gens ne parlent désormais que des Jeux Olympiques, c’était le dernier match avant la préparation ce soir. Quel effet cela fait-il ?

On peut même dire que ce soir, c’était le premier match de préparation. On a fini les qualifications la semaine passée, on a cloturé ça d’une bonne manière et désormais, notre regard est porté vers cet été. La préparation a vraiment commencé cette semaine. On verra bien qui sera de la partie cet été, mais notre objectif est clairement sur les Jeux, et pas sur autre chose.

Etre dans les quatorze est vraiment quelque chose que tu as dans la tête au quotidien ?

Bien sûr ! Quand on est au stage de cette semaine, on pense forcément aux Jeux. On est toutes d’accord pour dire qu’on a commencé à travailler dans cette optique et, quand tu es dans le collectif qui travaille, bon, c’est forcément dans la tête. Je ferai tout pour y être, mais ça va passer par performer avec mon club en premier lieu.

Comment faire la part des choses entre les objectifs de club et les objectifs personnels dans cette période surchargée ?

J’essaye d’oublier mon club quand je suis ici, je n’ai pas trop pensé championnat ou Ligue des Champions depuis quinze jours. Et quand je vais rentrer à Metz, l’équipe de France et les Jeux seront dans un petit coin de ma tête, mais pas plus que ça. Physiquement je suis bien, si je performe en club, il n’y a pas de raison que je ne sois pas appelée en juin. Il n’y a pas de temps à perdre, mais pas non plus trop de pression à se mettre.

Avec les quarts de finale de Champions League, la finale de coupe de France, la lutte pour le titre, comment vois-tu la fin de saison de ton club ?

J’ai vraiment hâte, je suis super impatiente de retrouver les filles car ce sont vraiment des filles que j’adore. Je sais qu’on peut aller très loin dans toutes les compétitions si on est appliquées et concentrées. J’ai hâte de voir comment on va être capable de négocier tous ces gros matchs.

Il y a un an, si on t’avait dit que tu serais dans le peloton en course vers les Jeux, quelle aurait été ta réaction ?

J’y crois mais compliqué quand même. On était cinq ou six sur le poste, ça s’est peut-être un peu réduit aujourd’hui, encore que…J’ai fait un pas de plus vers les Jeux, je suis régulièrement appelée chez les Bleues. C’était un objectif, et plus on avance, et moins les Jeux sont un rêve et plus ils deviennent un objectif. J’essaye de ne pas être surprise mais d’être contente et fière d’être ici.

Mesures-tu le chemin parcouru dans ce petit laps de temps ?

Non, je ne pense pas ! Je suis fière et contente mais j’ai tellement d’objectifs plus grands que ceux-là que j’essaye juste d’avancer et ne pas regarder derrière moi mais plutôt devant.