Organisée par l’IFFE, la 6e promotion de la formation « Réussir au Féminin » s’est tenue les 12 et 13 octobre à la Maison du Handball. Parmi les stagiaires, Perrine Paul témoigne de son expérience lors de ce séminaire et évoque plus largement son parcours de dirigeante et de militante.

Perrine, peux-tu présenter ton parcours dans le handball ?
Dès l’âge de 10 ans, j’ai pris en main un ballon de handball. J’étais scolarisée à la Valette-du-Var et j’ai débuté à l’ASSU avec un professeur des écoles qui a ensuite créé une section handball à la Valette. Il a officié comme entraîneur et président et c’est ainsi que j’ai effectué mes premiers pas en club. Ensuite, j’ai joué à l’OSH Hyères puis à l’ASCM Toulon Var HB (devenu ensuite Toulon Saint-Cyr Var HB). J’ai également évolué dans l’équipe de la Côte d’Azur.

Aujourd’hui tu es devenue une dirigeante multi-cartes…
En effet je suis co-présidente de Toulon Saint-Cyr Var HB, un club de la Ligue Butagaz Énergie. Après deux mandats de vice-présidente, je suis présidente, depuis 2017, du Comité du Var (83) et donc je suis aussi investie sur le Territoire Paca. Enfin, au Conseil d’Administration de la FFHandball, je représente le collège LFH. Quelle que soit la structure, c’est un même engagement pour le développement et la promotion du handball.

Tu as récemment pris part à la formation « Réussir au Féminin » en tant que stagiaire. Au regard de ton parcours accompli, quelle était ta motivation ?
J’ai participé à cette formation avec beaucoup de sincérité. Elle doit nous permettre demain d’être plus efficace et au plus près de notre projet de club. J’étais accompagnée par une salariée du Comité en charge de l’administratif et du développement.

Comment s’est déroulée cette formation ?
Nathalie Janvier, de l’association Femix Sports, a animé cette formation qui comportait deux volets : Osez vous engager (samedi) et réussir en mixité (dimanche). Il faut souligner que Nathalie a su mettre en place un climat de confiance, de confidentialité, de respect et de non jugement. La formation était rythmée par des jeux de rôle qui ont permis à toutes les participantes de partager des expériences parfois complexes. Ces différentes situations avaient pour objectif, par exemple, de savoir dire oui ou non, comment s’adresser à l’autre, comme adopter une attitude positive pour recevoir du positif. Connaître ses besoins et ses émotions pour être plus efficace. A également été abordée la communication verbale et non verbale.

Parmi les 14 stagiaires, tu faisais sûrement partie des plus expérimentées…
En effet. J’ai 56 ans et parmi les stagiaires il y avait des jeunes filles de 19 ans. J’ai partagé mes expériences et mes explorations dans les deux structures, club et comité. Forcément, j’ai quelques années d’expérience en plus mais en réalité les difficultés rencontrées, la détermination et la ténacité, sont identiques. Il y avait aussi une paire de jeunes arbitres et des dirigeantes pas encore en situation de direction mais agissant dans l’ombre. L’essentiel est de partager. La facture humaine est tellement importante que nous avons besoin d’être réconfortées.

Es-tu agacée parfois d’être montrée en exemple en raison de ton genre féminin ?
Dès lors où on fait le boulot et que nous avons la certitude d’être utile à quelque chose, à nous de prendre la posture avec la certitude d’être à notre place. Cette légitimité, nous l’avons acquise depuis 16 ans auprès de nos institutions (les communes de Saint-Cyr et de Toulon, la Métropole et le département du Var). Ces partenaires nous accompagnent avec beaucoup de confiance sur nos projets.

Avec Jeanne-Marie de Torres, vous formez un duo inédit à la présidence de Toulon Saint-Cyr Var HB. Quel est votre secret pour durer ?
Nous formons une seule et même personne. Parfois sur la forme, mais jamais sur le fond, nous pouvons avoir une approche différente. En seize années, jamais nous n’avons été en contradiction. Autour de nous, nous pouvons nous appuyer sur une équipe de salariés(es) et de dirigeants(es) bénévoles très investis. Nous avons toutes les deux des contraintes personnelles fortes et parfois il est périlleux de mener plusieurs activités de front. Garder du sens à ce que l’on fait et avoir de l’empathie, cela permet d’avancer au quotidien.

L’an passé, votre club a réussi à attirer deux championnes du monde, Laurisa Landre et la capitaine Siraba Dembélé-Pavlovic…
Siraba est une belle personne. Elle est écoutée et respectée par ses coéquipières et les jeunes pousses. Le club s’inscrit dans une démarche de structuration et de professionnalisation, y compris pour le secteur professionnel qui possède encore une marge d’évolution. Nous avons effectué de gros efforts sur l’accompagnement médical et maintenant nous visons d’enrichir le staff technique et pourquoi pas avec un manager général.

Il faut du courage et de l’abnégation pour boucler un budget qui intègre une équipe professionnelle, non ?
Depuis 16 ans que nous sommes au club, nous avons toujours fait face à nos engagements et payé les joueuses dans le cadre d’un budget associatif global. Notre club s’appuie sur un large pool de partenaires privés qui sont heureux de venir voir du sport féminin. Nous œuvrons dans ce cadre-là et si l’économie n’est pas la même, c’est aussi une question de volonté et de politique générale. Un travail important a été réalisé par nos aînés(es) et il faut continuer à tendre vers une égalité des traitements car la responsabilité est égale.

Quel regard portes-tu sur le parcours de l’équipe de France féminine ?
Les résultats démontrent que nos handballeuses ont réussi le tour de force d’être les meilleures du monde. Olivier Krumbholz a également prouvé sa capacité, lors d’un premier puis d’un second cycle, à conduire l’équipe sur les podiums.

Prends-tu parfois le temps de te retourner sur ton parcours dans le handball ?
Oui (sourire). La petite handballeuse de 10 ans n’aurait jamais imaginé un jour assister à un Conseil d’Administration dans la Maison du Handball, ni d’entendre, de mes propres oreilles, les propos de notre guide, le président. C’est un plaisir de travailler et de résider dans la cette Maison du Handball jalonnée de tous ces titres.

HGu