Elle fait partie de la 2e promotion de l’opération “jeunes dirigeants(e)s“ mise en place par la FFHandball depuis 2023. Thifanny Keller raconte comme elle a intégré ce conseil consultatif et présente le projet de son groupe de travail sur “La lutte contre les violences !”

Peux-tu te présenter ?

J’ai 23 ans et je suis licenciée au club de Dombasle-sur-Meurthe depuis une quinzaine d’années. Mon équipe évolue en championnat départemental ; je suis arrière-droite. Depuis 2022, je suis secrétaire du club. Je m’occupe aussi d’une session de BabyHand, depuis environ 5-6 ans.

Comment tu as souhaité intégrer cette équipe de jeunes dirigeant(e)s ? Est-ce que cela t’a été proposé ou bien t’es-tu portée volontaire ?

Je me suis portée volontaire. De mémoire, je regardais ma boîte mail et je suis tombée sur un message de la Fédération qui annonçait rechercher des jeunes de 18 à 30 ans pour participer à ce projet.

Et comment as-tu réagi ?

J’en ai tout de suite parlé à ma secrétaire-adjointe qui joue aussi dans mon équipe. Je lui ai dit : « Regarde, ça pourrait être intéressant. » Au début, je voyais ça comme une opportunité pour nous, jeunes dirigeantes, de rencontrer d’autres personnes qui gèrent aussi des missions administratives dans leur club.

Vous avez postulé toutes les deux ?

Oui, on a candidaté ensemble. Entre-temps, j’ai regardé une vidéo YouTube sur l’ancien conseil consultatif pour essayer de comprendre ce qui était attendu. Comme j’aime découvrir et m’engager dans de nouveaux projets, ça m’a tout de suite intéressée. On a envoyé notre candidature et finalement, j’ai été prise… mais pas elle.

Comment s’est déroulé le processus de sélection ?

Il fallait répondre à un questionnaire pour exprimer notre motivation. C’était une sorte de sondage où on expliquait pourquoi on voulait participer, quel poste on occupait dans notre club, et pourquoi on devait être choisis. J’ai eu une réponse environ 15 jours ou 3 semaines après. On devait ensuite confirmer notre participation, et le premier regroupement a eu lieu le 19 octobre dernier.

Le premier regroupement s’est déroulé à la Maison du handball. Est-ce que tu connaissais cet endroit ?

Non, pas du tout. Je savais qu’une Maison du handball existait, mais je ne savais pas que c’était aussi le siège de la fédération ni ce qu’on pouvait y faire. Ça a été une grande découverte.

Comment cela s’est passé sur place ?

Tout était super bien organisé. On a été accompagnés par Matthieu Ruiz qui est en charge du projet, ainsi que par Marie-Albert Duffait, Delphine Breton et Stéphane Nicol. Matthieu a été très disponible par mail pour répondre à nos questions, notamment sur la prise en charge des transports, de l’hébergement et des repas, qui étaient couverts par la Fédération.

Que s’est-il passé durant ce premier regroupement ?

Le premier jour, les responsables du projet se sont présentés et nous ont expliqué les attentes du projet. Ils nous ont aussi précisé que ce groupe avait déjà existé l’année précédente et que l’objectif était de le poursuivre, car cela avait permis à des jeunes de s’engager dans leur ligue ou leur comité. Mais ils nous ont aussi mis en garde : c’est un engagement sérieux et un vrai travail.

Vous avez commencé à travailler sur des thématiques spécifiques ?

Oui, on a eu un temps de réflexion pour choisir les sujets sur lesquels on voulait travailler. Ensuite, les groupes ont été formés en fonction des intérêts de chacun.

Comment as-tu choisi ton groupe de travail ?

Au départ, j’étais intéressée par l’aide à la structuration des clubs, notamment pour aider les jeunes dirigeants à trouver les informations nécessaires. Mais en travaillant avec mon groupe, je me suis rendu compte que nos approches différaient.

Tu as donc changé de groupe ?

Oui, un autre sujet m’intéressait aussi : la lutte contre les violences. Le dimanche, quand il fallait choisir définitivement notre groupe, j’ai demandé à rejoindre celui-ci, car je trouvais que c’était un sujet plus en lien avec mon engagement dans mon club.

Quels ont été les temps forts entre ce mois d’octobre et le Conseil d’Administration de la semaine dernière où vous avez présenté vos projets ? Comment avez-vous travaillé ?

