Élu président de la FFHandball lors de la 93e assemblée générale qui s’est déroulée en visioconférence samedi à la Maison du Handball, Philippe Bana est naturellement l’invité de l’entretien du lundi.
Philippe, comment accueilles-tu ce succès qui te permet d’accéder à la présidence fédérale ?
Avec respect et bienveillance, Je souhaite d’abord remercier Joël Delplanque qui a su incarner, de façon magnifique, la fonction et à s’inscrire dans l’histoire. Le chemin est souvent plus beau que la sortie car c’est un paradoxe que la fin de son parcours exceptionnel s’effectue dans la bagarre au cœur de la crise sanitaire. Nous organiserons à Pau, lors de l’AG 2021, la fête qu’il mérite. Je le remercie aussi d’avoir organisé ce moment fort de démocratie qui a généré du débat et des contenus avec les acteurs et qui est propice à fabriquer encore un meilleur handball. La première décision du nouveau CA a été de voter la présidence d’honneur pour Joël.
Que retiendras-tu de cette campagne ?
L’investissement humain de tous les candidats et de leurs équipes a été fort même s’il nous a un peu secoués avec les reproches adressés aux uns et aux autres. Je souhaite saluer toutes celles et tous ceux qui ont produit cette réflexion pour le handball. Je respecte les équipes les programmes et les candidats. Avec Jean-Pierre et Olivier, nous en avons convenu : cette campagne nous a appris à être plus proches des gens. Ce devoir de proximité doit être poursuivi auprès des dirigeant.es et des acteurs dans les territoires. Cette proximité développée avec l’équipe de Handball 2024 qui s’est dissoute aujourd’hui se poursuivra avec l’ensemble des membres du Conseil d’Administration. Notre équipe a été à l’écoute des difficultés et elle a le goût des autres.
Quelle sera ta première action ?
Dès maintenant nous allons poursuivre la négociation de la reprise afin de remettre, dès que possible, le maillot sur le dos des joueurs.ses. Je vais vous raconter une anecdote. Ma fille de 5 ans joue au Mini hand depuis la rentrée de septembre, au club de Villiers-sur-Marne. Vendredi dernier, elle m’a dit : « papa, j’ai compris que tu voulais être le chef de « allez les Bleus », (un concept compliqué à expliquer ici (sourire). Dis à tes copains et à tes copines que je vois le soir à l’écran, svp rouvrez mon gymnase pour que j’aille jouer mercredi (ému). » Rouvrir les gymnases et jouer : c’est notre priorité absolue.
Après 21 années comme Direction Technique Nationale, tu endosses la plus haute responsabilité. Quel est ton sentiment ?
Président, c’est un nouveau poste et un nouveau challenge. Aujourd’hui, je pense surtout aux licenciés et aux clubs qui attendent la reprise du handball. C’est défendre cette idée du « jouons collectif » que nous avons assénée tout au long de la campagne. J’ai une grande équipe à mes côtés pour mener les missions, des élus experts costauds, soudés et volontaires. J’ai la volonté d’aller sur le terrain et de rester dans la proximité, aussi très bientôt de soutenir notre équipe de France féminine au Danemark qui, même dans ce contexte, porte beaucoup d’espoirs.
À qui as-tu pensé au moment où tu es devenu président ?
Outre les membres de ma famille, le premier auquel je pense, c’est André Amiel, mon père spirituel. Il y a 40 ans, il passait me chercher chez moi à Marseille pour m’emmener au gymnase des Salins à Martigues. Il me parlait de handball puis, plus tard, il m’a donné des conseils à mon arrivée à la fédération. Je vais souvent penser à lui pour prendre les bonnes décisions car il était un visionnaire. Je pense aussi à tous ces acteurs qui ont fabriqué, avant nous, cette magnifique machine.
Les commentaires qui ont accompagné la campagne évoquaient le déchirement de la famille du handball. Quel est aujourd’hui ton regard sur ces dernières semaines ?
D’abord, j’exprime du respect et de la dignité à ceux qui ont mené cette campagne démocratique. Le handball en sort grandit et uni, il ne se déchire pas car ses valeurs, l’éducation, de santé, sont fortes et sont les composantes d’une famille réunie et prête à la reprise. Notre équipe Handball 2024, aussi celles de Jean-Pierre Feuillan et d’Olivier Girault ont écrit trois programmes de qualité. Tout est donc déjà écrit et débattu. Avec mon équipe, nous allons désormais conduire le projet jusqu’en 2024, en particulier le service aux clubs, aux licenciés et aux territoires.
Concrètement ?
Nous souhaitons rassembler les familles, du handball amateur et professionnel, en partageant ensemble un nouveau modèle territorial, le tout avec une éthique irréprochable. Il en va aussi de notre capacité à changer le modèle économique, plus social, plus solidaire et plus diversifié. Ce n’est pas démagogique car nous voulons fabriquer un nouveau dispositif pour nous rapprocher encore plus de façon statutaire des dirigeants des Territoires pour mieux les accompagner. Quand tu es licencié ou adhérent tu dois avoir au quotidien un service irréprochable et réel de ta fédération.
On observe une érosion du nombre de licencié.es. Quelle action majeure comptes-tu mettre en œuvre pour retrouver la croissance ?
Au sein de notre équipe handball 2024 et désormais du nouveau Conseil d’Administration, Pascale Jeannin, porte notre projet de relier l’école, le club et la municipalité. Le handball doit être le sport pilote du rapprochement entre le sport et l’éducation nationale. Notre ambition est le retour sous les préaux et sur les plages avec nos pratiques comme le baby hand, le hand à 4, le beach, le hand fit.
La nouvelle carte des J.O. de Paris 2024 envoie les deux tournois de handball au Stade Pierre Mauroy à Villeneuve d’Ascq. Comptes-tu intervenir pour que la compétition revienne à Paris ?
Nous avons tous naturellement une affection forte pour notre présence sur le village olympique. C’est une décision complexe qui est déjà votée par le COJO de Paris 2024 dans un cadre budgétaire revu. Nous allons rapidement entrer dans cette discussion avec Tony Estanguet et Jean-Philippe Gatien mais pas seulement car la commission sportive du CIO et l’IHF doivent valider cette nouvelle option.
L’inquiétude demeure quant à la tenue du Mondial IHF 2021…
J’ai déjà échangé avec les présidents des fédérations allemande et espagnole que je rencontrerai en fin de semaine à Herning, dans le cadre de l’Euro féminin. La tenue de ce Mondial est un enjeu vital pour l’économie du handball. Nous allons nous mobiliser pour convaincre toutes les parties prenantes pour que ce Mondial, si les conditions sanitaires le permettent, se déroulent avec un maximum d’équipes.
Thierry Gaillard assure l’intérim au poste de Directeur Technique National depuis ta mise en disponibilité le 20 septembre dernier. Quand vas-tu nommer un nouveau DTN ?
Notre sentiment est qu’il n’y a pas d’urgence à travailler avec le ministère sur le profil d’un DTN. Thierry a longtemps été mon adjoint et il est l’homme de la situation pour gérer la reprise du handball car depuis le début de la crise sanitaire, il se bagarre avec son équipe au quotidien pour cela. Le cycle olympique rythme la fonction et, par conséquent, le DTN et son équipe poursuivront leurs missions jusqu’à l’issue des J.O. de Tokyo.
Propos recueillis par HGu