Double champion du monde et d’Europe, champion olympique, Luka Karabatic annonce la fin de sa carrière internationale. Il revient sur cette décision et sur ses 14 années en équipe de France marquées par 172 sélections et 182 buts.

Quand as-tu pris la décision d’arrêter ta carrière internationale ?
C’est une réflexion qui a commencé avant même le Mondial. L’idée a germé après les Jeux olympiques, peut-être même un peu avant. La saison dernière, lorsque mon frère Nikola a annoncé la fin de sa carrière en équipe de France, cela m’a fait réfléchir. Je ne m’étais jamais vraiment posé la question, mais là, j’ai commencé à me demander : « Et toi, Luka, où en es-tu ? ». Après les Jeux, il y a eu un renouvellement de génération avec plusieurs départs puis peu après celui de Timothey N’Guessan. Quand je suis revenu en stage en novembre dernier, j’ai réalisé que de nombreux visages familiers n’étaient plus là. Cela m’a poussé à m’interroger encore davantage. Après l’échec aux Jeux, je ne voulais pas finir sur une note amère. J’avais encore la possibilité de jouer une dernière grande compétition et d’essayer de clore cette aventure sur une belle note. C’est là que ma décision a pris forme.

Quel sentiment prédomine aujourd’hui ?
Avant tout, je suis content d’avoir pris du plaisir sur cette dernière compétition. C’était primordial pour moi. L’aventure n’a pas été simple, mais j’ai réussi à en profiter. Certes, nous n’avons pas remporté le titre de champion du monde, mais finir avec une médaille a quand même une saveur particulière.Il y a aussi des signes qui m’ont marqué : nous avons commencé la préparation à Strasbourg, ma ville natale, et nous avons enchaîné en Croatie, terre de mes ancêtres. Ces coïncidences m’ont conforté dans l’idée que c’était le bon moment pour tirer ma révérence.

Ton but marqué depuis le milieu du terrain, sur le buzzer, a qualifié les Bleus pour les demi-finales du dernier Mondial…
C’est un beau un beau clin d’œil du destin. L’émotion collective et la communion avec mes coéquipiers resteront gravées en moi. Se qualifier pour le dernier carré du Mondial et partager ces moments avec eux, c’est ce que je retiens le plus de cette dernière compétition.

Ta carrière internationale te laisse-t-elle un sentiment d’accomplissement après ce coup d’éclat ?
Oui, totalement. Mon poste de défenseur me plaçait souvent dans l’ombre, mais ce dernier tournoi a permis de mettre en lumière l’importance de mon rôle. Je suis très fier de l’empreinte que j’ai laissée en équipe de France.

Outre tes 10 médailles (dont 5 titres) remportées en 15 compétitions, quels autres moments marquants conserves-tu en mémoire ?
Ce ne sont pas tant les titres ou les gestes techniques qui me reviennent, mais plutôt les histoires que nous avons construites à chaque compétition. Chaque aventure avait sa propre dynamique, avec des équipes et des contextes différents. J’ai connu toutes les facettes d’un joueur international : du jeune arrivant sur la pointe des pieds à celui qui endosse le rôle de grand frère. C’est une vraie richesse d’avoir vécu ces expériences. Difficile de ressortir un moment plus qu’un autre, tant cette aventure a été dense et intense.

Comment envisages-tu la suite de ta carrière en club ?
Désormais, je vais me concentrer exclusivement sur mon club, le Paris Saint-Germain. Cela me permettra d’être pleinement investi et de gérer mon corps avec un peu plus de repos. Jouer à la fois en club et en sélection est exigeant, surtout avec un club comme Paris qui joue toutes les compétitions au plus haut niveau. Après dix ans à ce rythme, c’est une opportunité de me focaliser sur cette dernière étape de ma carrière.

L’aspect personnel a-t-il pesé dans ta décision ?
Oui, bien sûr. J’ai envie de passer plus de temps avec ma famille, ma femme et mes proches. L’équipe de France demande un engagement total, et pour être performant, il faut y consacrer beaucoup d’énergie. Cette décision me permet d’avoir plus d’espaces de repos et de mieux gérer ma condition physique pour continuer à évoluer au haut niveau.

Quelle relation garderas-tu avec l’équipe de France ?
Je resterai toujours lié à cette équipe, d’une manière ou d’une autre. Que ce soit en tribune, devant la télévision ou peut-être avec un micro, je ne sais pas encore. Mais je continuerai à soutenir les Bleus. J’ai encore des amis et d’anciens coéquipiers qui seront là pour un moment. Cette connexion restera forte.

Tu sembles apaisé par cette décision…
Oui, tout à fait. Je suis heureux et reconnaissant d’avoir vécu cette aventure avec l’équipe de France. Quand je repense à mon parcours, je me dis que c’est incroyable. Jusqu’à mes 18 ans, j’étais encore joueur de tennis et je regardais l’équipe de France à la télévision. Pouvoir ensuite faire partie de cette histoire, gagner des titres et connaître aussi des échecs, tout cela fait partie d’une grande aventure. Et aujourd’hui, je la termine en paix, avec le sentiment du devoir accompli.