À l’aube du prochain rassemblement des Bleus, Timothey N’Guessan annonce qu’il ne souhaite plus postuler à l’équipe de France. Il explique ses raisons et revient sur ses années en bleu.

Depuis quand ton désir de ne pas poursuivre en bleu s’est-il manifesté ?

Je l’avais en tête depuis un petit moment mais je ne peux pas vraiment dire à partir de quand j’ai commencé à y penser. J’ai été beaucoup blessé et en raison de ces blessures, je me suis demandé si ce n’était pas un peu trop dur d’enchainer la saison avec le club et les compétitions. En même temps, la saison dernière, j’avais en tête deux objectifs : l’Euro parce que je ne l’avais jamais gagné et les Jeux en France.

Le premier objectif a été atteint…

J’ai eu la chance de pouvoir remporter les championnats d’Europe en Allemagne. Même si je n’ai pas eu un rôle très important dans l’équipe car j’ai seulement joué 3-4 matchs, c’était magnifique. Le plaisir passe bien la frustration de moins jouer : j’étais très content de cette superbe. J’ai ensuite essayé de faire les J.O. et cela ne l’a pas fait. Cela fait partie du jeu et du sport. C’est comme ça. Pendant mes vacances, j’ai réfléchi. Je me suis dit que c’était le moment d’arrêter pour moi. Après en avoir parlé avec ma femme et mes proches, j’ai appelé Gino (Guillaume Gille).

Ne pas avoir été choisi pour les Jeux olympiques a marqué un coup d’arrêt, non ? Es-tu revenu là-dessus quand tu as téléphoné à Guillaume Gille ?

Non, je n’ai pas eu envie de revenir là-dessus, mais en effet je pense que cela m’a déclenché un truc. C’est la fin de l’aventure. Je me sens bien dans le choix que je prends. Je n’ai pas de frustration.

Tu as aussi 32 ans au moment où débute ce nouveau cycle olympique…

À un moment, je me suis dit que j’allais essayer de disputer le prochain Mondial, car je me sens bien. En même temps, je ne me vois pas aller jusqu’aux J.O. de Los Angeles. Une nouvelle génération arrive avec plein de jeunes talentueux.

Le fait d’être un père de famille épanoui et de te montrer performant avec Barça, ont-ils eu une influence dans ta décision ?

En janvier on a gagné l’Euro puis en juin, la ligue des champions. Je joue dans l’un des meilleurs clubs du monde : je suis bien dans mes pompes, pas de galère ! Enchaîner avec l’équipe de France, c’est dur physiquement et mentalement. Le fait d’arrêter me permettra de plus profiter de mes enfants et de ma famille.

Tu laisses l’image d’un joueur particulièrement agréable dans le collectif, qui ne boude jamais, toujours de bonne humeur…

Je ne suis pas un mec relou qui se plaint (rire). C’est ma philosophie, dans la vie aussi. J’ai toujours relativisé et considéré que c’était une chance de jouer en équipe de France. J’ai essayé de donner tout ce que je pouvais. Je crois aussi que je m’entendais bien avec tout le monde.

Quel est ton souvenir marquant avec les Bleus ?

C’est difficile d’en choisir un. J’ai trois souvenirs marquants. Le premier, ce n’est pas mon premier match avec les Bleus mais l’annonce de ma première sélection, en janvier 2013. Mon entraîneur à Chambéry, Mario Cavalli, me convoque dans son bureau avant l’entraînement pour me dire que je suis pris en équipe de France. Je crois que je n’avais même pas réagi, tellement j’étais choqué. Cela m’a beaucoup marqué. Ce moment reste un très grand souvenir.

Et les autres souvenirs ?

Le Mondial 2017 en France. On gagne et dans les tribunes, il y avait ma famille et mes amis. C’était top. Forcément, aussi, les Jeux olympiques de Tokyo. Champion olympique, c’est la classe.

C’était génial de jouer pour l’équipe de France. J’ai eu la chance de vivre un rêve et de gagner tous les titres. Franchement, c’était magnifique et ce que j’ai vécu est indescriptible.

Comment ont réagi Melvyn (Richardson) et Dika (Mem) lorsque tu leur as annoncé ta décision ?

Ils m’ont dit « ah enfin !» Cela m’a fait un peu mal car ils n’ont pas essayé de me convaincre de rester (rire). Pour de vrai, ils se sont doutés que ma décision était mûrement réfléchie.

Comment va s’écrire ton avenir avec le Barça ?

Je suis en contrat jusqu’en 2027. Je ne me projette pas sur la suite. Je n’ai pas de date de péremption !

Et la suite, après ta carrière professionnelle ?

Ce que je vais faire après ? Pour l’instant, je n’en ai aucune idée mais j’y pense ! J’ai fait un bilan de compétences… En fait, je cherche un truc qui pourrait me plaire.

Vas-tu suivre assidûment tous les matchs de l’équipe de France ?

Je ne vais pas mentir : je vais surtout me concentrer sur les compétitions majeures. Je serai à fond en janvier prochain derrière les Bleus, lors du Mondial.

Au moment de remiser ton maillot bleu, il faut rappeler que le n°17 t’avait été attribué, celui d’un certain Jackson Richardson…

À ce moment-là, je n’y avais pas du tout pensé, car la joie d’être en équipe de France l’emportait sur le numéro de maillot. Ensuite, c’est vrai que les gens m’en parlaient beaucoup. J’étais parfois un peu gêné et en même temps ce fut quand même très cool d’avoir ce numéro mythique.