Conseiller technique National en charge du ParaHand, Mourad Bounouara revient sur la 4e place décrochée par l’équipe de France de handFauteuil qui disputait son premier championnat du monde.
Quel sentiment anime l’équipe de France à l’issue de cette 4e place ?
C’est un bilan positif car il s’agissait d’une découverte pour l’équipe de France. Au premier tour, nous avons joué face à des adversaires que nous n’avions jamais affrontés. Et même si l’équipe a concédé trois défaites, elles étaient constructives. L’équipe a progressé au fil des matchs. On peut critiquer cette formule mais en terminant 4e de la poule, l’équipe de France a disputé son quart de finale face au 1er de l’autre poule, le Portugal.
Et c’est face au champion d’Europe en titre (HandFauteuil à 6) que les Bleus ont livré leur meilleur match pour accéder au dernier carré ?
On leur avait tenu tête en juin dernier et il n’y avait pas de complexes à nourrir. Et malgré la perte du 1er set, la France s’est imposée aux shoot-out. Puis, en demies, on perd, sur un coup du sort face à l’Égypte qui remporte le titre. Lors du dernier match, face au Brésil, c’est physiquement que nous avons peiné. 4e sur un premier Mondial c’est prometteur pour la suite et donne des pistes pour le travail à réaliser.
Quels sont les axes de progrès ?
Au regard de la densité physique, du volume et de la vitesse, l’équipe de France se situe encore loin mais il faut rappeler qu’elle a seulement une année d’existence. En ce sens, Pierrick Bernard a mis en place un programme de préparation physique. Techniquement aussi, l’équipe peut aussi progresser dans ce secteur. Nous devons aussi détecter des profils féminins.
Après les trois défaites inaugurales, le collectif est resté mobilisé…
Les joueurs ont fait une réunion entre eux puis avec ls staff pour « se dire les choses ». Ce temps de cohésion a été posé le matin même de la rencontre face au Portugal. Fabien Convers avait choisi de diffuser un montage vidéo des encouragements des familles. Cela a permis de remobiliser tout le monde.
Fabien Convers s’est appuyé sur un noyau dur, sachant qu’il doit tenir des classes de handicap pour les 4 joueurs alignés en même temps sur le terrain ?
Les joueurs connaissaient en effet leur statut. Si on prend l’exemple de Nadia Gour, elle entre pour faire souffler d’Alexandra Dabek.
Ceux qui ont suivi ce quart entre le Portugal et la France ont sûrement été impressionnés par les parades de Samuel Chandesris qui l’ont souvent envoyé au sol…
Samuel est kinésithérapeute de formation et il travaille dans un centre de rééducation de personnes à mobilité réduite. Je comprends la surprise de voir ces sportifs s’engager de cette façon. Certains dans l’équipe font du ski assis ou du VTT, des sports à risques. Ce sont des compétiteurs, des athlètes qui s’engagent et se bagarrent.
Quels seront les prochains rendez-vous pour l’équipe de France HandFauteuil ?
Cette saison, nous aurons trois rassemblements : au mois de janvier, certainement avec le Portugal, puis en mars et en juin. Puis, à la rentrée prochaine, nous préparerons l‘Euro 2025 qui se tiendra au mois de novembre.
Où se déroulera cet Euro et avec quelle formule ?
L’Euro n’est pas encore attribué. Il faut rappeler que le Mondial devait initialement se tenir au Brésil et finalement c’est l’Égypte qui a accueilli la compétition. Après le Mondial à 4, ce sera une année consacrée au HandFauteuil à 6.
Quel regard portes-tu sur l’organisation mise en place par l’IHF dans la Ville du 6 octobre ?
Ce Mondial était intégralement organisée dans le complexe sportif Hassan Mustapha qui est comparable à la Maison du handball avec une salle en plus. Les huit équipes étaient rassemblées sur le site avec la restauration et l’hébergement. De plus, du côté des délégués et des arbitres, l’IHF avait sollicité des représentants de tous les continents. Marc de Sousa a officié en tant que délégué sur la finale entre l’Égypte et les États-Unis d’Amérique.
Avec seulement une semaine sur place, avez-vous eu le temps de visiter Le Caire ?
L’IHF avait organisé jeudi une visite qui nous a permis de découvrir aux pyramides de Gizeh. En dehors de l’équipe égyptienne, toutes les équipes participantes ont effectué cette excursion.
L’équipe de France a aussi reçu le soutien de jeunes supporters…
Avec la kinésithérapeute Marie Falgoux, nous avons été reçus par l’ambassadeur de France en Égypte, Éric Chevalier (NDLR : l’ambassadeur avait reçu l’équipe de France et ses supporters à Doha lors du Mondial 2015 au Qatar). Sa collaboration a permis aux enfants des écoles françaises de venir nous soutenir sur la compétition.
La semaine passée, Fabien Convers évoquait la logistique importante de la délégation avec notamment 20 fauteuils à embarquer. Comment s’est déroulé le voyage ?
Nous avions choisi la compagnie Air France. Le personnel de l’aéroport Charles de Gaulle sortait tout juste de la gestion des Jeux paralympiques et était prêt à nous accueillir dans de bonnes conditions. Notre voyage a été fluide. L’arrivée aussi au Caire était bien organisée.
Comment le groupe a-t-il vécu cette première expérience au plus niveau international ?
Chacun sait que la vie de groupe n’est pas toujours simple, avec des hauts et des bas qui nécessitent que chacun fasse des efforts. Ces sportifs n’ont pas cette culture car ils n’ont pas vécu le passage en sports-études. Avant le départ, Fabien Convers leur avait demandé de mettre parfois leur égo de côté et de respecter les quelques règles mises en place par le staff. Le groupe s’est construit et a véritablement vécu une expérience humaine. Lors du débriefing, ils ont confié comprendre mieux ce que les joueuses et les joueurs de l’équipe de France de handball évoquent quand ils parlent de leur « expérience humaine pendant une compétition ». Ce propos leur a fait écho.