L’arrière droite de 27 ans a été de nouveau convoquée par Sébastien Gardillou pour cette semaine internationale, avec deux confrontations amicales en vue contre les Pays-Bas (jeudi 10 avril à Angers et samedi 12 avril à Chartres). Elle revient sur ce retour au plus haut niveau, sans vouloir se projeter plus loin pour le moment. Les deux rencontres seront à suivre sur beIN Sports, La Chaine L’Equipe et HandballTV (jeudi à 20h45 et samedi à 18h00).
La semaine internationale qui débute est ton deuxième stage international consécutif. Comment vis-tu ce retour ?
Je suis super heureuse. Le groupe a quand même pas mal changé par rapport à mes précédentes convocations, il y a pas mal de joueuses nouvelles même si je retrouve quelques têtes connues. C’est presque comme si je n’étais jamais partie, ça a été assez simple de reprendre mes marques et mes repères, et ça rend forcément les choses plus simples.
Encore l’été passé, tu disais que l’équipe de France n’était plus forcément une priorité. As-tu finalement changé d’avis ?
J’avais un peu fait une croix sur l’équipe de France, ce n’était pas ma priorité. Comme tout le monde, j’ai regardé les compétitions et j’ai vu qu’il n’y avait pas beaucoup de joueuses capables de tirer de loin et que peut-être qu’on allait faire appel à moi. Avant, je n’avais pas la sensation de pouvoir apporter tellement. J’ai beaucoup parlé avec Sebastien Gardillou qui habite à Nice comme moi. J’ai beaucoup aimé son discours, ça m’a donné envie de retenter l’aventure.
L’équipe de France t’avait-elle manqué ?
Non, on ne peut pas dire ça. Assez tôt, je m’étais dit que l’équipe de France était un peu fermée pour moi. Me manquer, ce n’est pas le mot. Mais maintenant que je fais les stages, je passe des bons moments, j’ai même l’impression d’apprendre des nouvelles choses et de continuer à progresser alors que je ne suis plus si jeune.
Qu’attends-tu des deux rencontres à venir face aux Pays-Bas ?
On se doit de continuer à gagner, car l’équipe de France a des échéances à préparer et que les possibilités de travailler sont peu nombreuses. En plus, on joue à domicile, devant nos supporters, donc on se doit de montrer le meilleur visage de nous-mêmes. Et individuellement, je veux continuer à prendre du plaisir tout en m’imprégnant du projet de jeu. J’ai déjà eu quelques passages positifs au mois de mars, je veux continuer sur cette voie.
Si on devait comparer la joueuse que tu étais en 2019, la dernière fois où tu avais été convoquée en équipe de France, et celle de 2025, quelles seraient les choses à retenir ?
Je ne stresse plus du tout. Déjà que, de base, je ne suis pas trop stressée, en ce moment, je veux juste aimer le hand. Je suis plus sûre de moi dans mon jeu, je sais ce que je peux apporter et ne pas apporter et je profite beaucoup plus de tout.
Tu as longtemps été cataloguée comme une joueuse qui ne défendait pas trop…
C’est aussi pour ça que je suis venue à Nice, j’avais discuté avec l’entraineur avant de venir. J’avais envie de m’améliorer en défense, de ne pas faire qu’attaquer. Il me fait confiance là-dessus, même si je fais encore des erreurs. Défendre au poste 3 au plus haut niveau, alors qu’on ne l’a pas fait depuis dix ans, cela ne s’apprend pas en un jour. Mais c’était un vrai objectif sur cette saison, tout n’est pas parfait mais ça progresse.
Tu as beaucoup changé de club ces derniers temps, l’OGC Nice est le quatrième en quatre ans. Pourquoi as-tu autant la bougeotte ?
Ce n’était pas le projet, mais je ne regrette aucun choix que j’ai pu faire. J’ai eu plein de bonnes expériences. Ça a été un peu circonstanciel, même si je ne me suis jamais attaché vraiment à un endroit. Je suis très contente d’avoir fait ça, ça m’a fait grandir en tant que joueuse et en tant que personne, j’ai rencontré des gens géniaux partout où je suis passée.
Peux-tu nous résumer en quelques mots ton parcours ?
J’ai commencé à Metz où j’ai passé dix ans, je suis parti à Paris après. J’avais envie de changer après avoir passé très longtemps au même endroit. Vu que j’étais encore jeune, j’avais envie d’une expérience à l’étranger, et l’opportunité à Nykobing Faster s’est présentée. Ca s’est super bien passé, à part qu’il fait super froid ! Nantes a racheté mon contrat pour monter un gros projet européen, et j’étais très intéressée, car ça me permettait de rentrer en France tout en ayant la possibilité de jouer les premiers rôles en coupe d’Europe. D’ailleurs, on fait le Final Four, mais malheureusement, le projet s’est mal terminé. Et me voici à Nice !
Tu es une des rares joueuses internationales à ne pas jouer la Champions League. Y’a-t-il des bénéfices à cela ?
Je suis beaucoup plus fraiche physiquement, j’ai moins de matchs. A Nice, il y a moins de pression au quotidien. On a des objectifs élevés, mais on n’a pas forcément comme but de finir championne. Je sens que je suis bien physiquement, avec de la fraicheur mentale, à aucun moment je ne ressens le fait d’aller à l’entrainement comme une contrainte.
Cela implique-t-il d’avoir une exigence envers soi-même plus forte ?
Oui, mais cela ne change pas de ce que j’ai pu connaitre par le passé. Je n’ai jamais fait de handball en touriste, de toute façon. On a des objectifs à Nice, si on peut aller chercher l’Europe, par exemple, on va le faire, donc il y a quand même une vraie exigence de la part du staff et du club.
Tu as suivi pendant un certain temps un cursus pour préparer une licence information et communication. Où en es-tu ?
C’est fini et je l’ai obtenu ! Je suis super contente parce que ça prenait du temps de devoir aller à la fac, de devoir préparer les examens pendant les périodes de match. C’était parfois compliqué de concilier les deux, ça prenait de l’énergie mentale de se concentrer sur plusieurs choses à la fois. C’est une bonne chose de faite et maintenant je peux me concentrer uniquement sur le sport.
On voit de plus en plus de joueuses professionnelles qui préparent tôt leur après-carrière. Dans ton cas, qu’est-ce que cela t’apporte ?
Je pense de la tranquillité d’esprit. Les générations d’avant n’étaient pas forcément informées sur l’importance de préparer la suite et ça a pu être compliqué pour certaines. Je me rends compte que les filles de ma génération sont bien mieux armées, il faut dire qu’on nous a rabâché depuis le centre de formation que le handball, ça ne durerait qu’un temps. Là je me dis que j’ai ce diplome en poche, même aussi un peu d’expérience, et que quand ce sera la fin, je n’aurais pas à me précipiter pour trouver quelque chose. Ca m’enlève clairement un stress potentiel.
Pour revenir à l’équipe de France, t’es-tu fixé des objectifs pour les prochains mois ?
Non, pas du tout. Je reviens d’une retraite internationale de six ans, donc je vais y aller doucement (rires). Plus sérieusement, cette semaine est seulement mon deuxième stage de suite. C’est bien, ça donne envie d’y revenir, mais on ne va pas s’enflammer. Je ne vois pas plus loin que la fin de la semaine, on verra si je suis prise pour les prochaines échéances et on y pensera peut-être plus tard. Pas maintenant.