Avec le médecin Pierre Sébastien et son alter ego de l’équipe de France masculine, Emmanuelle Mousset, Sébastien Gardillou revient sur la visite d’inspection au Japon. Un séjour d’anticipation qui pourrait se révéler très précieux dans la perspective du Mondial à Kumamoto (30 novembre au 15 décembre) et des Jeux olympiques de Tokyo (24 juillet au 9 août).

Quels étaient les objectifs du voyage au Japon ?
Nous souhaitions superviser l’avancée des travaux à Koshu, dans la province de Yamanashi, qui sera notre camp d’entraînement avant notre entrée au village olympique. Nous avions déjà effectué une première visite en août 2017 afin d’acter le partenariat avec la ville. Nous avons profité de l’opportunité de nous rendre à Yamamoto qui accueillera bientôt le Mondial féminin puis nous avons bouclé notre voyage à Tokyo avec la fédération japonaise de handball.

De quels travaux s’agit-il à Koshu ?
Ce sont des aspects techniques notamment des modifications du gymnase afin d’intégrer la salle de musculation. Cela concerne aussi l’hébergement qui est situé à une vingtaine de minutes. Les conditions d’hébergement et de restauration répondent au standard fixé. Koshu est située à 01h30 de route Tokyo, dans une partie très verdoyante, à l’ouest de Tokyo. Le contexte sera apaisant et nous pourrons alterner des temps d’entrainement, de récupération et de visites.

Dans l’hypothèse où l’équipe de France masculine sera qualifiée pour l’échéance olympique, les deux équipes seront donc rassemblées avant d’intégrer le village olympique…
C’est une volonté partagée par les deux staffs de faire évoluer les filles et les garçons sur les mêmes circonstances. Notre souhait est de ne pas rentrer trop tôt dans le village olympique où nous devrions passer un temps conséquent. Le dialogue entre les deux staffs a évolué et il existe aujourd’hui une vraie proximité entre les intervenants. Des compétences pourront être mutualisées afin de faciliter l’organisation sur place.

Concernant la nourriture, un sujet sensible pour les athlètes, comment anticiper ?
Nous avons échangé avec le chef de la restauration de l’établissement hôtelier. Pierre Sébastien est chargé de l’élaboration des menus et nous devrions ainsi disposer d’une alimentation adaptée à nos besoins et à nos goûts.

Quelles sont les actions prévues avec la ville de Koshu ?
À l’instar de ce qui peut être réalisé sur une coupe de monde de football, la ville a mis en place un programme culturel dans les écoles avec une découverte de la France et du handball. Dans l’hôtel de ville, des écrans seront installés pour diffuser, en boucle, des matches des équipes de France. Des maillots des équipes de France seront également exposés. Quelques entraînements seront aussi ouverts aux enfants de la ville de Koshu.

Des matches d’entraînement avec des équipes japonaises ou des nations qualifiées pour les J.O. sont-ils déjà programmés ?
Des pistes sont envisagées mais nous attendons naturellement la qualification des garçons pour faire des propositions aux coaches et bâtir le programme.

La 2e étape de votre périple vous a conduits à Kumamoto où se tiendra bientôt le Mondial féminin. Ce repérage a t’il été fructueux ?
Les conditions de performances ne seront pas idéales. L’équipe de France a été reversée dans le groupe B avec des matches dans différentes salles (notamment à Yamaga) qui nous obligeront à des contraintes fortes. Ce sera lourd de conséquences car nous serons hébergés à Kumamoto, une ville japonaise typique avec une circulation et un temps de transport conséquent. Il y aura une iniquité avec le Danemark qui se trouve dans notre poule : cette nation disputera tous ses matches dans la même salle.

Mais comment expliquez ce traitement alors que l’équipe de France est championne du monde en titre ?
J’imagine qu’il s’agit du poids des droits TV qui implique l’installation de plateaux TV permanents dans la salle. Lorsque je me souviens des impositions lors du Mondial 2017 et de l’Euro 2018 en France, je suis surpris et étonné. Nous sommes contrariés car on ne retrouvera pas les conditions de travail qui nous permettent nous de performer. Je pense notamment au travail vidéo que nous devons effectuer sur nos adversaires et dans les autres poules. C’est une remise en cause de nos process de travail.

En quoi à consister la dernière étape à Tokyo ?
Nous avons en effet achevé notre séjour dans la capitale de l’archipel. Nous avons été reçus par la fédération japonaise qui a invité l’équipe de France à participer au Test Event organisé au Gymnase Yoyogi où se tiendra le tournoi olympique. Le Brésil, la Slovénie et le Japon participeront aussi à ce Test Event, à partir du 20 novembre prochain.

Avez-vous visité les installations olympiques ?
La mise en conformité du Gymnase Yoyogi n’étant pas achevée, nous n’avons pas eu accès. Ce n’est pas un sujet d’inquiétude car nous le découvrirons lors du Test Event. En revanche, il n’était pas possible de visiter le village olympique qui est en construction sur le port de Tokyo. Nous avons surtout observé la circulation très dense qui rendra compliquée les déplacements. C’est une source d’inquiétude pour les séances d’entraînement. C’est lors de la visite en mars 2020, dans le cadre de la mission CNOSF, que notre positionnement dans le village sera connu ainsi que les conditions d’entraînement.

Que retirez-vous de ce voyage ?
Nous serons indiscutablement confrontés à une autre culture qui nécessitera d’être le plus précis possible dans nos anticipations. Nous devrons nous montrer plus paisibles dans les discussions et nous approprier les règles, les us et coutumes.

En quoi disputer le Mondial au Japon peut-il donner des indices pour optimiser la préparation aux J.O. ?
La durée du voyage et le décalage horaire impactent énormément les organismes. Ce sera une opportunité de le vivre en amont et cela nous donnera des éléments d’analyse afin d’être le plus en alerte possible sur l’état de nos athlètes. Si les deux circonstances sont différentes, il y aura de fortes similitudes.

HGu