On a eu notre premier regroupement en octobre. Ensuite, on devait se revoir en décembre, mais finalement cela s’est fait en janvier. Le 17 janvier, j’ai participé à un séminaire. Puis, on a eu un autre regroupement en février, le 22 précisément. Entre ces regroupements, on a travaillé en autonomie avec nos groupes, principalement en visioconférence. Mais ça a été compliqué au début, car nos emplois du temps étaient très différents. Après une réunion avec Matthieu pour faire un point sur l’avancement des projets, il nous a dit qu’on était en retard sur ce qui était attendu et qu’il fallait se remobiliser. Ça a été un déclic pour certains du groupe. On a retrouvé une vraie dynamique début janvier.

Et qu’avez-vous présenté lors du Conseil d’Administration la semaine dernière ? Votre projet est-il bien abouti ?

Le projet est bien défini sur le papier, mais on a encore besoin d’échanger avec les acteurs de la Fédération pour voir comment le mettre en place concrètement. Notre projet porte sur la lutte contre les violences envers les acteurs du jeu : que ce soit les arbitres, les joueurs ou même les spectateurs. Quand on parle de supporters, on inclut les parents, les joueurs licenciés, aussi des personnes extérieures qui assistent aux matchs.

Quelles sont les actions que vous avez imaginées ?

Nous avons proposé plusieurs actions :

– Un kit de sensibilisation destiné aux clubs. Il contiendrait des affiches personnalisables sur les comportements à adopter en tribune. Un roll-up avec la charte du bon supporter et des QR codes pour accéder à un quiz du type “Es-tu un bon supporter ?”. Ce quiz permettrait aux supporters d’évaluer leur propre comportement.

– Une vidéo de prévention, un peu comme les campagnes de la sécurité routière, avec un message fort et impactant. L’idée est de filmer des jeunes licenciés entendant leurs parents crier depuis les tribunes des phrases comme “T’es nul !” ou “Tu ne sais pas jouer !”, et de montrer l’effet que cela a sur eux. On pourrait aussi filmer un enfant dans les vestiaires, confiant à un coéquipier que son père lui a dit des choses blessantes. L’objectif est de sensibiliser aux risques psychosociaux et de montrer à quel point cela peut affecter un enfant, même s’il ne pleure pas sur le terrain.

Et cette vidéo, comment souhaitez-vous l’intégrer dans la vie des clubs ?

On aimerait qu’elle soit obligatoire lors de la création ou du renouvellement d’une licence, un peu comme l’attestation d’honorabilité. Cela permettrait aux parents de la voir aussi, puisque ce sont eux qui remplissent les licences des mineurs. On souhaiterait inclure un message précisant que l’enfant doit être présent au moment du visionnage. La vidéo pourrait aussi être intégrée aux ressources documentaires sur le site de la Fédération, et diffusée par les comités et les ligues. Elle pourrait être utilisée par les entraîneurs, sur des regroupements jeunes, ou dans d’autres actions mises en place par les comités. On pense que la vidéo aura un impact fort, c’est pourquoi c’est l’action sur laquelle on a le plus travaillé. Elle serait accessible via un QR code, que les clubs pourraient afficher dans les gymnases pour que tout le monde puisse la voir.

C’est un projet ambitieux ! Vous avez pu le présenter à l’Assemblée Générale ?

Non, malheureusement, car toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu’on puisse y participer. À l’heure actuelle, le projet ne sera pas officiellement présenté à l’AG : l’ordre du jour est déjà très dense. Mais Matthieu et son équipe réfléchissent à la suite, car ils ne veulent pas que nos projets soient laissés de côté. Le 25 mars, il nous a envoyés un mail pour nous féliciter et nous informer que notre travail avait suscité beaucoup d’intérêt au sein du Conseil. Il nous a aussi mis en relation avec le service communication de la fédération pour envisager un temps d’échange à partir de la semaine du 7 avril avec notamment la présentation du 2e temps du projet de la campagne “Tous Unis”, qui avait été lancé en août dernier.

Donc l’aventure continue !

Oui, et tant mieux ! C’est une super expérience, j’ai pris beaucoup de plaisir à y participer. Même si le projet n’a pas encore de suite officielle, on espère qu’il pourra être repris, soit par la Fédération, soit par notre propre ligue.