Pour sa première expérience aux Jeux olympiques, Guillaume Gille a conduit son équipe au titre suprême. Il revient sur la finale face au Danemark. Il évoque aussi le travail accompli et se projette sur l’avenir.
Quel regard portes-tu sur la domination de l’équipe de France en finale face au Danemark ?
C’est énorme franchement, c’est aussi lié à ce combat, cette finale qui a été indécise jusqu’au bout même si on avait l’impression de plutôt dominer les débats. Quand on voit l’emballage final, nos deux exclusions, les retours des Danois, les derniers ballons qu’on n’arrive pas à mettre au fond… D’un coup il y a eu beaucoup de tension. Surtout, ce que je retiens, c’est la qualité de la performance du groupe, son abnégation, son engagement ultime pour faire de ce match une grande performance. Il faudra retrouver dans les annales pour voir quand les Danois ont été laissés à si peu de buts. Ça prouve la difficulté de ce match.
Champion olympique, c’est l’objectif que tu avais annoncé. Comment apprécies-tu ce succès et quel avenir envisager avec cette équipe ?
On est champions olympiques, c’est un truc incroyable. C’est un kiff de vivre avec ce nouveau staff cette compétition et de cette manière-là, avec l’adhésion du groupe, l’envie de l’équipe de se mettre le ventre par terre pour faire les efforts, pour incarner ce projet. C’est bien beau de parler d’objectifs, d’ambition ou de pointer une médaille d’or, il fallait que les garçons en aient envie. Il fallait que dans la situation dans laquelle on se trouvait y’a quelques mois, ils aient envie de changer les choses pour que des progrès apparaissent. Il n’y a pas de gloire à beaucoup travailler mais on s’est mis au diapason des joueurs pour que ça fonctionne. C’est une excellente réussite. C’est top et c’est un super carburant. Ce groupe a trouvé son chemin, son mode de fonctionnement. C’était à la fois le plus important et le plus difficile. Comme les autres générations, les autres équipes de France, il y a toujours eu ce besoin de fil conducteur, de trouver l’équilibre, l’alchimie entre les individus, le groupe, le projet, pour que ça fonctionne. Cette équipe, elle a trouvé ça.
Ce groupe, la génération qui émerge, les petits jeunes qui poussent, cette équipe a de l’avenir, du potentiel. Comme beaucoup des précédentes équipes, le niveau international requiert autre chose que du potentiel. Pour transformer l’essai, il faut parfois du temps. Oui il y a la qualité, oui il y a des motifs très positifs pour l’avenir, des raisons de continuer de penser qu’on sera présents dans beaucoup de compétitions. Mais il y a aussi beaucoup de travail.
On t’a vu dès le coup de sifflet final passer beaucoup de temps dans les bras de Luc Abalo et de Michaël Guigou…
C’était pour rendre hommage à ces deux anciens, ces deux cadres de l’équipe de France que sont Mika et Luc qui, dans cette aventure, ont été exemplaires, ont été les dignes héritiers des équipes de France, génération après génération, avec l’envie d’accompagner, de transmettre et en même temps de rester compétitifs. Ces deux mecs-là ont fait beaucoup d’efforts pour rester dans cette condition-là car il n’y avait rien d’écrit pour eux, rien n’était établi à l’avance quand on voit la qualité du groupe il y a quelques mois. C’est à mettre à leur crédit. Quand on a des frères d’armes qui tirent leur révérence, c’est normal de prendre un peu de temps pour les remercier.
Le protocole ne nous a pas permis de nous retrouver longuement avant de monter sur le podium. On était beaucoup dans le partage, le contact physique, charnel, partager ses émotions à l’intérieur du staff, les joueurs entre eux, les joueurs avec nous. C’est tout un groupe qui a gagné et validé cette aventure un peu folle de remporter à nouveau les Jeux. Il faut savoir célébrer, savourer à la hauteur de ce qu’est cet événement.
Propos recueillis par Hubert Guériau