Après Éric Baradat, lundi passé, pour la filière féminine, Pascal Bourgeais est le deuxième invité de l’entretien du lundi. Le responsable du Parcours de Performance Fédéral masculin dresse à son tour le bilan de l’été et évoque l’actualité de la filière masculine.

Quels étaient les objectifs de la réunion qui s’est tenue vendredi dernier à la Maison du Handball ?
Organisée sous la houlette de Philippe Bana, le Directeur Technique National, Didier Dinart et Guillaume Gille, les coaches des trois équipes jeunes (Yohann Delattre, Éric Quintin et Pascal Person), Jacky Bertholet, Laurent Frécon et Pascal Niggel ont participé à cette réunion de rentrée. L’ordre du jour était le débriefing de l’été ainsi que la fin du cycle de deux ans des sélections masculines qui induit la passation de staffs à staffs. Les échanges ont porté sur le haut niveau et de son objectif principal : préparer le renouvellement de France A.

Les staffs des équipes jeunes sont-ils amenés à évoluer ?
Les coaches ont souhaité continuer leur mission et ils nous ont confortés dans leur souhait de maintenir leur staff technique avec lequel ils entretiennent une forme de connivence, de confiance et de finesse dans la relation. Nous avons donc réinstallé les staffs à l’identique pour les deux prochaines années. Les trois coaches, avec leur personnalité et leur culture, ont des approches différentes. Cela nous permet de ne pas avoir un modèle unique de management et dans le handball. C’est un atout considérable et une richesse dans le cadre de la formation et de l’accompagnement sur la route du haut niveau.

Tu évoquais plus haut Pascal Niggel. Quel est son rôle ?
Il intervient sur la préparation mentale et sur trois populations : les espoirs fédéraux, les joueurs et les collectifs, les staffs. Jusqu’à peu, les staffs en place n’en ressentaient pas le besoin. Il y avait peut-être une forme de méconnaissance et d’appréhension de ce rôle. Il faut en effet une forme absolue de confiance et de connivence pour que cela fonctionne.

Alors comment opère-t-il pour apporter sa contribution à la performance ?
Pascal Niggel ne cherche pas à s’installer comme une unité à part dans les staffs. L’objectif n’est pas qu’il devienne un incontournable mais bien qu’il soit au service de l’équipe, des joueurs et du staff. La notion de confiance et de confidentialité est importante mais en même temps il doit nourrir le staff et apporter de nouveaux axes de travail, de nouvelles perspectives. Après quelques mois de collaboration, Pascal est bien entré dans cette fonction. Il est subtil et cela matche bien avec les staffs qui se sont appropriés ses compétences. Avoir le même type d’interrelations avec les joueurs, est illusoire. L’accompagnement individuel et la personnalisation des approches sont des atouts précieux.

Si Jean-Luc Kieffer va renforcer le staff technique de France A dans l’entraînement des gardiens, Daouda Karaboué va-t-il poursuivre sa mission ?
Daouda a effectivement, depuis longtemps, un rôle auprès des U19 sur ce poste spécifique qui est tellement important. Sa mission a été étendue aux autres équipes mais nous allons étendre l’intervention d’anciens internationaux à ce poste et qui se sont formés. Cela permettra à la filière de disposer d’un suivi de tous les groupes de manière longitudinale, sur tous les rassemblements.

La préparation physique sera elle aussi renforcée ?
La relation entre les clubs professionnels et la fédération est indispensable à la réussite des équipes de France. Cette collaboration et la confiance qui en découle sont illustrées par l’USAM qui a envoyé Élohim Prandi en Espagne et dont l’apport a sans doute permis de remporter le titre mondial. Cette relation gagnant-gagnant rejaillit à la fois sur la fédération et sur le club. Les clubs se sont professionnalisés et, en particulier pour les joueurs U20/21 qui gravitent en LidlStar Ligue et en Proligue, il est nécessaire de nous renforcer dans le domaine de la préparation physique. Cette très haute expertise est nécessaire dans l’accompagnement, en particulier pendant les stages, quand les athlètes quittent leurs clubs, afin qu’ils soient « rendus » dans le meilleur état possible. Prendre en considération le volume de travail des joueurs nécessite un œil encore plus aiguisé pour déboucher sur un entraînement et une récupération individualisés.

