Fabien Convers s’apprête à conduire l’équipe de France de HandFauteuil sur son premier championnat du monde. Les Bleus feront leur entrée en lice mardi à 14h, face aux redoutables brésiliens. Le sélectionneur évoque cette première compétition majeure pour le collectif tricolore
Quel est ton état d’esprit à l’aube de cette première participation au Mondial ?
Je ressens à la fois de l’excitation, de la motivation et un peu de pression. Cette première participation est l’aboutissement d’un an de travail que l’on veut mettre en avant et concrétisé. Les joueurs ont vraiment hâte d’en découdre. Ils sont très excités et galvanisés par ce maillot bleu. Il y a aussi du stress mais il faut dédramatiser car nous ne sommes pas forcément favoris. L’idée est d’abord de s’enrichir de cette expérience-là.
Sachant que l’équipe de France est assurée de disputer les quarts de finale, comme toutes les équipes participantes, quel est votre objectif ?
Nous visons de terminer aux deux premières places pour nous offrir un quart de finale moins difficile afin d’atteindre les demi-finales, notre premier objectif. Ensuite, nous essayerons d’aller décrocher une médaille.
Comment a été effectué le tirage au sort des huit équipes ?
Il y avait des chapeaux par continents puis l’Égypte a pu choisir son groupe (avec l’Inde, Chili et Portugal).
Avec ton staff, disposez-vous des outils vidéo pour analyser vos adversaires ?
Notre écosystème change beaucoup. On a regardé les vidéos dont nous disposions, notamment des Brésiliens qui sont des précurseurs dans l’activité. Mais avec l’annonce des listes des engagés, on a constaté qu’une bonne partie de l’équipe avait changé. Les vidéos sont donc caduques mais nous avons pu tout de même observer leur style de jeu et leurs tactiques.
Comment s’adapter à la pratique du Handfauteuil à 4, la formule choisie sur ce Mondial ?
Le Brésil évolue traditionnellement à 4 et c’est pour cela qu’il est très compétitifs. Le Japon est novice dans la discipline mais a privilégié le 4. Le Chili pratique aussi le 4. Les autres pays jouent plutôt à 6, comme la France.
Jouer à 4 sur le 40×20 implique une puissance physique plus importante…
C’est en effet basé sur la vitesse et l’exploitation de l’espace, vers la profondeur. Le travail physique est plutôt basé sur le fractionné en aller-retour, par rapport au 6. C’est pourquoi, lors de notre stage de préparation, nous avons effectué un gros cursus puisque dans le staff, nous avons la chance d’avoir un préparateur physique. Nous avons beaucoup travaillé sur l’explosivité, la vitesse et les courses sans ballon. Il faut favoriser le jeu sur grand espace avec parfois des transitions. Le jeu placé existe mais est beaucoup moins fréquent.
Lors du stage de préparation à Besançon, le travail physique a pris une forme originale…
Nous avions programmé une visite à la Citadelle et nous avons effectué l’ascension en fauteuil ! Il y a un en effet un gros dénivelé. C’était difficile mais c’était un moment précieux pour la cohésion de groupe.
Peux-tu rappeler les grands principes des règles du jeu ?
Le match se déroule en 2 sets de 10’ avec 4 joueurs (avec au moins une femme) ou 4 joueuses (avec au moins un homme). Au niveau international, tous les participant.e.s doivent être en situation de handicap avec une égalité de classification sur le terrain pour maintenir l’équité. La classification du HandFauteuil débute à 5 pour un participant amputé jusqu’à 1 pour un participant paraplégique.
Tu es le sélectionneur de l’équipe de France et handballeur valide. Comment ta comportes-tu sur le terrain lors des entraînements ? Tu es debout ou bien aussi en fauteuil ?
J’aime bien faire les deux. J’ai beaucoup pratiqué le Handfauteuil en club et cela me semble indispensable d’avoir une vision de l’intérieur et de savoir se déplacer. Se mettre dans la même position, en plus de la symbolique, c’est se mettre au même niveau. C’est important pour que l‘écoute soit différente.
Le déplacement vers l’Égypte est-il aussi un défi ?
En effet, la logistique est énorme car en plus des fauteuils de hand, il faut embarquer les fauteuils de ville. Il faut une super intendante et beaucoup anticiper avec les compagnies aériennes pour la prise en charge de ce gros volume. Il faut également protéger les fauteuils sportifs avec de la mousse. Et comme une équipe valide, il faut embarquer les tables de kinésithérapie, le matériel médical spécifique, les ballons… en plus des bagages classiques. Notre vol samedi passé était à 20h à Roissy et, pour anticiper, nous avons quitté la Maison du handball à 15h.
Les Jeux paralympiques viennent de s’achever sans le HandFauteuil qui ne fait pas partie du programme. Est-ce frustrant ?
Non il n’y a pas de frustration car on le savait depuis le début. Mais au fond de nous, on espère tous un jour disputer cette belle compétition.