À l’instar de tous les handballeurs, les arbitres sont à l’arrêt depuis le début de la crise sanitaire. Après Yann Carmaux et Julien Mursch, Charlotte et Julie Bonaventura, qui forment l’une des trois paires internationales que compte la FFHandball, évoquent cette période inédite. Les frères Gasmi raconteront bientôt aussi comment ils traversent cette longue intersaison.

« Pour Charlotte, qui possède un emploi, cela ressemble à une vie normale. Pour moi en revanche, il s’agit de s’adapter, c’est le propre des arbitres », sourit Julie lorsqu’on s’enquiert de son rythme de vie depuis que la crise sanitaire prive aussi les arbitres de leur activité favorite. Porte-parole du binôme le plus célèbre de l’hexagone, Julie confie « prendre les choses avec philosophie. Les joueurs sont impatients, les entraîneurs rongent leur frein et nous sommes impatientes de retrouver le terrain. » Cette trêve inattendue et bien plus longue que celle habituelle de l’intersaison, nécessite de maintenir une activité physique avant la reprise qui pourrait être effective dès la fin du mois d’août avec les premiers matches des coupes européennes. L’arrêt des compétitions début mars est intervenu au moment où se présentaient les semaines les plus denses de la saison. « Assurément la période la plus chargée avec de nombreux déplacements et des matches de plus en plus importants. Nous avons été coupésn en quelque sorte, dans notre élan. »

Quizz et webinaires
Pour rester en contact avec l’activité, la Commission Centrale d’Arbitrage de la FFHandball a développé des quizz vidéo. Chaque semaine, les arbitres français ont été invités à participer à ces évaluations régulières pour « nous maintenir actifs sur les règles du jeu », rapporte Julie Bonaventura. Les instances internationales n’ont pas été en reste. L’EHF et l’IHF ont aussi cherché à maintenir le lien avec le corps arbitral. « La commission d’arbitrage de l’EHF nous a fait travailler sur différents thèmes au travers de vidéos issues de l’EHF EURO 2020 masculin. » Du côté de l’IHF, ce sont plutôt les webinaires qui ont animé cette période sans compétitions. « Les contenus sont tous en ligne et ne concernent pas uniquement l’arbitrage. Cela permet de s’ouvrir l’esprit sur d’autres aspects », apprécie celle qui compte, avec sa sœur, l’arbitrage des finales internationales parmi les plus prestigieuses. Plusieurs Français, parmi lesquels Paul Landure, Patrice Canayer, Yerime Sylla ou encore le préparateur physique Arthur Yapo, ont contribué à la fabrication de ces webinaires. À la demande de Ramon Gallego, le patron de l’arbitrage international, les sœurs Bonaventura, avec les Espagnols Ignacio Garcia Serradilla et Andreu Martin, ont présenté un webinaire sur le thème de la continuité du jeu, ceci afin d’encourager un rythme élevé dans le handball moderne. « Ce n’est pas un thème classique car il s’accompagne d’une réflexion sur la philosophie du jeu. Un point sur lequel les arbitres ont la main pour siffler ou pas une faute qui irait à l’encontre de la continuité du jeu, estime Julie Bonaventura qui cite un exemple : pas de cartons jaunes après les buts. Pour ce faire, nous avons recherché plusieurs séquences pour illustrer ce thème. »

À l’instar de tous leurs collègues arbitres, quel que soit le niveau, Charlotte et Julie Bonaventura ont remisé leurs sifflets depuis plusieurs mois. Julie Bonaventura ici avec le Nantais Olivier Nyokas. (Photo FFHandball / S.Pillaud).

Deux nouvelles règles sur la table.
Les règles du jeu sont régulièrement revisitées et améliorées pour tenter de limiter les temps-morts et rendre le handball toujours plus attractif. Parmi les chantiers ouverts qui pourraient voir le jour en 2022, deux réflexions sont menées par l’IHF : l’engagement depuis un cercle central après un but et la réduction à 4 passes (contre 6) pour le jeu passif. « Notre rôle n’est pas de juger si une règle est bonne ou mauvaise mais de l’appliquer », rappelle Julie Bonaventura qui évoque aussi le débat sur le jeu à sept relancé par plusieurs entraîneurs européens. « La fronde sur le jeu à sept vient d’Allemagne et anime, une fois de plus, les discussions. Cette règle avait été mise en place après consultation des entraîneurs de haut niveau. C’est aux entraîneurs qu’il appartient d’utiliser cette règle. Le Portugal est une des équipes qui la maîtrise le mieux. Beaucoup se plaignent aussi que les exclusions de 2’ ont moins d’impact. L’IHF a ouvert le débat avec les entraîneurs et peut-être que dans le futur, cette règle du jeu à sept restera un souvenir. »

HGu