Revenons sur le parcours exceptionnel de la génération 98-99…
À l’exception de la finale de l’Euro U20 perdue d’un but face à la Slovénie, cette génération 98-99 a tout gagné. C’est un parcours hors norme et exceptionnel car aucune équipe n’avait jusqu’à présent réussi un tel parcours. Il n’y avait pas les mêmes individualités que la génération, 96-97, mais elle disposait d’autres capacités. Le plus marquant pour cette équipe, c’est sa capacité à répéter les performances, et à ne jamais douter.

L’équipe de France U19, dans laquelle tu es aussi intégré, n’a pas réussi à monter sur le podium. Est-ce conforme aux attentes ?
Entrer dans le Top 8, c’est le standard minimum pour dire qu’une compétition est réussie. Sur un Mondial, le huitième de finale est le match de tous les dangers. À la sortie de la phase de groupes, à un but près, nous aurions affronté la Croatie sur laquelle nous n’étions pas du tout favoris. Finalement, nous avons franchi ce cap (face à la Norvège) et terminé sixièmes. Avec la Croatie, la Suède, l’Islande et l’Espagne qui sont derrière nous, terminer à la 6e place est bien payé. Sur cette génération 2000-2001, la performance met plus de temps à s’installer. L’équipe comptait huit nouveaux joueurs dans ses rangs. À l’avenir, cette équipe sera certainement soumise à de nouvelles rotations. Je suis intimement persuadé qu’elle gravira encore des échelons.

Et quel est le potentiel de la génération 2002-2003 qui va rejoindre le staff animé par Éric Quintin ?
Pascal Person nous a indiqué densité que les sept équipes présentes au FOJE ont produit un très bon niveau de jeu. Parmi elles, la France se situe entre la 3e et la 4e place. Sept équipes de haut niveau, situé entre la 3e-4e place, Traditionnellement, les Danois, les Allemands et les Espagnols sont plus en avance que nous dans leur formation sur cette catégorie d’âge. Les U18 vont intégrer les championnats nationaux seniors et probablement ils vont gagner en qualité. Un constat s’impose : par rapport aux nations scandinaves, à l’Allemagne et à la Croatie, nos équipes ont un déficit de morphologie. Nos joueurs rendent à leurs concurrents quelques kilos et centimètres). Ce n’est pas un axe de travail mais un axe de réflexion. Idem pour les nations qui décloisonnent, telles que l’Égypte et le Portugal. Toujours dans l’intérêt du joueur et de sa formation, il ne faut peut-être pas se priver de la possibilité de le faire aussi.

Quelles sont les pistes de travail pour la filière masculine ?
Tous les indicateurs sont au vert et franchement, j’apprécie beaucoup les échanges professionnels et sincères entre tous les coaches de la filière. L’objectif demeure d’alimenter l’équipe de France A. À ce jour, nous avons identifié deux postes sur lesquels nous avons un déficit de profils : arrière gauche et pivot.

Peux-tu faire un point sur le dispositif des espoirs fédéraux ?
Jusqu’à présent le groupe comptait 12 espoirs fédéraux. Nous maintenons le dispositif avec un joueur de la U19 en plus, soit un total de 13 (7 U21, 4 U19 et 2 U17). La FFHandball continuera d’accompagner les U21 vers le plus haut niveau notamment sur les aspects socio-professionnels, mentaux et médicaux, avec un groupe d’experts à leur disposition. En somme, tout ce qui ne concerne pas le handball.

HGu