Au lendemain de la finale du Mondial IHF féminin qui a vu la victoire des Pays-Bas d‘Emmanuel Mayonnade, Charlotte et Julie Bonaventura évoquent leur parcours au Japon. Elles reviennent aussi, avec pédagogie, sur leur décision en toute fin de match, qui a conduit à l’exclusion de l’Espagnole Ainhoa Hernandez et au jet de 7m victorieux de la Néerlandaise Lois Abbingh.
Comme il y a 4 ans au Danemark (elles avaient sifflé la finale Norvège – Pays-Bas), l’élimination prématurée de l’équipe de France a favorisé votre parcours sur ce Mondial. Quel bilan tirez-vous de Mondial organisé à Kumamoto ?
Nous avons été désignées sur 9 matches, c’est notre record sur un championnat du monde. La paire espagnole a aussi beaucoup sifflé. Parmi les binômes les plus expérimentés, les Slovènes n’ont pas pu poursuivre car l’un deux s’est blessé.
Nous faisons notre compétition de notre côté sans nous soucier des résultats de l’équipe de France. On s’efforce de faire des bonnes prestations sur tous les matches. On ne maîtrise pas le parcours des Bleues et quand elles vont loin, même si cela s’arrête pour nous, c’est tant mieux pour la fédération et les amoureux de handball. Nous sommes aussi supportrices de l’équipe de France et nous n’enfonçons pas d’aiguilles dans des poupées vaudou (sourire).
En quoi participer à un championnat du monde sur une ville unique était différent ?
Habituellement nous sommes répartis sur quatre groupes et sites différents. Cette fois-ci, les 17 binômes, les délégués et les officiels, étaient tous rassemblés. Lors des réunions de debriefing chaque matin, il y avait foule en effet. Cette vie de groupe était sympathique et c’était plutôt agréable d’effectuer la préparation physique tous ensemble. Nous avons également partagé notre expérience avec les jeunes paires qui disputaient leur premier Mondial. Un championnat du monde pré-olympique est aussi particulier car les enjeux sont encore plus importants pour les équipes.
Pouvez-vous expliquer votre coup de sifflet à 59’53’’ de la finale qui a entraîné un carton rouge et un jet de 7m ?
Notre rôle est d’appliquer le règlement (1*). Au moment de la prise de décision, nous avons zéro doute. J’étais positionnée juste à côté de l’action (Julie) et j’avais le meilleur point de vue. Au moment du contre, la balle n’avait pas entièrement franchi la surface de but. Cela s’est déroulé dans les 30 dernières secondes, donc cela a entraîné un carton rouge et un jet de 7m. Les arbitres de réserve, positionnés dans l’axe, ont aussi vu la même chose. Ils nous l’ont confirmé après le match. À ce moment de la partie, il faut avoir suffisamment de fraîcheur mentale pour analyser la situation et décider sereinement. Cela interpelle peut-être mais il n’y avait pas de recours à la vidéo sur ce Mondial. la décision était logique et n’a pas justifié de déclaration officielle de l’IHF. L’Espagnol Ramon Gallego, responsable des arbitres à l’IHF, l’a expliqué dans une interview dès dimanche soir.
Sur ce championnat du monde, avant la finale, il n’y avait eu aucune situation dans les 30 dernières secondes, cela prouve que la vie d’arbitre n’est pas un long fleure tranquille. Cela fait parler les gens et cela démontre, si c’était encore nécessaire, que l’arbitrage n’est pas simple. Il faut connaître les règles dans toute leur finesse. Regarder beIN le mercredi ne suffit pas pour devenir expert, que ce soit joueur, entraîneur ou arbitre.
HGu